L'histoire de Therapy? commence en 1989, deux jeunes irlandais se rencontrent à un concert, Andy Cairns (chant, guitare) et Fyfe Ewing (batterie) s'entendent bien et décident de monter un groupe, ils répètent dans la chambre de Fyfe quand il a terminé ses cours et qu'Andy n'est pas à l'usine. Après quelques mois, ils vont dans un studio de Belfast pour enregistrer leur première demo, (4 titres) Andy ne pouvant assurer les parties basse qu'en studio, ils demandent à un pote de Fyfe de les rejoindre, Michael McKeegan intègre donc le groupe et va livrer avec eux leur premier concert au "Belfast Art College". Le trio enregistre une nouvelle démo (4 titres) et enchaîne quelques concerts. Au début de l'année 90 ils sortent le single "The meat abstract" sur leur propre label Multifuckingnational Records. Ils en éditent 1.000 exemplaires qui se vendent très rapidement. Le buzz prend forme avec les concerts qu'ils donnent en compagnie de The Beyond, Fugazi, Teenage Fanclub et Tad. Ils signent chez Wiiija Records et retournent en studio pour enregistrer leur premier EP. Babyteeth (7titres) sort en juillet 1991, malgré un son assez faible, Therapy? entre de plein pied dans le paysage musical anglo-saxon, ils participent aux prestigieuses John Peel Radio Sessions et continuent d'ouvrir pour des groupes renommés comme Babes In Toyland par exemple. Le succés étant au rendez-vous, le groupe part à Londres pour bosser sur la suite de ses aventures, ce sera d'abord un nouvel EP : Pleasure Death (6 titres) qui sort en janvier 1992 avec le célèbre "Potatoe junkie" pour séduire les masses. Therapy? débarque sur le continent et s'incruste au Reading Festival ! Mais ils ne passent pas l'été à jouer et couchent sur bandes leur premier véritable album : Nurse sort en octobre avec "Teethgrinder" et "Nausea" qui font un carton et "Gone" qui montre que le groupe peut faire autre chose qu'un mix batard de punk, de métal et de rock (et dont la caisse claire résonne comme dans une piscine). Nurse leur ouvre les portes des Etats-Unis où ils donnent quelques concerts dont un avec les Screaming Trees. L'année suivante se passe entre sortie de CDs (Shortsharpshock EP, Opal Mantra, Face the strange EP) et tournées (avec Helmet et The Jesus Lizard !).

Therapy? : Troublegum 1994 est une année charnière pour Therapy?, c'est l'année de Troublegum, le groupe change de statut passant de "bon groupe indé" à "stars internationals", le monde entier découvre Therapy? avec cet album, moi aussi, sans anti-sèche, difficile à réécouter l'album quels titres étaient sortis en single, tous sont des bombes, Therapy? propose un rock différent, un rock agressif, rugueux, réel, sombre et aussi aguicheur qu'une poubelle de toxico. "Nowhere", "Die laughing" (i think i've gone insane, i can't remember my own name), "Screamager" (screw that, forget about that, i don't wanna know about anything like that i'got nothing to do...), les riffs sont simples, basiques, les rythmiques également, le chant a certes un peu de particularité mais rien n'indiquait que le groupe aurait un tel succés, on peut encore se demander pourquoi on aime tant ce groupe sans avoir de réponses... Pas d'explications mais peu importe puisque c'est bon ! Therapy? vient de réussir un coup de maître, ils retournent aux USA avec Henry Rollins, Tad et Swervedriver, et reviennent en Europe pour enregistrer l'album suivant avec Al Clay. Martin McCarrick (guitariste et violoncelliste) les aide à bosser les arrangements et ajoute des cordes "classiques" à quelques titres dont la reprise de Hüsker Dü "Diane". Infernal love sort en 1995 alors que la radio n'a pas terminé de diffuser les tubes de Troublegum. Le son est encore amélioré et le premier single "Stories" rassure, Therapy? ne s'est pas enflammé, ils font toujours ce qu'ils savent faire. L'album sera pourtant décrié par une partie des médias qui n'acceptent pas que le groupe fasse un Troublegum 2, il y a pourtant sur ce Infernal love de nombreux ajouts/changements (des choeurs, des cordes, des arrangements, un son très propre). Et encore une fois, la plupart des titres sont sublimes : les calmes et torturés "A moment of clarity" et "Bad mother", le rancunier "Jude the obscene", le nerveux "Loose", l'électrique "Epilepsy", les tubes efficaces de par leur beauté ou leur simplicité "Misery", "Stories" et "Diane". Infernal love est un bon album.

