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Les Tambours du Bronx / Chronique LP > Evilution

Les Tambours du Bronx - Evilution Ça leur va bien comme animal totem, le rhinocéros. Alors je ne sais pas si Les Tambours du Bronx ont choisi le pachyderme en cover de leur nouvel album dans ce sens, mais ça colle bien avec leur musique. S'ils avaient mis un corgi ou un flamant rose, ça aurait été plutôt improbable, mais un rhinocéros, ça le fait : massif, violent, dense, sauvage, sombre, les sonorités des frappes sur les bidons résonnent comme celles d'un troupeau de rhinos lâché dans la savane. Et au-dessus de ce martèlement brut, quelques ombres chevauchent la meute : on trouve Stéphane Buriez (Loudblast), Reuno (Lofo), Renato di Falco (Dropdead Chaos, Trepalium, Flayed) déjà présents lors du précédent album, auxquels s'ajoutent Andreas Kisser Sepultura et les Dope DOD pour une petite dose de rap HxC. Embarqués sur le troupeau, toujours Franky Constanza (ex-Dagoba, Blazing War Machine), et 3 gars des TDB qui ont troqué les fûts contre guitare, basse et clavier. Avec une telle horde à canaliser, on ne peut que féliciter HK du Vacamara Studio pour le mix et le mastering de Evilution qui arrive à conserver la puissance des tambours sans qu'elle ne submerge les autres musiciens, et inversement.

Et pour ce deuxième LP dans ce format des TDB, on retrouve le même style que sur Weapons of mass percussion, qui s'oriente plus indus que métal. Les tambours débutent souvent les tracks pour mieux donner le tempo, les chants sont en anglais ou français, souvent hurlés, parfois rappés comme sur "Razorback" avec les Bataves de Dope DOD qui apporte une petite interprétation intéressante, la basse et la guitare restent sobres et sonnent bien indus, Avec Evilution, ça reste dense et puissant, car on n'arrête pas une horde de rhinocéros comme ça. Il y a bien "U Lost", qui temporise un peu et laisse un peu respirer l'auditeur, mais pas de douceur sucrée au programme pour ces 44 minutes de gros son pour ce nouvel LP. Un album qui sort en digipak et vinyle, avec moins de titres sur le vinyle que sur le CD, seulement 10 tracks contre 12 mais avec 2 inédits. De là à dire qu'il faut se procurer les deux, j'ai envie de dire qu'il faut aussi (surtout) les voir en concert, car faire face au demi-cercle de bidons autour desquels gravitent les autres musiciens, est un spectacle autant visuel qu'auditif. En conclusion : viens chevaucher la meute de rhinos des Tambours du Bronx.

Publié dans le Mag #58

Les Tambours du Bronx / Chronique LP > Weapons of mass percussion

Tambours Du Bronx - W.O.M.P "... ils ont demandé aux 18 tambours du Bronx, qui sont des gars de Nevers comme leur nom l'indique", bégayait le speaker avec sa voix chevrotante à la Léon Zitrone, lors de la présentation du concert des Garçons Bouchers à la fête de l'Huma en 1989. 30 ans ont passé et les martyriseurs de fûts sont toujours présents dans le paysage musical français et mondial. Si par le passé, ils ont fricoté avec tous les styles musicaux existants, du classique, du rock (notamment Jaz Coleman (Killing Joke)), de l'indus (The Young Gods), voire de l'electro et de la chanson française, cela fait quelques temps qu'ils tournent autour de la planète metal, multipliant les contributions pour assurer les premières parties (Korn, Metallica, Alice In Chains...) ou pour développer un projet commun scénique avec Sepultura sur une série de concerts qui aboutira à la sortie d'un live enregistré au Rock in Rio en 2014 Metal veins. Quoi de plus normal d'ailleurs de retrouver des percus dans le métal. Si Slipknot ou Mushroomhead complètent la section rythmique avec tambours et grosses caisses ce n'est pas que pour le show. Donc à force de tourner autour du pot, les Tambours Du Bronx sont tombés dedans, et sortent un album metal en mode solo, renforcé par de très belles et respectables collaborations.

A la genèse de cet album, c'est à un batteur que les Tambours Du Bronx viennent proposer une collaboration : Franky Costanza (ex-Dagoba, Blazing War Machine). L'ébauche d'un projet commun se dessine mais comme ça va être compliqué de faire autre chose qu'un LP conceptuel si on ne rassemble que des types qui jouent des baguettes, deux membres des Tambours Du Bronx troquent leurs bidons pour une guitare et une basse, et on invite deux pointures pour le chant, et pas des moindres : Reuno Lofo, et Stéphane Buriez (Sinseanum, Loudblast). Rajoutons un clavier et la troupe est complète pour un album 100 % metal, à la gloire des défonceurs de bidons. Et il y a là un savoureux mélange qui arrive à donner un rendu métal classique méchamment boosté par les percussions, rajoutant une atmosphère encore plus lourde et assommante. Il y a des sonorités indus à croire tâter du Ministry, plus thrash avec un petit côté Sepultura, mais on a aussi une cover du "Requiem pour un con" de Sieur Gainsbourg. En tout, une bonne quinzaine de tracks coups de burin parfois entrecoupées de nappes de synthé solitaires. J'aurais d'ailleurs préféré à la place de ces dernières, entendre les tambours en mode solo, mais ils ont peut-être souhaité reposer les orifices auditifs entre 2 salves sonores. En conclusion, un album symbiotique parfaitement équilibré. Cette joyeuse équipe a réussi avec brio, à mettre du métal dans les percus, et non l'inverse. On sent bien que les TDB sont les meneurs de cet album, et en bons chefs d'orchestre ce sont eux qui tiennent la mailloche (...la baguette, pardon).

Publié dans le Mag #36

Les Tambours du Bronx / Chronique LP > Corros

Tambours du Bronx - Corros Chroniquer un double album d'un monument comme les Tambours Du Bronx en 1.050 signes, c'est, je l'avoue, assez gonflé... Mais parfois, il n'en faut pas plus pour donner envie de se pencher sur la dernière production d'un groupe hors norme et à l'ouverture d'esprit sans limite. La 1ère galette, « électro », à la production dynamique et puissante, est une véritable excursion sonore à travers des univers divers et variés, agrémentés d'une multitude de samples et de claviers et quelques soupçons de chant. La froideur et la rigueur laisse place à des plages chaudes et rythmées, et la richesse des sons et des ambiances est tout simplement phénoménale. Le second disque, brut et épuré, revient à la base du concept primaire du groupe. 14 titres (dont 6 inédits) sans artifice pour redescendre de l'euphorie suscitée par la 1ère partie. Une immersion dans l'univers tribal et parfois martial de ce qui a fait la légende des TDB. En somme, Corros, c'est son nom, est un double disque étonnant et détonnant. Tout est dit. A écouter sans modération.