En 2001, At the Drive-in splitte, le groupe se scinde en deux parties : d'un coté les Sparta (avec Jim Ward, Paul Hijonos, Tony Hajjar) et de l'autre De Facto (avec Cedric Bixler Zavala au chant/batterie et Omar Rodriguez Lopez à la basse) qui va évoluer en The Mars Volta avec l'apport de Jon Théodore (batterie) et Eva Gardner (basse). Un premier EP Tremulant (co-produit par Alex Newport) sort en 2002. Eva Gardner quitte le groupe. Pendant la tournée avec les Red Hot Chili Peppers, Jim Ward (technicien audio) est retrouvé mort par overdose. En 2003, le groupe publie De-Loused in comatorium co-produit par Rick Rubin (Beastie Boys, Red Hot Chili Peppers, Slayer, System Of A Down). L'album contient la participation de Flea et John Frusciante, respectivement bassiste et guitariste des RHCP, venu filer un coup de main durant l'enregistrement de l'album. Ils dédient le premier single à leur camarade décédé qui sera remplacé par Paul Hijonos (ex-At the Drive-in). Juan Alderete (basse) et Marcel Rodriguez Lopez (percussions) rejoignent le groupe également pour une tournée qui sera matérialisé sous la forme d'un EP The Mars Volta Live (sorti en 2003). De-Loused in the comatorium accomplit l'exploit de devenir un succès critique et commercial avec une promotion quasiment inexistante.
En 2005, Omar Rodriguez Lopez choisit de produire seul le nouvel album du groupe qui s'intitule Frances the mute. Là encore, c'est un succès critique et commercial en partie grâce au single "The widow" qui a connu un soutien important de la part des radios américaines. Cette même année, le groupe tourne en support de System Of A Down et publie un album live Scabdates. C'est lors d'un voyage à Amsterdam qu'Omar Rodriguez Lopez composera ce qui deviendra la prochaine livraison du groupe, Amputechture, sorti en 2006. Cet album voit une plus large participation de John Frusciante qui exécute les parties de guitare d'Omar Rodriguez Lopez, lequel préfère quant à lui se concentrer sur la production de l'album. En juillet 2006, le batteur Jon Théodore est remplacé par Blake Fleming qui sera également remplacé par Thomas Pridgen en 2007. Le groupe se remet à bosser sur un nouvel album qui sortira début 2008 et s'intitulera The Bedlam in Goliath. L'enregistrement va s'avérer assez chaotique : le groupe connaîtra des problèmes divers (dépression nerveuse d'un ingénieur du son capricieux, inondations du studio) qu'Omar Rodriguez Lopez imputera à une mauvaise expérience de spiritisme avec une planche ouija achetée dans un magasin de curiosité de Jérusalem. Cela n'empêchera pas le groupe de cartonner avec son The Bedlam in Goliath et de connaître un succès incontestable. The Mars Volta garde actuellement une actualité chargée, entre les sorties solos d'Omar Rodriguez Lopez, on parle également d'un album live similaire à Scabdates constitué de morceaux des deux premiers albums, d'un documentaire retraçant l'histoire de The Mars Volta ainsi que d'un nouvel album en phase d'écriture.
Anecdote : l'étymologie du nom The Mars Volta prendrait sa source dans les centres d'intérêts des deux têtes pensantes. "Mars" aurait attrait à tout ce qui touche au domaine de la science fiction. Une "Volta" est un terme utilisé lors d'un changement de scène dans les films du mythique réalisateur italien, Federico Fellini (La Dolce Vita, entre autres). Le groupe a ajouté le "The" pour se démarquer d'un obscur groupe de techno européen.
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The Mars Volta discographie sélective
lp :
Que Dios te maldiga mi corazon
...
lp :
Noctourniquet
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lp :
Amputechture
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lp :
Frances the mute
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lp :
De-loused in the comatorium
...
The Mars Volta dans le magazine
Numéro :
Mag #57
La cigale ayant chanté tout l'été, elle se retrouva avec un putain d'énorme mag à la rentrée ! Plus de 330 pages pour le retour aux affaires courantes et attaquer notre onzième saison en temps que Mag ! The Ocean et son superbe album sont à l'honneur mais ont aussi répondu à nos questions Unsane, Angie d'NRV, Black Taboo, Therapy? , Les Lullies, Yawners, Birds In Row et Worst Doubt !
