Une hache indienne ou un super dunk made in NBA, le Tomahawk n'inspire rien de très calme, quand on sait que derrière ce nom se cachent Mike Patton, Duane Denison, John Stanier et Kevin Rutmanis, on se dit que ça doit faire mal. Et on n'a presque pas tort... parce que Tomahawk frappe juste et là où ça fait mal, au coeur. C'est par la musicalité que cet énième projet de Mike "je joue dans 15 groupes" Patton, génie métallique à ses heures va nous toucher plus que par les riffs, rythmes et autres cris déployés dans Faith No More ou Fantomas. Pour cela il a fait appel à des potes, déjà cités, et non des moindres, si les noms des zicos ne te dit rien, celui de leur groupe devrait te parler (si ce c'est pas le cas, rue toi sur leurs albums !). Ainsi Duane Denison est guitariste chez Jesus Lizard, Jon Stanier était le batteur des regrettés Helmet et Kevin Rutmanis est également le bassiste des Melvins... Mike et Duane ont décidé de fonder ce super-groupe au début de l'année 2000... Ils commencent à bosser chacun de leurs côtés s'échangeant des cassettes par courrier. Duane appelle Jon, Mike appelle Kevin et on a 4 gaillards prêts à en découdre. C'est en mai/juin 2001 que Joe Funderburk enregistre l'album qui sort fin octobre sur toute la planète. Comme à chaque fois, c'est un évènement, le seul nom de Mike Patton faisait frémir à la fois toute l'industrie du rock et les cohortes de ses fans. Déterrons la hache de guerre...
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Mike Patton plus dérangé que jamais...
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Le projet le plus mainstream de l'inclassable et inconoclaste Mr.Patton....
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Rock > Tomahawk
Biographie > Patton déterre la hache de guerre
Tomahawk / Chronique LP > Oddfellows
Ils sont de retour : quelques mois après la boxset vinyl collector Eponymous to anonymous, mais surtout cinq années après leur dernier méfait studio, les membres de Tomahawk reviennent aux affaires avec toujours ce line-up à faire pâlir le plus blasé des critiques rock. Pour mémoire : Mike Patton (Faith No More, Fantômas, Mr Bungle, Peeping Tom + 75 autres projets divers et variés), Duane Denison (ex-The Jesus Lizard), John Stanier (ex-Helmet, Battles) et surtout le nouveau : Trevor Dunn (il n'avait pas participé à l'enregistrement d'Anonymous sorti en 2007) qui remplace Kevin Rutmanis démissionnaire. Un quatrième larron, collaborateur de très longue date de Patton qui fera difficilement regretter l'ex-Melvins avec son CV en béton armé (Fantômas, Mr Bungle, Secret Chiefs 3, MadLove et Melvins lui aussi depuis peu). On vend du rêve là.
En clair, si Rutmanis est bon, Tomahawk n'a certainement pas perdu au change et son nouveau-né toujours sorti chez Ipecac (le label co-géré par Mike Patton himself, on reste en famille), en est la démonstration incontestable. Pas de round d'observation, on piétine les cendres du calumet de la paix et on déterre la hache de guerre avec un premier titre éponyme, littéralement habité par une tension sous-jacente vénéneuse. Une mise en bouche presque noisy, insidieuse, millimétrée qui plonge d'entrée de jeu l'auditeur dans cet Oddfellows au riffing lizardien, lignes de basse acérées comme des lames de rasoir et à la précision rythmique évidemment implacable. On passe à la suite et le groupe envoie un single évident avec le tubesque "Stone letter". Patton expédie ses vocalises avec tout le charisme qu'on lui connaît. Ses compères, eux, ne sont pas en reste pour faire parler leur groove à l'efficacité indie-rock alternative mis en exergue par une production très sobre (confiée à Collin Dupuis - The Black Keys). Mais pas que, car Tomahawk claque rapidement des hits instantanés avec un "I.O.U." aussi court que ténébreux avant de laisser la place à la tornade "White hats/Black hats".
