Un side-project de Radiohead qui n'en est pas vraiment un... Hum... peut-être, peut-être pas. Difficile à dire. Thom Yorke, tout seul ou presque profite d'une petite pause dans les activités de la formation culte d'Oxford pour faire se faire plaisir avec un projet quasi solo auquel il n'a même pas voulu clairement donner de nom. Pas plus qu'il n'accepte que l'on dise qu'il s'agit d'un projet solo. La preuve, sur l'artwork de son premier essai discographique (presque) solo, on trouve : The eraser - Thom Yorke. Alors quoi ? Pas un véritable side-project et pour cause, Johnny Greenwood est venu prêter main-forte à Thom, Nigel Godrich (collaborateur de longue date de Radiohead) s'est chargé de la production et Stanley Donwood de l'artwork, encore moins un véritable nouvel album du quintet anglais, ce projet est à situer entre les deux. Et le premier fruit tombé de cet étrange arbre hybride est The eraser, un disque annoncé comme étant dans une veine assez éléctronique (se rapprochant en cela de Kid A), mais également pop, intimise et feutré. Un effort très attendu et qui attérit dans les bacs le 11 juillet 2006 via XL Recordings.
Infos sur Thom Yorke
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Et ça tu connais ?
Rubrique :
Radiohead
Un des groupes majeurs des années 90 et 2000...
Liens pour Thom Yorke
- XL Recordings: Site du label (246 hits)
Thom Yorke discographie sélective
ep :
Spitting feathers
...
lp :
The eraser
...
Thom Yorke dans le magazine
Numéro :
Mag #62
Impossible de passer à côté d'Ultra Vomit cet automne, ils sont donc en haut de l'affiche de notre Mag #62 ! Ils sont accompagnés par une dizaine d'autres groupes interviewés ! Tu peux donc découvrir les réponses à nos questions de la part de Lizzard, Les Idiots, Lofofora, Tsar, Sex Shop Mushrooms, Terestesa, Irnini Mons, Aborted, Pénitence Onirique, Halo Maud, Seeds Of Mary, Beaten to Death et Soviet Suprem ! On sort aussi de l'ombre l'illustrateur Zu Yande et on t'emmène au Muscadeath comme au Quai Métal pour poursuivre la saison des festivals et continuer de se croire en été ! D'autres live report sont au programme comme des tonnes de chroniques.
Liens Internet
- La Grosse Radio : le site de La Webradio Rock
- MusikMania : tabs, paroles, traductions...
- label-athome.com : site du label
Rock > Thom Yorke
Biographie > Thom Yorke
Thom Yorke / Chronique B.O. > Confidenza
Au début des années 90, Thom Yorke commence sa carrière musicale en tant que chanteur de Radiohead. D'abord estampillée rock, la formation d'Abington explore les terrains de l'électro/rock au fil du temps. Le groupe a enregistré neuf albums studios, le dernier en date remontant à 2016 (A moon shaped pool). Parallèlement, Thom Yorke a pris des chemins de traverse. Entre 2006 et 2019, il se lance dans une carrière solo. Vient alors la nécessité de s'entourer de musiciens de tournée : il fonde alors un supergroupe, Atoms For Peace, avec Flea (Red Hot Chili Peppers), Nigel Godrich (Radiohead) et Joey Waronker. Plus récemment, il s'est lancé dans deux projets. D'un côté, il est membre fondateur du groupe The Smile avec Jonny Greenwood (Radiohead) et Tom Skinner (Sons of Kemet), de l'autre, il réalise des bandes originales pour le cinéma. En 2018, il compose la musique pour le film d'horreur Suspuria (Luca Guadagnino). Cette année, il crée la musique du drame italien Confidenza (Daniele Luchetti).