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The Mars Volta / Chronique LP > Que dios te maldiga mi corazón
Quelque chose me dit que l'arrivée de Leo Genovese dans les rangs de The Mars Volta est en partie responsable de ce Que dios te maldiga mi corazón. Le sixième titre de l'album The Mars Volta qui a signé l'an dernier le retour d'un des groupes les plus excitants qui soit, devient le nom de ce même album en version acoustique. Si Leo y est certainement pour quelque chose, c'est que l'Argentin est d'abord un incroyable pianiste de jazz et que son art se retrouve assez souvent dans cet album blanc et miroitant. Si le modèle t'a semblé, comme moi, très "pop" et pas suffisamment fou, tu peux passer ton chemin, cette relecture est encore plus feutrée et les parties intéressantes au piano comme aux percussions ne nous entraînent jamais dans les sphères psyché-prog' que nous connaissions il y a 20 ans. Si Bixler-Zavala et Rodríguez-López ont longtemps été les rois des temples enfumées où le temps s'était arrêté, les voici ici dans le coin du bar d'un palace, discrets, jouant une musique d'ambiance typé jazz-lounge, tu peux t'installer dans un fauteuil en cuir, commander un Serendipity et le siroter sans te laisser distraire par les musiciens. C'est là ce que je peux leur reprocher, il n'y a pas une note plus haute que les autres, pas de trucs insensés, pas de solo dingo, pas un seul des morceaux n'a le droit à une version complètement dingue. Par exemple, "Que dios te maldiga mi corazón" débute avec un piano qui déborde d'énergie pour "remplacer" les quelques bidouillages écrits l'an dernier, c'est un terrain propice à la créativité de Leo Genovese qui pourrait occuper le terrain et sublimer ce titre mais non, il ne s'étire pas, ne prend pas une autre dimension, comme s'il fallait absolument respecter les idées de départ. Pourtant, les nouveaux arrangements sont légions et le travail de production est encore une fois assez dingue, pourquoi donc ne pas pousser le bouchon encore plus loin ?
Je crois que c'est clair, The Mars Volta a vieilli, s'est assagi et ne se laisse plus emporter par sa fougue. Alors, bien sûr, ça reste très beau, d'une précision musicale incroyable, d'une sensibilité touchante mais bordel, allez-y, lâchez-vous, foutez-le feu, même avec un piano jazzy ou des maracas, on s'en fout, s'il vous plaît, abandonnez la raison et laissez revenir la passion dévorante qui vous animait, en trois mots : refusez de vieillir.
Publié dans le Mag #57
The Mars Volta / Chronique LP > The mars volta
Être un groupe culte, c'est sympa. Sauf que quand vous avez sorti un album monstrueux (De-Loused in the comatorium), quelques autres pas mal non plus (au moins Frances the mute) et que vous arrêtez tout pendant quasi dix ans (Noctourniquet est sorti en 2012), cela créé une certaine excitation quand vous revenez.