Si d'aucun critiqueront l'apparent manque d'homogénéité ou l'absence relative de ligne directrice de l'album, on objectera que c'est avec des titres de ce calibre que le groupe impose sa griffe électrique comme personne. Et pour confirmer cet état de fait, il calme radicalement le jeu quelques instants plus tard avec le minimaliste "A thousand eyes" puis insuffle sa frénésie rock et ses accès de folie à la pattonerie parfaitement assumée sur le jazzy "Rise up dirty waters". Idem sur "The quiet few". Hanté par une certaine idée du rock caniculaire, alternatif, chamanique et polymorphe ("I can almost see them"), le carré d'as américain fait ce qu'il veut avec sa maestria habituelle. Qu'il s'agisse de dévorer goulument la platine avec un "South paw" gentiment fracassant ou de laisser filer les choses tout en nonchalance feinte ("Choke neck"). Quoiqu'il fasse, Tomahawk le réussit avec une facilité toujours déconcertante même si évidemment peu surprenante. Un "Baby let's play ____" charnel et enfiévré avant un "Typhoon" final aussi véloce que tendu comme une arbalète, Tomahawk boucle la boucle avec classe et rappelle qu'avec eux, les bonnes vieilles habitudes ne changent jamais.
Tomahawk / Chronique LP > Mit gas
Chez Tomahawk, vu le line-up de feu, fatalement, il ne faut pas attendre bien longtemps pour que ça moissonne sévèrement dans les enceintes. Sur ce Mit gas, une petite minute tout au plus avant que la machine ne se mette sérieusement en branle et que l'association géniale Mike Patton + Duane Denison (The Jesus Lizard), Kevin Rutmanis (Melvins) + John Stanier (Helmet, Battles), pilotée par Joe Barresi (Bad Religion, Kyuss, QOTSA) ne commence à faire des ravages sur un "Bird song" tout en incandescence cinglante et maestria formelle ébouriffante. Un premier titre pour débrider le moteur et voici que les américains déterrent la hache de guerre avec un "Rape this day" frondeur aux accents rock/metal/punk détonants. La machine est en marche et ne s'arrêtera désormais plus : "You can't win", joue avec son groove laissant la part belle aux Pattoneries de tonton Mike, "Mayday" jongle avec les effets en même temps qu'il imprime une dynamique complètement démente à un ensemble maîtrisé comme jamais. La classe quoi.
Quatre titres exécutés et Tomawhak peut déjà fumer le calumet de la paix tranquille, personne ne viendra lui chatouiller le Tipi. Mike Patton n'a pas besoin d'en faire des caisses (claires), ses acolytes et co-conspirateurs envoient du bois et lui n'a plus qu'à poser ses inflexions de voix sur ce maëlstrom rock'n'roll à la fois barré et cohérent, furibard et virtuose ("Rotgut", "Captain Midnight"). Trop facile ou presque pour eux, Mit gas n'est pas un album où le quartet s'est embarrassé avec le superflu, préférant plutôt les titres concis à la puissance d'impact imparable, plutôt que les interminables plages egotiques et complexes où ils auraient pu caresser dans le sens du poil l'intelligentsia critique rock. Rien à foutre, Tomahawk aiguise son appétit en dévorant les grands espaces avec un "When the stars begin to fall" au psychédélisme narcotique ou l'habité "Harelip". Autant de morceaux fiévreux et électrique, générateurs de dopamine avant que le groupe nous plonge dans un état de transe avec un "Harlem clowns" complètement enfumé... et de boucler la boucle psychée avec la phénoménal et explosif "Aktion 13F14", point d'orgue d'un album en tous points remarquables. Trop facile qu'on disait...
Tomahawk / Chronique LP > Anonymous
C'est à raison de deux à trois sorties par an le concernant lui-même et/ou ses innombrables projets divers et variés que Michael Allen Patton a.k.a Mike Patton continue d'abreuver bon gré mal gré les bacs de nos disquaires les plus indépendants (si si, ça existe encore...). L'an dernier, l'inusable insomniaque que doit être le boss d'Ipecac avait mis fin à l'arlésienne Peeping Tom en sortant enfin le premier album de son projet déjà presque culte, puis participé aux avant-gardistes efforts de son compère saxophoniste John Zorn (Moonchild, Astronome etc...). Cette année, l'iconoclaste touche-à-tout enchaîne sorties et collaborations sur le même rythme avec une nouvelle participation au projet réunissant le trio Zorn, Trevor Dunn et Joey Baron (Six litanies for Heliogabalus) puis débarque au début de l'été avec la nouvelle livraison de l'un de ses projets fétiches : Tomahawk et son dernier-né, Anonymous. Déjà, l'artwork, tribal et inquiétant en puisant dans le patrimoine historique améridien, intrigue le connaisseur curieux de savoir ce que Patton et sa bande lui ont encore réservé. 3 minutes et 25 secondes plus tard, il a la réponse : un trip hypnotique et halluciné sous psychotrope préparé par les régionaux de l'étape, en pleine réserve indienne. Le premier titre s'intitule "War song" et là où l'on s'attendait à une véritable déflagration, c'est plutôt l'écho de la fin de la bataille qui se fait entendre sur ce morceau introductif. Après un sanglant affrontement, les vautours planent de longues minutes au-dessus du charnier, admirant avidement le festin qui leur est promis ; et alors que la pluie commence à tomber sur le chant d'honneur, les fantômes des guerriers morts au combat disparaissent lentement dans les ténèbres.