Pour cet album, Thom Yorke s'est entouré d'une petite flopée de musiciens de jazz apportant tour à tour du saxophone, de la clarinette, du violon, de la flute, de la trompette, des basses ou des percussions. L'album commence avec son morceau le plus long : "The big city" (7:49). La composition tient presque du classique, seules quelques notes électro se jouent en boucle. L'air est calme et aérien. À la moitié du titre, des bourdonnements font surface un instant. À presque deux minutes de son terme, "The big city" prend une allure plus inquiétante. Des basses semblent marquer un pas dans l'ombre. "Knife edge" est un morceau magnifique où Thom Yorke pose un chant doux et angélique. Accompagné d'un synthé, il fait régner dans cette composition une forme de nostalgie : le miroir d'un souvenir heureux. Un truc à écouter en boucle... Assez court, "Letting down gently" est un jazz qui met en évidence le travail des cuivres. Avec une durée similaire, c'est au tour des clarinettes de s'exprimer sur "Secret clarinet". "In the tree" pourrait être une musique traditionnelle des moines tibétains. Ce n'est pas la seule à nous souffler le vent du voyage : le début de "Prize giving" peut transporter qui veut jusqu'en Égypte.
Sur "Four ways in time", le chant de Thom Yorke revient accompagné de violons. L'intention est bien moins lumineuse que sur "Knife edge". Les violons poursuivent leur aventure sur "Confidenza". Cette fois, nous avons plongé dans un drame intense. L'état d'esprit est proche de la B.O que le chanteur de Radiohead avait composé pour Suspuria. "Nosebleed nuptial" nous sort une minute de la noirceur en faisant revivre les cuivres. Finalement, ce morceau est une hydre. Il possède deux autres parties distinctes : l'une est faite de violons grinçants, l'autre est une basse seule et profonde. "Bunch of flowers" marque une dernière rupture en proposant un jazz lent. C'est ici que la flûte semble être la structure du morceau. "A silent scream" passe très vite (00,38'). La fin se présente avec "On the ledge". Tout le monde s'en mêle sous des airs de free jazz, c'est le morceau le plus chaotique de cet album. Confidenza est une BO qui prend des apparences diversifiées et cela en fait toute sa richesse. L'approche jazz est originale et la musique de Thom Yorke toujours aussi intense.
Publié dans le Mag #62
Thom Yorke / Chronique EP > Spitting feathers
Avec Radiohead, Thom Yorke, Johnny Greenwood et le reste de la bande d'Oxford avaient déjà l'habitude de sortir différentes versions de leurs maxi et autres singles pour les marchés japonais et australiens. Des versions alternatives donc destinées à des publics réputés comme étant d'inlassables collectionneurs et souvent des "die-hard fans". A l'occasion de son projet semi-solo, Thom Yorke avait accouché avec The eraser d'un album riche, envoûtant, hypnotique et brillant, dont le seul défaut était sans doute alors d'être un peu court. Avec l'EP Spitting feathers destiné au marché nippon, le génial vocaliste de Radiohead corrige le tir et livre cinq B-sides en forme de complément idéal de l'album. Joli coup commercial ou EP avec une véritable raison d'être ? La question mérite d'être posée. Après une ou deux écoutes fascinées, on tenterait de pencher pour la seconde hypothèse. Car si les morceaux présents au tracklisting de The eraser sont autant de pépites de grande classe, elles ont toutes la particularité d'être relativement accessibles. Avec Spitting feathers, on change un peu de registre et on découvre (enfin) les vélléités expérimentales de Thom pour son projet presque solo. Un peu comme sur le dernier EP en date de Radiohead, [Com lag NDLR].
On est ici en territoire éléctro-pop plus aventureux, bruitiste et nihiliste que sur l'album. Un objet plus réservé aux vrais inconditionnels de son travail qu'aux habitués des singles radiophoniques encensés par toute une presse (trop) bien pensante. "The Drunkk machine" qui a la charge d'ouvrir cet EP nous plonge d'entrée dans des circonvolutions pop hors-norme, baignant dans une éléctro glaciale et épileptique. Fascinant mais pas forcément à la portée de l'auditeur lambda. Thom Yorke passe la seconde (piste) et nous offre avec un "A rat's net" un morceau tout aussi étrange et unique que le précédent. Volutes de fumée, vocalises lunaires et embrumées, arrangements déroutants, on est en plein trip psycho-hypnotique et l'anglais s'amuse à nous égarer dans les multiples virages des chemins sineux emprunté par sa musique. A l'occasion de "Jetstream", sorte de maëlstrom éléctro torturé, on passe à l'étape suivante. Ici, on est dans un autre monde, un territoire inconnu, fantasmagorique et ambiancé, où Thom Yorke règne en maître sur un univers musical navigant à vue entre mélancolie mesurée et détresse psychotique. Expérimental. On passera sur la version rallongée du magnifique "Harrowdown hill", single absolu et proposé ici dans une version... donc plus longue que sur l'album (sic) pour mieux s'attarder sur "Iluvya". Sorte de comptine expérimentalo-bruitiste, clinique et malade, ce dernier morceau est à l'image de son compositeur. Etrange mais fascinant, déroutant, insaisissable et personnel, comme si Thom Yorke était un artiste en avance sur son époque. On en reparlera dans quelques années...
