tom mcrae : king of cards Et Voilà Sir McRae pour une 4ème contribution après un 3ème opus magnifique (All maps welcome) mais encore loin des deux premiers. Qu'en est-il du style du songwriter ? A-t-il conservé sa logique d'évolution ou est-il revenu à quelque chose de plus simple et de plus intimiste ?
Dès les premières mesures de King of cards, nous avons notre réponse. Cet album est dans la lignée du précédent : beaucoup d'arrangements, des chansons plus difficile à pénétrer mais une voix toujours aussi émouvante, sensuelle, attirante... et des textes au demeurant magiques. "Set the story" ou encore "Bright lights", les deux premiers titres du CD amènent tout de suite un peu de nouveauté à cet album en donnant à Tom McRae la possibilité de faire des chansons plus pêchues ! Finis ici les "Bloodless" et autre "Still lost" des précédents opus. Plus de chansons nous touchant directement. Cependant, ne gâchons pas notre joie de retrouver des textes toujours très bien ficelés (même si l'Anglais pousse à devenir un peu compliqué, le syndrome Radiohead n'est pas loin !) et des arrangements toujours très bien trouvés. "Keep your picture clear" nous montre, avec son beat original, (des claquements de doigts comme simple sample de batterie !) beaucoup d'instruments mais à très faible volume afin d'amener une ambiance aseptisée, qu'on peut encore innover aujourd'hui dans le domaine de la pop song : on pense un peu à de vieux enregistrements jazzy des 60's en plus calme bien entendu (j'avoue avoir penser à l'intro de "Stand by me" en entendant ce rythme). Alors oui, oser dire que les titres calmes n'étaient pas de la partie était me fourvoyer légèrement car un Tom McRae sans titres doux, c'est comme un Radiohead sans génie, ou encore un Oasis sans appareil photo explosé : Ca n'existe pas ! Des titres comme "Got a suitcase, got regrets" (magnifique au passage : But all I Know is I'm not ready yet, for the light to dim, got suitcase, got regrets) et "Lord how long" montrent que notre chanteur en a encore sous le coude pour nous sortir des titres larmoyants...
Mais là où l'Anglais nous surprend, ce sont dans des pistes beaucoup plus enlevées comme "Sound of the city" ou l'on découvre qu'il sait utiliser des guitares avec de la distorsion !!! On en avait plus entendu depuis "Sao Paulo rain" (et encore à contre emploi). Des titres de ce genre qui nous mettent la pêche (c'est rare pour du Tom McRae quand même !!). Ce petit bout d'homme aurait il connu le bonheur ? Pas si sûr en relevant les paroles mi figue mi raisin (Still you don't come, you won't come but the city she's not done she's calling, she's calling your name). Notre ami a toujours, au final, cette tendance à l'écriture de textes tristounets nous permettant une catharsis des plus intense (And if you believe that what's done is done, how history repeats from father to son, and on and on). Là ou l'album montre ses limites, c'est que les chansons se trouvant entre les deux feux (d'un côté l'esprit triste du british, de l'autre la frénésie des titres plus enlevés) ne resteront pas dans nos mémoires. Alors certes elles sont agréables à entendre ("The ballad of Amelia Earhart") proposant toujours son lot de joli texte (And I'll be waiting with my eyes on the clouds, and I'll be waiting for you to come down. Why don't you come down ?) mais loin de rivaliser avec les 5-6 titres tirant réellement leur épingle du jeu.
Au final, Tom McRae nous livre un album dans la continuité du précédent opus mais loin d'en réitérer l'exploit : réussir à nous faire oublier par moment le fabuleux Tom McRae et le magique Just like blood. Pour autant, certaines chansons à elles seules valent l'achat de cet album et l'ensemble reste assez cohérent pour y voir un opus agréable. Ne reste plus qu'à savoir le rendu scénique de ce King of cards...