Poitiers a dans les années 90-2000 occupé une place non négligeable dans la cartographie rock indé française, fournissant en plus de la très respectable Fanzinothèque et du Confort Moderne, moult groupes intéressants, bénéficiant de plus ou moins de renommée (on peut citer Seven Hate, Microfilm, Un Dolor, Loisirs, Myra Lee, Epileptic, Crash Taste, Die Pretty...) et donnant l'idée que cela fourmillait bien en terme de contre-culture. Si, de loin, cela semble être moins le cas actuellement, Tituba ne l'entend pas de cette oreille et s'inscrit complètement dans cette lignée. Une ligne qui passe notamment par les labels Touch & Go et Dischord Records, bref du rock exigeant, qu'il soit plus noisy (beaucoup), post-hardcore (beaucoup), math-rock (un peu) et souvent tout cela en même temps. Pour ce premier véritable EP, faisant suite à une démo 3 titres (2020), Tituba a pris le temps de maturer ses compos, muscler son jeu, d'épaissir son son (rien à redire sur la prod' qui colle parfaitement) et a eu la bonne idée de reprendre son tubesque morceau d'ouverture, "Run", avec sa guitare épileptique et sa rythmique qui ne l'est pas moins, qui ne peut que mettre dans de bonnes dispositions d'écoute pour la suite. La suite c'est un paysage musical qu'on apprécie et dont on ne se lasse pas d'étudier les moindres recoins, notamment "Love and hate" ou "No way home", qui me fait penser aux regrettés Do You Compute, sans le final bruitiste et déstructuré.
Publié dans le Mag #63