This Will Destroy You - Tunnel blanket Avec son patronyme qui irait comme un gant à n'importe quelle grosse machine metalcore US, This Will Destroy You fait bien plus simplement marquer les esprits avec un nom accrocheur. Et pour cause, il le porte mieux que personne ne serait-ce que sur le morceau inaugural de son quatrième enregistrement studio, un "Little smoke" aux douze minutes et six secondes d'un déluge émotionnel à nul autre pareil. Le premier contact avec ce Tunnel blanket s'effectue donc par le biais d'un morceau-fleuve, post-rock certes mais au sens le plus pur, le plus "violent" également, du terme. Une muraille de décibels infranchissable qui, une fois passée l'intro ambient éthérée, se dresse devant l'auditeur, une déferlante post-rock/core littéralement destructrice qui vient s'écraser contre elle encore et encore pendant que les éléments se déchaînent tout autours. Déchirant. Et quand vient enfin le calme, la paix retrouvée, le sentiment d'apaisement ataraxique n'en est que plus absolu.

Il trouve son écho sur les titres suivants, qui après le chaos intérieur instillé par le "Little smoke" d'ouverture, s'aventure dans des contrées aux atmosphères bien moins ombrageuses et tourmentées, appelant à l'évasion sensorielle ("Glass realms") avant que "Communal blood" ne fasse replonger le mélomane dans un océan d'éréthisme contagieux. Des poussées de fièvre et de tourments qui rythment l'album au gré des variations de tonalités, elles-mêmes sujettes aux changements d'humeur d'un groupe qui passe ainsi de la saturation nerveuse à la contemplation vaporeuse en quelques instants ("Reprise"). Là où parfois les TWDY cèdent à la facilité, c'est justement dans ces longues nappes ambient/drone/shoegaze séraphiques dont ils abusent sur certains morceaux ("Killed the lord, left for the new world", "Osario") surtout quand elles ne s'accompagnent de rien d'autre, si ce n'est quelques petites bizarreries électroniques parsemant un ensemble assez insaisissable, parfois désincarné, laissant ainsi l'auditeur flirter avec les affres d'un ennui naissant. Une petite baisse de régime qui intervient à la moitié de l'album et que les Texans parviennent à corriger de la meilleure des manières. Avec le très beau "Black dunes" libérant des torrents de mélancolie douloureuse d'abord, puis "Powdered hand" ensuite, archétype de l'épilogue à l'élégance épurée dont les dernières lignes mélodiques s'enfuient lentement, inexorablement vers l'horizon. Cette fameuse lumière diaphane au bout du tunnel...

A écouter absolument : "Little smoke", "Communal blood" et "Black dunes".