"Mescal rite 1" célèbre le chant de la victoire en passant du côté des vainqueurs. Rythmiques tribales, ambiances soignées bercées par des instruments traditionnels et un Mike Patton qui pèse de toute sa présence sur un titre qui trouvera son prolongement naturel sur la piste suivante. Un "Ghost dance" crépusculaire où l'ex-frontman de Faith No More et Mr. Bungle joue à merveille son rôle de chaman musical aux vélléités expérimentales inextinguibles, en témoigne les nombreuses bizarreries éléctro-acoustiques qui ponctuent cette danse fantômatique et entêtante. Bien aidé dans sa tâche par un John Stanier échappé un temps de Battles, un Kevin Rutmanis plus ou moins viré des ((The) Melvins) et surtout par l'omniprésent Duane Denison (The Jesus Lizard), Patton, homme-orchestre génial, en fait des tonnes comme à son habitude et, c'est complètement habité par son art qu'il donne une profondeur étonnante à un "Cradle song" phénoménal de maîtrise technique et artistique. A la différence de titres mineurs comme "Antelope ceremony" ou "Sun dance" (à l'inspiration tzigane mais relativement quelconque). Quelques morceaux certes un peu oubliables certes, Anonymous n'en recèle pas moins quelques compos de très honnête facture sinon plus, fidèles à ce que le génie foisonnant de son géniteur peut produire à son habitude. Rythmiques fébriles, structure vacillante, joyeux boxon musical bien foutraque, l'oeuvre toute entière de Mike Patton trouve son éxégèse dans des morceaux comme "Songs of victory" ou "Omaha dance" (évoquant au passage les compos du premier effort de Peeping Tom). Et parce qu'il fallait un "single" à cet album, l'écléctique collaborateur de Dan the Automator (notamment sur le projet Lovage), Björk ou John Zorn, balance dans les enceintes un "Totem", lourd et très rock dans l'esprit mais avec ce feeling inclassable qui caractérise l'oeuvre du frontman de Fantômas, lequel éructe avec passion son chant guerrier à l'attention de ses soldats de l'ombre. Charismatique, capable de tout à quelque moment que ce soit, l'Anonymous de Tomahawk et à l'image de son maître, inclassable et imprévisible. On n'en attendait pas moins...
Tomahawk / Chronique LP > Tomahawk
"Flashback", oui flash back // retour en arrière pour la plupart des zicos du combo, retour sur leurs premières amours, leurs influences, leur histoire. Tomahawk (l'album) mixe le génie de ses membres (Tomahawk, le groupe) pour offrir un truc difficilement classifiable (ou alors avec Anyone...), on dira psyché rock... Tous les instruments ont beaucoup d'importance, je suis plutôt sensible à l'énorme basse omni-présente mais tout est là, la voix est utilisée pour porter la mélodie, la batterie pour battre la mesure et contrôler la folie de la guitare et de ses effets qui se perdent dans le lointain avec les samples pattoniens... On profite de titres calmes comme "101 north" où la rythmique nous impose une promenade dans les délires du groupe qui nous amène au bord de l'essouflement et de la perte de connaissance sur "Point & click".
On s'enferme dans des morceaux ultra prenants et hallucinés comme le "God hates a coward" ou l'incroyable "Sweet smell of success" et son refrain magique. On ( s' ) éclate sur des titres plus destructurés et plus violents comme "Pop1" ou "Sir, yes sir". Tout cela est assez psychédélique, avec un arrière goût de rock des 70' qu'on retrouve plus présent sur quelques passages de "Jockstrap", où de temps en temps Mike Patton nous libère de sa voix d'archange cold wave pour nous abandonner à un bruissement de chant échantilloné, sur le morceau suivant, "Cul de sac", on a même le droit à un peu de country ! Mise à part "Laredo", la fin de l'opus est plus calme, travaille encore davantage les ambiances, les atmosphères intriguantes, à la limite de la bande-son d'un film à petits frissons...
Mais Tomahawk ne fait pas peur, il est dérangé et dérangeant mais séduisant.