Allo Tom, toujours dans le jazz ? On n'avait plus de nouvelles de lui en solo après 5 albums sortis entre 2008 et 2015 (projet parallèle mené de front autour de la fin du combo noise-rock angoumoisin Café Flesh), et malgré sa récente implication dans Carver (noise-rock, Nantes), le voilà qui remet le couvert cette année. Il faut dire qu'il a plus d'une clé à son sax. Si tu ne sais pas comment sonne un saxophone ténor, pense au thème de La Panthère Rose d'Henry Mancini, et si tu te demandes ce que cela peut donner dans un format "rock", jette donc une oreille attentive à Horreur sympathique.
Attentive car il y a de quoi être dérouté au début, on est loin du classique couplet/refrain/couplet. Et "rock" est bien à mettre entre guillemets car on navigue dans des eaux troubles entre poésie sonore empreinte d'absurde et free jazz rock, pour caricaturer à gros traits. La recette n'est pas si facile (mon titre préféré avec "Ce soir c'est samedi") mais le doux dingue Tom Bodlin, unique chef d'orchestre ici, gère de main de maître absolument tout de A à Z. Des instruments (sax, batterie, guitare, clavier) au chant, de l'enregistrement maison à l'artwork délirant (sous absinthe ?), même s'il s'est néanmoins inspiré des Fleurs du Mal pour mettre en musique trois textes de Charles Baudelaire, "Les métamorphoses du vampire", "Le serpent qui danse" et l'éponyme "Horreur sympathique", quand c'est Arthur Rimbaud qui avait été mis à l'honneur dans Comme je descendais des fleuves impassibles (2014). Comme les précédents, cet album se révèle une parenthèse burlesque et dépaysante mais fort plaisante, au milieu de l'écoute de disques tous plus saturés de guitares les uns que les autres. Bien plus sympathique qu'horrifique, donc.
Publié dans le Mag #63