Durant cette période Cedric Bixler-Zavala est passé par l'église de scientologie (contre qui il a gardé une dent), a arrêté la fumette (ça lui coûtait trop cher), a connu la perte d'Ikey Owens (clavier de The Mars Volta jusque 2010), a participé à l'aventure Antemasque et parmi d'autres featurings est allé prêter sa voix au projet solo de son pote Omar (sur Some need it lonely en 2016). Là où son acolyte Rodríguez-López a surtout sorti des albums solos (jusqu'à un par mois les bonnes années !). Bref, en 2019, le duo se reforme avec l'idée d'un nouvel opus de TMV, Cédric a beaucoup de choses à raconter, Omar a moins de riffs en stock mais discrètement, ils bossent et annoncent la sortie de cet album sans titre et bien plus pop que le reste de leur discographie. De quoi assez vite calmer l'excitation évoquée car les envolées psyché-rock totalement impromptues ne sont pas conviées à la réunion, ce qui a fait l'histoire du combo est en partie mis de côté, remplacé par de douces mélodies et des plans assez linéaires. Il reste leurs sons "typiques", des petits trucs électroniques soignées, le chant anglo-espagnol, cette atmosphère hispanique, le goût du "mais qu'est-ce que ça veut dire" sur l'artwork, il reste donc assez des ingrédients de leur recette pour qu'on se replonge assez vite dans l'univers The Mars Volta mais il manque un peu de folie et surtout ces parties rock enlevées qui nous faisaient décoller avec eux. Si les sommets du passé semblent inaccessibles (et depuis un bail), dans la dizaine de titres proposés par The Mars Volta, on a tout de même quelques excellents morceaux. Le tout premier sorti, "Blacklight shine", avec une bonne dynamique et une grosse dose de groove (quelle basse, bravo Eva Gardner) entre aisément dans le top 3. Sur le podium, je place aussi "Blank condolences" grâce au chant qui trace sa route sur une rythmique feutrée et croise le fer avec une guitare en roue libre. Certainement parce que j'y retrouve des traces des années 2000, "Qué dios te maldiga mí corazón" est mon troisième choix, un titre bien trop court mais tellement réjouissant et dansant. D'autres morceaux sont très beaux mais leur calme ("Shore story"), leur propreté ("Vigil") ou leur douceur ("Palm full of crux") font qu'on s'éloigne de l'image qu'on peut se faire de The Mars Volta et ils demandent donc un peu plus de temps pour qu'on s'y fasse. Parmi ceux que je n'ai pas cités, on peut trouver quelques passages plus aventureux, mais jamais sans une mélodie ultra réconfortante ("Collapsible shoulders").
Cédric et Omar sont des génies, l'écriture, le son, la production, tout est réfléchi à outrance mais là où leurs excès faisaient leurs forces, ils se sont assagis (auraient-ils vieillis ?) pour offrir un album plus facile à aborder. Pas sûr que ça plaise aux fans de la première heure (seraient-ils restés jeunes ?) mais il faut bien avouer que cela reste très plaisant à écouter et chantonner... Lastimado / Sentimiento / En mi cinturita / Dame rabia ...
Publié dans le Mag #53
The Mars Volta / Chronique LP > Noctourniquet
Tu sais que tu chroniques un nouvel album de The Mars Volta quand...
De-Loused in the comatorium, Amputechture, Octahedron, Noctourniquet... sérieux ces quoi ces titres ?
Tu te dis que c'est quand même bien con que chaque nouvel album soit moitié moins bon que le premier...
Mais que même un album de The Mars Volta moitié moins bon que le précédent reste toujours digne d'intérêt. Parce que bon, on partait de très haut quand même.
Sauf que là sur ce Noctourniquet, bah non.
Le problème d'un album pareil, c'est que quand le premier titre se vautre aussi péniblement que "The whip hand", et bien faut cravacher derrière pour remonter la sauce avec "Aegis" ou "Dyslexicon", avant que la mièvrerie crasse d'"Empty vessels make the loudest sound" ne vienne tout foutre par terre. Zut.
On a beau avoir fait difficilement plus atroce chez TMV que "The malkin' jewel", "Lapochka" redresse un peu la barre et démontre que le groupe est encore loin d'être artistiquement mort. Mais ça fait donc à l'heure actuelle trois titres acceptables sur six. Bref, juste la moyenne. Dur.
Toi le seul "In absentia" que tu ne respecteras jamais, c'est celui de Porcupine Tree, donc pas touche. [note de l'auteur : c'est dommage quand même, c'est l'un des rares excellents titres de l'album présentement et vaguement chroniqué]
Parce que mauvaise foi avérée ou pas : "In absentia" est vraiment un titre bien foutu, inspiré, multi-couches et tout et tout. Le problème c'est quand il y en a un, ça va... quand il n'y en a pas plusieurs, c'est là que ça pose quelques problèmes.
La preuve avec "Imago", "Molochwalker"... comme quoi en mettre partout instrumentalement parce qu'on est virtuose tout en montant son chant dans les aigus pour faire genre... bah ça ne marche pas. Ou plus.
