Rock Rock > Teenage Renegade

Biographie > Un groupe certifié N(asty) F(amily)

Teenage Renegade est une affaire de famille. Monsieur tient la guitare (et la basse) tandis que Madame s'occupe du chant. Monsieur, vous le connaissez, Nasty Samy, premier du nom, heartbreacker dans Second Rate, rocker au cheveux longs dans Lost Cowboy Heroes, surfeur endiablé dans Hawai Samourai, riffeur invétéré dans The Black Zombie Procession, bassiste complet dans The Last Brigade... et aujourd'hui père de famille d'un beau rejeton. La maman, c'est Madame Nasty. Moins de neuf mois de gestation, le projet né entre Pascagula (Mississipi) et la crypte bisontine de la famille Nasty prend forme avec pour premier méfait power pop saupoudré de punk, Is there life after high school ? produit par Christian Carvin et sortant sous forme de digipack chez Kicking Records, Vampire Records, Chanmax Records et Oni Red Chords.

Review Concert : Teenage Renegade, Kicking Tour @ Besançon (nov. 2009)

Interview : Teenage Renegade, Nasty Samy sur la bonne vague (Juin 2013)

Teenage Renegade / Chronique LP > Continental divide (CD+Livre)

Teenage Renegade - Continental divide Nasty Samy. Si ce nom ne vous dit rien, on ne peut que le déplorer. Séance de rattrapage obligatoire : on se met à son pupitre et on apprend sa leçon. Parce que des leçons Samy peut vous en donner plusieurs et des bonnes.

Plantons le décor : le Haut Doubs. Connu du grand public pour ses records de températures négatives à Mouthe. La saucisse de Morteau, tout ça... Arrêtons là cette mauvaise chronique touristique digne d'un guide du Routard. Parlons d'un vrai routard, d'un vrai mec passionné, d'un pur produit de la contre culture américaine des années 90, d'un gazier amoureux du vrai rock'n'roll, d'un type qui a plus d'anecdotes sous ses bras musclés et tatoués que plein de pseudos rockers parisiens qui sous prétexte qu'ils portent un perfecto et des lunettes noires, vous rabâchent sans cesse des anecdotes de "la grande époque du Velvet" dont tout le monde se moque. Les noms de Second Rate, Hawaii Samurai, Lost Cowboys Heroes, The Black Zombie Procession, Dumbell, The Last Brigade, Hellbats, Simon Chainsaw vous disent quelque chose ? OK bah Nasty Samy a joué dans tous ces groupes. Excusez du peu.
Je ne vais pas vous refaire la biographie du type, il en a une très bonne sur son site perso Every Day is Like Sunday, point de chute de ce stakhanoviste qui en plus ses activités de groupes, chronique, enregistre ses podcasts et y balance ses billets d'humeur. Bref Nasty Samy c'est un personnage avec ses propos, son ton et sa vison des choses qu'on ne partage pas forcément mais qui (rayer la mention inutile) interpelle/agace/fait réfléchir/résonne.

L'homme venu du froid a sorti un package intitulé Continental divide comprenant le dernier opus de son projet Teenage Renegade et un livre de 200 pages racontant un projet que beaucoup rêvent de faire ou disent qu'ils le feront mais ne le feront jamais : 6 mois de road trip aux Etats-Unis. Teenage Renegade c'est pour rappel Nasty Samy et sa femme américaine, Erin, un couple qui avait du reste publié un premier album en 2009, Is there life after high school ?, chroniqué par notre Gui De Champi national. Continental divide c'est leur album, lui à la guitare, elle qui chante. Un disque enregistré aux Etats-Unis dans différents studios lors d'un road trip longue durée. Continental divide c'est aussi l'histoire dudit voyage à travers la grande Amérique. Un projet musical de couple pourrait on dire. Mais je vous vois venir, donc ne vous inquiétez pas pas trop vite. Rien de mièvre à l'horizon et c'est là toute la classe de ce projet.

Commençons, une fois n'est pas coutume, par le livre : Continental divide, Le carnet de route. 200 pages, dévorées en une nuit pour ma part, dans un format Fanzine, on n'en attendait pas moins du Samy. Comment raconter un voyage qui se passe en couple sans tomber dans l'ambiance "mauvaise soirée diapo de nos vacances" ? Avec une bonne plume et pas mal de pudeur bien placée. C'est là dedans que réside toute la force de l'ouvrage : arriver à nous amener dans l'intimité d'un projet de couple sans jamais nous faire entrer dans l'intimité de leur couple. Mais on ne change pas les habitudes d'un homme comme ça. Des visites de vieux disquaires, des concerts et donc... des chroniques ! Nasty Samy a respecté les codes qui l'ont formé et le livre est rempli de nombreuses reviews, occasions de replonger parfois dans les souvenirs et autres anecdotes qui, elles, sont françaises pour la plupart ! Sans parler des interviews de types rencontrés de part et d'autres ! Voilà l'essence même de ce voyage résumé à l'arrière de ce pavé dans la mare : "6 mois pour faire un break, 6 mois pour réfléchir, 6 mois pour écrire, 6 mois pour se retourner et retourner et faire un point sur le chemin parcouru".

