the mars volta : frances the mute Vous avez aimé De-Loused in the comatorium ? Ça tombe bien puisque Frances the mute, la seconde livraison des Mars Volta, n'est ni plus ni moins qu'un petit frère siamois protéiforme riche en excroissances. Les Mars Volta reprennent les choses là ou ils les ont laissées tout en tentant de sublimer les bases qu'ils ont jetées sur De-Loused in the comatorium : et c'est une réussite totale.
Pour ce second long effort, les Texans choisissent encore une fois la forme du concept album qui va nous conter une histoire dont Jeremy Ward, le bidouilleur décédé d'overdose de Mars Volta sur De-Loused in the comatorium, est la source. Il trouve un journal intime dans une voiture, le lit et se découvre des affinités avec le personnage qui, comme Jeremy, a apparemment été adopté et se révèle être en pleine quête d'identité. C'est cette quête qui va être l'objet de l'attention de Frances the mute. Du coté des Mars Volta, pas de problème d'identité, elle est même d'ailleurs sacrément affirmée. C'est plutôt du coté des parents que l'affiliation n'est pas toujours évidente : une maman Led Zeppelin aux mœurs libérées qui aurait oublié à qui elle avait donné ses faveurs ce soir là et un papa sûrement très mélomane qui n'est probablement pas prêt à assumer la paternité d'un rejeton aussi frénétique et sujet aux turbulences.
Le second chapitre du livre Mars Volta, Frances the mute, est constitué de 5 morceaux pour une heure quinze de musique. On imagine dés lors des formats alambiqués, des compositions à rallonges, des solos montagnes russes, de la gestion de tension, de l'explosion de notes de musique à haute teneur en acide et surtout la voix de Cedric Bixler Zavala à la fièvre communicative. Et Frances the mute contient en effet un peu de tout ça en poussant la formule au paroxysme de l'exubérance, de la surenchère mais aussi de l'amoncellement d'idées. Prenons par exemple l'un des bijoux de l'album "L'via l'viaquez" qui conjugue pendant 13 minutes riffs à la coloration hispanisante et chant en espagnol, groove enflammé, alternance d'interlude qui sentent bon le cigare cubain et la tequila sur les plages antillaises puis maelström psychédélique faisant cohabiter solos scotchant et voix à la fièvre carabinée, assurément un chef d'œuvre Mars Voltaïen. Ca peut sembler conséquent sur le coup, mais à l'instar de cet album, à force d'écoutes répétées intensives, ce qui vous semblait qu'une accumulation d'éléments au départ, deviendra finalement une entité fluide ou chaque éléments a une place pertinente dans ce dense tissu sonore qu'est Frances the mute.
Mars Volta ou deux shamans qui s'échinent à garder ouvert le vortex du continuum espace-temps vers les 70's tout en gardant un pied ancré dans notre présent. Mission largement accomplie avec ce Frances the mute et avec la manière en plus.