Tu comprends que prog ou pas, art-rock psyché ou pas, rock branchouille ou pas, tout The Mars Volta que ces mecs soient, un statut, ça ne suffit toujours pas à faire un album digne de ce nom.
Pourtant le groupe a vraisemblablement cherché à modifier sa formule (de toutes les façons les effets de la potion magique se sont dissipés depuis Amputechture hein...), simplifiant ses formats, les réduisant considérablement en limitant les périodes de digressions psychées hallucinées pour revenir à quelque chose de plus bref, plus immédiat. Mais bon.
Tu te dis que c'est quand même difficile de pas pioncer sur "Trinkets pale of Moon". Putain de passage à l'heure d'été.
D'ailleurs, s'ils pouvaient rappeler Jon Theodore ou Thomas Pridgen, histoire qu'on ait quelque chose de percussif un peu histoire de se remettre les idées en place.
Bon au programme de "Vedamalady", "Noctourniquet" puis "Zed and two naughts" : bidouillages synthétiques, assemblages guitaristiques décousus et castration vocale en cours. Pour sûr, on n'entend pas ça tout les jours ailleurs et l'anti-conformisme recherché est réel. Oui et après ?
Tout le monde va trouver ça indubitablement fabuleux sauf que toi tu vas encore regretter At the Drive-in. Qui vient quand même de se reformer oui, mais seulement pour le fric, histoire de faire quelques festivals et rien de plus. Bref, tu regrettes. [mode : "c'était mieux avant" activé]
Un jour les gens comprendront que l'expérimentation un brin barrée, la recherche de la position d'originalité parfaite compensant la pauvreté d'une inspiration défaillante et le leurre discographique aussi bien foutu, ça va bien cinq minutes. Enfin sauf chez Les Inrocks et Télérama où ce grand foutoir prog-rock psyché sous psychotrope excitera les rédacs'. Encore. Oui comme d'hab'.
Bref la hype, ça va deux minutes, après faut grandir. Par contre, la presque arnaque TMV réussi le tour de force de baigner dans l'expérimentation consensuelle barrée, l'air de presque pas y toucher. Limite de la prestidigitation à ce niveau. Pour un album digne de ce nom, on repassera par contre.
PS : les petites bizarreries synthétiques façon nintendocore. Faut oublier merci.
The Mars Volta / Chronique LP > Amputechture
La sortie d'un album de The Mars Volta suscite toujours un certain nombre de questions. On pense tout d'abord et surtout à la direction musicale, et puis il y a les "à-côtés" comme le concept ou son artwork. Amputechture, troisième album des texans, vient confirmer cette idée. Un titre incompréhensible (il s'agit, en fait, de la contraction des mots "amputate", "technology" et "architecture"), un artwork (appelé "Big mutant") signé Jeff Jordan laissant complètement dubitatif, des paroles à creuser minutieusement pour en retirer les idées essentielles et un innommable bordel musical à décortiquer soigneusement afin d'éviter la touche éject. Oui, The Mars Volta reste définitivement ce genre de groupe qui divise les foules. Alors que les deux premiers opus restaient encore, disons, abordable pour les initiés, Amputechture vient pousser le concept encore plus loin. Jamais ce groupe n'avait autant été expérimental et riche avec cette troisième sortie. Alors, quoi de neuf depuis Frances the mute ? Et bien, à part le fait que TMV devient de plus en plus le groupe d'Omar et Cedric, pas grand chose si ce n'est l'arrivée d'Adrián Terrazas-González (leader d'El Regimen), un saxophoniste-flutiste-clarinettiste mexicain qui vient accompagner les notes de guitare d'Omar Rodriguez-Lopez (et le groupe d'une manière générale) et faire des petits soli barrés à droite à gauche, mais qui finalement se fait discret sur l'ensemble de l'album. Pas de mystère, comme dit plus haut, le mixage et la lumière sont clairement faits sur les deux leaders. Entre notes à tout-va, descentes et remontées de manche de guitare et voix envoutante et chimérique bourrée d'effets ici et là, on en vient parfois à passer outre le talent des "accompagnateurs". En parlant de ces derniers, Paul Hijonos est revenu de chez Sparta pour