Title Fight - Floral Green S'il ne devait y avoir qu'un seul album à piocher dans ma collection qui pourrait mettre d'accord à 100% le duo Hugui(gui) les bons tuyaux, je pense que je citerais sans hésitation Floral green de Title Fight. Je ne sais pas s'ils ont eu vent de ce disque sorti en 2012, mais quand je suis tombé dessus un peu par hasard quelques années après, j'ai pris "une claque", comme on dit dans le jargon. Et le plus étonnant, c'est la rapidité avec laquelle il m'a séduit, moi qui habituellement observe la scène "punk rock" avec une grande prudence tant ce qu'elle propose me déçoit depuis belle lurette. À tel point que depuis la sortie de ce Floral green, rares sont les œuvres ayant éveillées chez moi un regain d'intérêt pour cette scène aux multiples sous-genres qui a eu, selon moi, son heure de gloire dans les années 90. Et c'est justement la combinaison parfaite de ces sous-genres, de cette influence très 90's, et cette belle production signée Will Yip (La Dispute, Circa Survive, Turnstile, Quicksand) qui a fait, je pense, son succès. Rien n'est étonnant au fond, tout est lié. Et encore aujourd'hui, après l'avoir redécouvert à l'occasion de cette chronique des disques oubliés, je comprends mieux pourquoi cet album est si spécial pour moi.

Mais venons-en aux faits, et à la présentation du sujet. Title Fight, c'est un groupe de Pennsylvanie formé au collège en 2003 et qui, tout en se formant sur les planches, a enchaîné des démos, des EPs et un split avec The Erection Kids avant de se lancer dans le grand bain des LPs en 2011 avec la sortie de Shed, suivi un an plus tard de ce fameux Floral green. L'engouement autour de ce dernier leur permettra de rejoindre le label Anti- qui dévoilera en 2015 leur 3ème et dernier album, Hyperview. Quelques années avant, la formation a enregistré un split avec Touché Amoré et a publié un EP chez Revelation Records. Depuis 2018, Title Fight est à l'arrêt, tout juste sait-on que Ned (basse/chant) reste actif musicalement avec son groupe Glitterer monté en 2017 et que Ben a pris la place de batteur dans Citizen l'année dernière. À l'occasion des 10 ans de Floral green, Ned a confirmé en interview qu'il s'agissait de l'album le plus abouti du groupe et qu'il était alors à son apogée. Boosté par l'expérience acquise avec Shed, produit par Walter Schreifels (Youth Of Today, Gorilla Biscuits, Quicksand, Rival Schools et plus récemment Dead Heavens), Title Fight trouve ses premières idées sur la route. Une période de changement total qui commence par une évolution des goûts musicaux des membres (dont ce penchant encore plus poussée par la mélodie pop, et la volonté de baisser le tempo), un renouvellement de son matériel et, surtout, une envie décuplée de vouloir écrire de meilleures chansons.

Cette motivation et ce nouveau paradigme est la base même de l'existence de Floral green et, quelque part, de sa réussite. En ouvrant la porte de son punk/post hardcore mélodique (très influencé par certaines formations de Walter Schreifels, Jawbox ou encore Knapsack), à des moments plus pop de toute beauté (citons "Head in the ceiling fan" et "Lefty"), Title Fight se rapproche sur certains points de Touché Amoré, des Anglais de Basement ou de leurs compatriotes de Balance And Composure. L'écriture de cet album célèbre et amalgame admirablement bien le punk-rock, la pop, l'emo et le hardcore à travers des structures affinées (plan intro/couplet/refrain/pont classique et efficace) et des mélodies élégantes et catchy. Un songwriting qui n'a pas besoin d'être sophistiqué pour fonctionner, comme le témoigne l'un des meilleurs morceaux de l'album, "Secret society", qui combine la virilité du riffing tranchant dans ses couplets avec une évolution mélodique présente dans le solo de guitare qui vient terminer tranquillement le morceau. La fraicheur, la force de ce disque et l'émotion qu'il suscite reste intacte encore aujourd'hui. Ce n'est pas si étonnant que ça de constater que tous les producteurs de punk-rock en vogue de l'époque souhaitant bosser sur ce lumineux, énergique et indispensable Floral green.