Mais après le rêve Troublegum, le réveil est dur, en janvier 1996, Fyfe Ewing ne supporte plus la pression et décide d'arrêter. Graham Hopkins est recruté pour le remplacer et Martin McCarrick devient le quatrième membre du groupe à part entière. La tournée les emmène outre Atlantique où ils se retrouvent sur scène avec Girls Against Boys puis Ozzy Osbourne. Ils enregistrent deux reprises pour des tribute albums (une des Misfits, une autre des Smiths) et revisitent les salles européennes. Après avoir pris un peu de repos et joué avec Idlewild et les Deftones, ils sortent en août 1998 Semi-detached mais leur label (A and M Records) les lache. "Church of noise" fera son petit bonhomme de chemin dans nos oreilles mais l'album ne reste pas dans les annales, les expérimentations sonores ("Tramline") et les petites folies noisy ("Stay happy") prennent le pas sur le rythme et les fredaines. La traversée du désert continue et si un label les prend sous son aile pour qu'en 1999 sorte Suicide pact-you first, ils ont de la "chance" car sur cet album s'affirme un rock indé plus formaté, moins coupant et osé, où les bons titres sont rares "He's not that kind of girl" qui lance l'album sur un bon rythme, dommage que tout ne soit pas du même tonneau et que l'ensemble sonne un peu brouillon ("Hate kill destroy") et hétérogène (quel point commun entre la balade "Six mile water" et la bravade punk "Other people's misery" ?), tout comme son morceau caché, Therapy? semble perdu, grisé, loin de chez lui.

Si pour le public le double best of So much for the ten year plan qui sort en 2000 rappelle combien Therapy? nous a apporté, cet album n'existe que pour terminer le contrat signé quelques années plus tôt avec Mercury... On y retrouve les tubes du groupe mais aussi quelques inédits ("Bad karma follows you around", "Fat camp"), des raretés ("Evil Elvis", "Summer of hate"...) et une somptueuse version de "Lunacy booth". Il faut dire que les irlandais ne sont pas avares de reprises, de version unplugged et de compositions non éditées sur album... En 2001, le combo part s'installer aux USA, à Seattle, pour travailler avec Jack Endino. Ils sont sur place pour enregistrer mais insatiable groupe de scène, ils en profitent pour jouer avec Mudhoney, The Melvins ou Nebula. Le nouvel opus s'appelle Shameless, il sort à la fin de l'année, moment choisi par Graham Hopkins pour quitter le groupe. Ce Shameless apparaît comme la suite logique du pacte suicidaire mais "en mieux", ici se détachent du lot "Dance" et "I am the money" titre trés haché possédant cependant un refrain très efficace. Les autres titres sont tous de très bonne facture (sauf peut-être "Tango Romeo") avec des attaques punks, des petits solos, des lignes de chant tantôt hargneuses tantôt charmeuses... Seuls sont peu à leur place les choeurs présents un peu partout ("This one's for you" par exemple), même si on s'y fait, ils sont vraiment pénibles sur "Alrite". Enfin, on trouvera toujours un peu de délires sur l'album avec des morceaux un plus expérimentaux comme le criard "Joey" ou le loufoque "Body bag girl". Therapy? semble avoir trouvé l'équilibre entre noisy déjanté et chansons efficaces... mais n'a plus de batteur et leur nouveau label les lache également. Keith Baxter (3 Colours Red) prend la place derrière les futs quelques temps, celui de recroiser la route de Neil Cooper (ex-The Beyond, Cable), l'année 2002 se termine donc mieux qu'elle n'a commencé, le groupe est à nouveau au complet et Spitfire les a signé (pour combien de temps ?)