retrouver une partie de ses anciens compagnons d'At the Drive-in et John Frusciante est venu prêter main forte à ses potes pour cet album enregistré à Los Angeles, El Paso (fief d'Omar et Cedric) et Melbourne en Australie. Seule la très latine "Asilo Magdalena", sorte de ballade acoustique en espagnol qui rentre dans les "normes", n'est pas jouée avec le guitariste des Red Hot Chili Peppers. Chacun des 8 titres de Amputechture nous réserve un voyage à travers des ambiances calmes et hypnotiques, des improvisations jazzy, des moments de groove intense et un certain punch qui n'est pas sans rappeler At the Drive-in (d'ailleurs, "Viscera eyes" est une chanson qui a été écrite par Omar à l'époque d'ATDI). Amputechture est un album qui marque une certaine rupture. Cette dernière commence déjà avec le choix pour Cedric de ne pas s'imposer de concept au niveau des textes, comme il l'avait fait sur les deux albums précédents. Je vous laisse donc le soin de les analyser si la peur de Dieu, le chamanisme et la glande pinéale vous intéresse. C'est aussi l'album qui vous fera dire que The Mars Volta va trop loin ou bien au contraire qu'ils sont de plus en plus fascinants.
The Mars Volta / Chronique LP > Frances the mute
Vous avez aimé De-Loused in the comatorium ? Ça tombe bien puisque Frances the mute, la seconde livraison des Mars Volta, n'est ni plus ni moins qu'un petit frère siamois protéiforme riche en excroissances. Les Mars Volta reprennent les choses là ou ils les ont laissées tout en tentant de sublimer les bases qu'ils ont jetées sur De-Loused in the comatorium : et c'est une réussite totale.
Pour ce second long effort, les Texans choisissent encore une fois la forme du concept album qui va nous conter une histoire dont Jeremy Ward, le bidouilleur décédé d'overdose de Mars Volta sur De-Loused in the comatorium, est la source. Il trouve un journal intime dans une voiture, le lit et se découvre des affinités avec le personnage qui, comme Jeremy, a apparemment été adopté et se révèle être en pleine quête d'identité. C'est cette quête qui va être l'objet de l'attention de Frances the mute. Du coté des Mars Volta, pas de problème d'identité, elle est même d'ailleurs sacrément affirmée. C'est plutôt du coté des parents que l'affiliation n'est pas toujours évidente : une maman Led Zeppelin aux mœurs libérées qui aurait oublié à qui elle avait donné ses faveurs ce soir là et un papa sûrement très mélomane qui n'est probablement pas prêt à assumer la paternité d'un rejeton aussi frénétique et sujet aux turbulences.
Le second chapitre du livre Mars Volta, Frances the mute, est constitué de 5 morceaux pour une heure quinze de musique. On imagine dés lors des formats alambiqués, des compositions à rallonges, des solos montagnes russes, de la gestion de tension, de l'explosion de notes de musique à haute teneur en acide et surtout la voix de Cedric Bixler Zavala à la fièvre communicative. Et Frances the mute contient en effet un peu de tout ça en poussant la formule au paroxysme de l'exubérance, de la surenchère mais aussi de l'amoncellement d'idées. Prenons par exemple l'un des bijoux de l'album "L'via l'viaquez" qui conjugue pendant 13 minutes riffs à la coloration hispanisante et chant en espagnol, groove enflammé, alternance d'interlude qui sentent bon le cigare cubain et la tequila sur les plages antillaises puis maelström psychédélique faisant cohabiter solos scotchant et voix à la fièvre carabinée, assurément un chef d'œuvre Mars Voltaïen. Ca peut sembler conséquent sur le coup, mais à l'instar de cet album, à force d'écoutes répétées intensives, ce qui vous semblait qu'une accumulation d'éléments au départ, deviendra finalement une entité fluide ou chaque éléments a une place pertinente dans ce dense tissu sonore qu'est Frances the mute.
Mars Volta ou deux shamans qui s'échinent à garder ouvert le vortex du continuum espace-temps vers les 70's tout en gardant un pied ancré dans notre présent. Mission largement accomplie avec ce Frances the mute et avec la manière en plus.