Thom Yorke / Chronique LP > The eraser
Neuf titres, neuf pistes composées et interprétées par un Thom Yorke qui a décidé de faire un pas de côté par rapport à l'entité Radiohead sans pour autant complètement revendiquer son indépendance. Au contraire. Comme si naviguer entre deux eaux, à la manière de certains des derniers travaux du groupe était pour lui une manière de mieux s'affirmer. Un pari osé, mais tellement excitant pour un homme, vocaliste de génie, frontman charismatique qui n'a depuis bien longtemps plus grand chose à prouver et peut quasiment tout se permettre. Mais Thom Yorke n'est pas homme à se laisser griser par la facilité et malgré une discographique hors-norme, demeure un artiste inspiré, travailleur et cherchant à se renouveler avec un projet lui permettant de mettre en danger son confort artistique. Et, à l'instar de l'expérimental Bodysong, signé de son compère au sein de Radiohead, Johnny Greenwood, Thom s'est ici fait plaisir. Et dès les premières secondes, les accords de clavier de l'éponyme "The eraser", nous emmènent vers des sphères éléctro-pop instropectives et hypnotiques. Les arrangements sont particulièrement travaillés, fourmillent de détails et autres subtilités éléctroniques, la voix de Thom Yorke vient se poser dessus avec un sentiment d'harmonie absolue, nous transportant par là même dans un autre monde. Mélodies feutrées, inspirations cold-wave, la pop sophistiquée et mêlée d'éléctro doucereuse délivrée par le vocaliste de Radiohead trouve l'un de ses climax dès le second titre de l'album : l'excellentissime "Analyse". Quid d'un minimum d'objectivité ici ?
On pourra dire ce que l'on voudra, Thom accouche avec ce morceau d'une merveilleuse pépite, suave et poétique. Entre intensité mélodique et retenue discrète, on perçoit ci et là un artiste qui ne cherche pas à en imposer, mais plutôt en faire ce que bon lui semble... avec un talent fou. Un clavier évoquant tout naturellement le travail de Sebastien Tellier sur son Sessions, une éléctro chaleureuse mais d'une précision quasi chirurgicale, "The clock" ou "Black swan" révèle la véritable nature de ce qui fait l'essence de The eraser. Entre velleités expérimentales et approche mélodique tout en raffinement, Thom Yorke a composé un album qui apparaît comme le plus pur prolongement des orientations éléctroniques entrevues chez Radiohead. Regorgeant de petites trouvailles éléctro-pop mais également très accessible, The eraser est de ces albums qui parvienent à innover tout en rester incroyablement agréable à écouter. Rythmiques groovy (Black swan), ambiances cotonneuses sur l'obsessionnel "Skid divided", ou étrangeté pop pour le synthétique "Atoms for peace", The eraser ne donne jamais dans le redite (le clinique "And It rained all night"), son auteur semblant être parvenu à se réinventer à chaque nouvelle composition. Et trouve alors le second climax de son album : "Harrowdown hill". Single annoncé de ce premier essai discographique semi-solo, ce titre est un hit absolu.
Epuré et émotionnellement envoûtant, développant mille nuances sans jamais en perdre une seule en route, avec un Thom Yorke au sommet de son art, ce morceau apparaît comme la synthèse idéale de ce qu'est ce projet semi-solo du chanteur de Radiohead. Neuvième et dernier titre de cet album hors-norme, l'halluciné "Cymbal rush", vient boucler la boucle éléctro-pop de The eraser, et mettre une touche finale à une oeuvre remarquable de maîtrise, inspirée et personnelle que Thom a écrite et interprétée avec une élégance confondante. Chapeau-bàs.