Therapy ? - Cleave Therapy? Il serait temps que ce point d'interrogation rattaché au nom de ce groupe soit transformé en point d'exclamation tant les questionnements éventuels sur sa longévité, sa production musicale, son intégrité, voire même sur son utilité thérapeutique sur le bienfait de nos oreilles et le bouillonnement de nos consciences n'ont plus lieu d'être. Therapy? quoi ! 15 albums à raison d'une fournée tous les 3 ans, un line-up inchangé depuis plus de 15 ans, 30 ans d'existence et la même recette personnelle de rock metal. Aaah ça, on n'est pas face à une baraque où, derrière la façade, tout le monde est parti (en sucette) où le rock du début s'est transformé en pop à cash. Avec Therapy?, on s'en reprend une bonne dose à peu près tous les 3 ans, et la nouvelle posologie vient d'arriver, et elle s'appelle Cleave.

Produit par Chris Sheldon (Oceansize, Feeder) avec qui ils avaient déjà bossé sur 3 albums à leurs débuts (la révelation Troublegum, le pop rock décevant Semi detached, le retour aux sources de High anxiety), le trio nord irlandais repart pour ce quinzième LP signé cette fois, chez Marshall Records. Et on retrouve l'atmosphère sombre et hargneuse de leurs débuts (peut-être un peu moins d'agressivité, mais avec le compteur qui flirte autour de la cinquantaine pour les protagonistes, la fougue des débuts s'est un peu calmée). Il n'empêche, les années ont passé mais avec Cleave on retrouve la même recette réussie de Troublegum : un mélange de rock métal incisif et oppressant, qui sait combiner une structure rock classique et chant mélodique avec séquences plus complexes. D'une entrée en matière en mode "prends ça dans ta face" avec "Wreck it like Beckett", à un "Kakistocracy" au riff à la Helmet, ou un Crutch au made by Therapy? marqué au fer rouge, pas de ralentissement de tempo prévu. Seul "Save me from ordinary" pose un frein sur le métronome, sans non plus sonner comme le "Diane" de Hüsker Dü que Therapy? avait repris en 1995. Et il nous raconte quoi Therapy? Consommation excessive d'antidépresseurs avec "Callow" (clippé en mode Walking Dead) ; réflexion sur les mouvements populistes et les dernières élections avec "Kakistocracy" (la kakistrocatie étant la définition d'un gouvernement composé des pires, des moins qualifiés ou des moins scrupuleux des citoyens, à toi de trouver des exemples) ; lutte des classes sur "Expelled" ou la définition de la réussite par Léonard Cohen avec "Success, is survival". Bref, un discours intelligent, des thèmes personnels et travaillés, plaqués sur une musique singulière et reconnaissable entre toutes. Therapy? ne fait pas dans l'homéopathique ou le placebo, et continue de proposer un traitement ad hoc pour affronter l'automne.