The Mars Volta / Chronique LP > De-loused in the comatorium
En 2000, l'explosif et très abouti Relationship of command avait réussi à créer un consensus autour de la qualité des musiciens qui composent At the Drive-in. Par la suite, des divergences musicales ont eu raison, du plus que prometteur groupe d'El Paso : les désormais Sparta souhaitaient continuer dans la même trajectoire, The Mars Volta, quant à eux, se sentaient trop à l'étroit dans ce carcan "Post-hardcore-emo" et voulaient s'orienter dans une direction plus progressive en s'inspirant du Piper at the gates of dawn de Pink Floyd. Après une période de transition avec un projet qui aura eu le mérite de contribuer à leur quête d'identité (De Facto) et un EP Tremulant annonciateur d'un avenir plus consistant, The Mars Volta livre en 2003 son premier long effort avec De-Loused in the comatorium.
A l'instar du Year Zero de Nine Inch Nails où du From Mars to Sirius de Gojira, The Mars Volta a adopté la forme du concept album pour ce De-Loused in the comatorium : il conte l'histoire d'un homme, Cerpin Taxt, qui va essayer de mettre fin à ses jours en se suicidant à la morphine. Sa tentative va aboutir à un coma qui va durer une semaine au cours duquel il aura des visions sur l'humanité et sur sa propre personne. A son réveil, désappointé par le monde réel, il se suicide pour mourir cette fois (l'histoire est inspiré par la vie de Julio Venegas, artiste mort d'El Paso et ami de Cedric Bixler-Zavala). Comme ce personnage, la rupture avec le passé, c'est aussi ce qui semble motiver la musique du duo Bixler/Lopez. Exit les Fugazi, Drive Like Jehu et autres Stooges, influences majeures d'At the Drive-in. De ce groupe, il reste la fougue et l'envie de proposer quelque chose de foncièrement différent et novateur à la fois. The Mars Volta, c'est un espace fictif et un carrefour où se croisent, s'entremêlent et se confrontent une multitude de références bien ancrées dans les 70's voir les 80's prenant pour le coup des allures de panthéon dédié à la musique rock au sens large du terme. On pense bien sûr à Syd Barrett et les Pink Floyd pour les expérimentations aventureuses, ce travail minutieux sur les ambiances et les arrangements mais aussi à Led Zeppelin pour ces compositions volcaniques et pour le chant démonstratif, exubérant, souvent extatique de Cedric Bixler-Zavala. Autres compères dans l'espace-temps kaléidoscopique de The Mars Volta, Jimi Hendrix et Carlos Santana qui rodent également dans les parages, Omar Rodriguez-Lopez partageant ce goût pour les soli chaotiques/casse-gueules pour l'un et le brassages des genres pour l'autre dotant ce groupe d'une empreinte stylistique particulièrement redoutable. Dernier invité de ce festival de musiciens brillants et pas le moindre, Fela Kuti (empereur de l'afro beat) à qui TMV semble emprunter les ingrédients (travail sur les percussions, les rythmes endiablés) qui rendent le tout particulièrement hypnotique et propice à une certaine transe communicative, laissant augurer d'une musique prenant une toute autre dimension en live. Le piège quand l'on évoque toutes ces influences seraient de n'avoir finalement affaire qu'a un vulgaire patchwork et un plagiat sans saveur mais c'est ignorer la maestria atteinte par le duo d'El Paso : The Mars Volta recycle et réinvente avec pour résultat un De-Loused in the comatorium très convaincant nourri à la fois par une période musicale particulièrement fertile mais aussi par l'ambition de deux musiciens hors-normes soucieux d'apporter une plus value constante à leur musique. Balèze, jouissif, donc clairement indispensable.
A noter que De-Loused in the comatorium bénéficie de la participation surprenante de deux musiciens studio de luxe : Flea (basse) et John Frusciante (guitare) des tristement moribonds Red Hot Chili Peppers, peut-être l'une des rares occasions (en dehors de la carrière solo de Frusciante) de les entendre jouer une musique qui soit encore digne de leurs énormes talents.