Rock Rock > Them Crooked Vultures

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A l'origine, les premiers prémices d'une collaboration de luxe réunissant deux poids lourds des charts (ou ce qu'il en reste) Josh Homme (Kyuss, QOTSA) et Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters) associés à rien de moins qu'au bassiste de Led Zeppelin, John Paul Jones, remontent à l'été 2005. Une petite phrase assassine glissée dans un coin d'interview dans un numéro de Mojo et voici que tout le monde s'emballe dans son coin. Pour rien. Une bonne blague du père Dave, responsable de la "fuite". Puis plus rien.
Jusqu'au toutes premières lueurs de l'été 2009 quand Brody Dale aka Mme Homme à la ville lâche LA bombe à demi-mots : le projet fou s'est concrétisé. Encore une fois, certains croient à une vaste fumisterie... sauf que là c'est vrai. Les trois sont en studio et forcément alimentent passions et fantasmes les plus fous (encore plus que Brody c'est dire...). La rumeur se répand partout alors que le trio prépare officiellement quelques compos, qui deviennent au fil des jours un véritable album. Fin juillet, on a un nom : Them Crooked Vultures. 9 août 2009 : le peuple de Chicago doit se pincer pour y croire lorsque le trio (rejoint en live par Alain Johannes des Queens of the Stone Age lui aussi) enflamme les planches du Metro, la principale salle de concert de la ville. Forcément le buzz s'empare de la toile et YouTube se retrouve gorgé de vidéos amateurs de qualité assez médiocre sinon pathétique et captées avec de vulgaires Nokia. Mais le résultat est là, TCV est la grosse attraction rock de l'année.
Et s'exile quelques semaines en Europe, histoire de faire admirer la bestiole au public du vieux continent. De festivals en concerts fatalement sold-out, Them Crooked Vultures ravi, déçoit, divise, fascine. Prochaine étape, l'album forcément. Celui-ci ne se fait pas trop attendre et débarque dans les bacs courant novembre...

Them Crooked Vultures / Chronique LP > Them crooked vultures

Them Crooked Vultures Alors celui-là, on aura tout (pré)dit, tout lu (tout écouté aussi...) avant même sa sortie. Et après ? Un peu tout et n'importe quoi... comme chaque disque annoncé et conceptualisé à grand renfort de marketing viral en sommes. En même temps, après la grosse claque The Dead Weather quelques semaines plus tôt (un autre supergroupe de la mort), dire que Them Crooked Vultures était fatalement attendu au tournant relève du doux euphémisme. Josh Homme (Kyuss, QOTSA), Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters), John Paul Jones (Led Zeppelin), avec un tel line-up (de rêve), difficile de ne pas avoir le cardio qui palpite au moment d'enfourner la galette dans le mange-disques... surtout après avoir vu le groupe faire monter massivement le buzz sur la toile depuis deux mois (comme si c'était franchement nécessaire...). Aucun doute, la Force doit être avec eux et ces-trois là n'ont pas pu se planter. Mais le teasing forcené, c'est bien gentil deux minutes, au bout d'un moment, il faut quand même passer aux choses sérieuses et s'enfiler le disque en entier. Et en boucle s'il vous plaît.
C'est donc à "No one loves me & neither do I" qu'il incombe l'insigne honneur d'ouvrir les hostilités et de mettre sur orbite un disque à l'artwork pas franchement réussi. Sous le capot, une mélodie très easy listening, une guitare volubile et affutée, une section rythmique en mode "coca light" [Note de l'auteur : depuis le temps que je voulais la faire celle-là...], rien de bien transcendant à l'horizon, mais une furieuse impression que le groupe cherche à se faire désirer en faisant tranquillement monter la pression, sans trop que l'on sache comment ni pourquoi. Après deux minutes, on comprend. Le trio magique dégainant les sabres laser, montant sérieusement le volume et appuyant sur la machine à produire du riff qui tue pour distiller un cocktail de pur rock burné qui nous visse aux platines. Imparable, monstrueux, bref du très lourd (avec un Dave Grohl de concours)... Et d'un. Définitivement lancé vers les cimes du rock avec un gros R et les amplis qui fument, les Them Crooked Vultures enchaînent avec une poignée de titres efficaces, électrisants mais pas non plus franchement inoubliables ("Mind eraser, no chaser" quand même...), car faisant surtout penser que le père Josh, qui en fait trop alors que John Paul est trop discret, a sans doute exhumé quelques chutes de studio des QOTSA pour les réadapter avec ses deux compères du jour ("New fang", "Dead end friends"). Dommage.
Les titres défilent et s'ils demeurent bien sympathiques ne nous font pas pour autant oublier que l'on est surtout là pour se prendre de solides baffes en travers de la figure... Mais ça, le trio semble l'avoir un peu oublié et passe en mode automatique pour nous jeter en pâture une série de titres tous plus convenus voire quelconques les uns que les autres ("Elephants", "Bandoliers"). Au milieu de tout ça, on note quand même un éclair avec "Reptiles" qui vient sournoisement nous rappeler que les trois mecs qui ferraillent dans les enceintes sont tous sauf des peintres. Mélodie vénéneuse, ruptures sur la corde raide, un savoir-faire évidemment mis en exergue, en clair, du rondement mené de bout en bout. Et de deux. Donc là, c'est sûr, c'est pour cette fois, le groupe va nous en mettre plein la vue... Et bien non. Car là, c'est un peu le drame, les maître Jedi venant s'enferrer dans les grandes largeurs sur les sentiers un peu trop escarpés pour cette fois du rock psychédélique nappé de desert rock psychotrope ("Interlude with Ludes", Warsaw or the First breath you take after You give up, "Caligulove"). On attendait du danger, de la prise de risque inconsidérée voire même un brin de transgression (du Rock quoi...), finalement, on a surtout trois mecs qui jamment entre eux et qui couchent simplement le résultat sur CD. Au vu du pedigree des gaziers, c'est peut-être un poil léger. Heureusement, alors que l'on s'approche tout doucement de la conclusion, les Vautours remettent du coeur à l'ouvrage en percutant un peu nos certitudes avec un "Gunman" au caractère un peu plus affirmé (et de trois) puis un "Spinning in Daffodils" plus qu'honorable. Rideau. Et pour la grosse poussée d'adrénaline, on repassera...