6 mois pour découvrir l'Amérique via 31 états et 30 000 bornes. Et pas n'importe quelle Amérique : celle qui a construit l'auteur et celle qui a vu grandir sa femme, la vraie, la gigantesque, la poisseuse parfois, la pauvre, la belle et pas du tout celle du touriste lambda. On oublie les attractions, les files d'attente, les attrapes touristes. On vit la vie américaine dans toute sa diversité. On se régale : on visualise les motels, on sent l'odeur des mac & cheese, on entend la pluie s'abattre sur le par brise, on sent le soleil mordre la peau, on imagine les longues heures de route en musique et surtout, surtout, on se délecte des anecdotes nombreuses et détaillées que nous raconte Samy. Je ne vous raconterai pas mes passages favoris, de la recherche des bureaux de Dischord à Washington à la panne de bagnole en pleine nuit et le redneck salavateur en passant par la fête où Samy s'emmerde sec. Ni les découvertes que j'y ai faite avec bonheur, comme des bonnes chroniques de Deftones ou d'un concert des fantastiques Goo Goo Dolls. Encore moins tous les passages et états d'âmes qui rendent Samy encore plus passionnant qu'il ne l'a jamais été.

Je vous dirai juste qu'il s'agit d'un excellent et passionnant livre écrit par un mec qui a une sacré plume et une culture underground immense. Bref, un indispensable pour tout adepte du genre. Et l'album ? Un pur concentré de méfaits aux relances adolescentes. On pense à ces collèges américains, à la Californie qu'on idéalisait, aux grosses voitures, aux premiers flirts, aux posters qu'on accrochait sur les murs, aux mecs qui nous impressionnaient avec leur jeans troués et leur boucles d'oreilles, à ces émotions qu'on avait en faisant rituellement des cassettes pour nos baladeurs au son pourri, à la découverte de la vie d'adolescent. Bref, un putain d'hommage pour ces
putains d'années 90. Mentions spéciales à "Do me in", "Still waiting", "Limo roulette".

En fermant le bouquin, dernière étape obligatoire du road trip : écouter "We", ballade qui fait écho et conclut avec intimité et pudeur, ce projet qu'est Continental divide.

Bien joué, Nasty Samy et Erin.

Teenage Renegade / Chronique LP > Is there life after high school ?

Teenage Renegade - Is there life after high school ? Personnellement, je suis toujours curieux des expériences musicales de Nasty Samy. J'ai beaucoup discuté avec ce bon gars qui parle de musique avec passion et qui mène toujours ses projets artistiques (groupes, label, zines, podcasts,...) avec une philosophie qui me plaît : pas de chinoiseries, toujours tout droit, à l'essentiel. C'est certainement ainsi qu'est né Teenage Renegade, projet familial pensé et exécuté en 2008. Une poignée de titres enregistrés et produits par Christian Carvin (responsable du dernier BZP, un gars qui a du goût), quelques reprises bien pensées ("Black september" de Dead Moons, "Glad I don't know" des Lemonheads et l'excellent "12 O'Clock high" de Dirty Looks, et hop, le tour est joué, voilà que débarque Is there life after high school ?, carte de visite améliorée du band sang pour sang nasty family, Buenax (Hawai Samourai, The Irradiates) venant exécuter les batteries en stud'. Mais finalement, Teenage Renegade, qu'est ce que c'est ? Tout simplement un hommage aux années 80's / 90's (décennie rock, on en conviendra tous), des références à la culture populaire US, aux séries qu'on adorait tous étant plus jeunes et aux teenage movies. Et musicalement, ça se matérialise bien sûr par des compos abouties, des riffs musclés et sucrés, des plans approuvés par le comité du bon goût, brefs des compos efficaces, droites et sans concessions. Du boulot digne d'un Nasty Samy des bons jours quoi ! Le gars nous ouvre une nouvelle facette de sa personnalité musicale avec des morceaux à la fois pêchus et légers, des titres où la notion de power pop prend toute son ampleur avec des guitares jamais agressives mais burnées dans les bonnes proportions. Evidemment, le mec qui a (presque) toute la discographie de Sam (genre, moi !) reconnaîtra la patte guitaristique du bougre et en appréciera la richesse. La "nouveauté", "le" truc en plus du projet, c'est bien évidemment le chant de Madame Nasty, charmante personne qui se révèle aussi attachante vocalement que dans la vie de tous les jours. A la première écoute, j'ai été surpris par le traitement des voix qui, au final, colle parfaitement au concept du disque. La voix est sucrée, chaleureuse, douce et autoritaire à la fois. En fermant les yeux, nous voilà projetés dans cette insouciance qu'on aimait tant à l'époque et qu'on n'aurait jamais voulu quitter, pensant naïvement que c'était ça, la vraie vie. La voix attachante de Madame Nasty et les riffs chauds et colorés font de ce premier effort une réussite, un disque décontracté sans message particulier à part celui de s'échapper de notre quotidien en se rappelant nos belles années où l'on rêvait d'avoir un grand casier pour ranger ses cahiers et de déjeuner dans l'herbe verdoyante du lycée !