Jouer dans un groupe durable sans rencontrer de difficultés est impossible... Mais avec passion Nicolas, chanteur et guitariste, s'accroche à son projet qu'est Talia. Parisien, il monte ce groupe avec deux amis, ils composent, répètent sans faire trop de bruit entre 2002 et 2006, l'année du changement puisque le groupe semble se dissoudre... C'était sans compter sur la rencontre d'Arnaud, batteur, qui ranime l'envie de poursuivre l'aventure puis l'arrivée d'Alice, bassiste, pour reformer un trio qui garde le même nom et quelques morceaux de compositions qu'ils enregistrent assez vite... Mais ne sortent que deux ans plus tard, faute de label solide pour les aider. Ce premier opus, Cockroach killer, ne bénéficie pas d'un artwork qui émoustille les aventuriers de sons frais, il faudra attendre encore 5 ans et le printemps 2013 pour que Talia refasse (un peu) parler de lui avec Permanent midlife crisis au look plus engageant...
Talia
Biographie > sans H et avec un seul i
Talia / Chronique LP > Thugs they look like angels
Depuis Permanent midlife crisis, Talia a surtout joué dans la capitale, ouvrant aussi bien pour Lonely the Brave que pour Reverend Horton Heat pendant que son clip de "Every minute every hour" enchaînait les vues sur Youtube (50.000, ce n'est pas rien !!!). Le trio ne s'est pas reposé sur ses lauriers et a composé puis enregistré une dizaine de nouveaux titres qui sortent via Send the wood music à la mi-octobre. Le joli dessin de la pochette donne moins dans la crise de la quarantaine, l'ado attardé ou le rocker sur le retour, place cette fois-ci au monde de l'enfance avec le manège et l'insouciance d'un petit bisou échangé entre deux petits anges. Pour autant, on navigue toujours dans les mêmes eaux pour la musique : du rock un peu crade et bien envoyé.
Si l'album est très homogène, quelques titres se dégagent comme ce "American bride" qui pose de très bonnes bases, parce qu'avoir un très bon premier morceau est un truc très important, tout comme en avoir un bon dernier ("Bounty killers" remplit parfaitement son rôle). "It's been oh so long" avec son intro explosive est plus rock, plus rugueux, plus accrocheur avec ce petit côté Therapy? dans le chant qui ne me déplaît pas du tout... Tout comme ce "Play dead" où Alice se met en valeur, et pas uniquement avec son jeu de basse puisqu'elle y va de quelques petits choeurs. Elle apporte un peu de douceur par sa voix, d'autres morceaux sont eux aussi plus doux même sans son renfort vocal, c'est le cas de "Self induced fever" cool et sympatoche ou "The flood" dont la tonalité est davantage grunge FM (on pense aux mauvais côtés de Nickelback... parce que oui, ils en ont eu de bons mais ça, c'était avant).
Dans l'ensemble, Thugs they look like angels n'est peut-être pas aussi marquant que son prédécesseur mais il faut dire qu'on a pu s'habituer au ton de Talia et que l'effet de surprise joue un peu moins, il n'en reste pas moins un album agréable à écouter et qui démontre qu'on peut faire du rock ailleurs que dans les bars le samedi soir...
Talia / Chronique LP > Permanent midlife crisis
Cheveux mi-longs, veste en jean crado, ceinture qui explose les portiques de sécurité, la pochette sent bon les années 90 alors que la posture du photographié en dit long sur son état d'esprit. Y'a comme une odeur de jeune désabusé... Une "teenage angst" mais avec 20 ans de retard, ça donne Permanent midlife crisis. Talia a tout bon côté décor et pas loin d'avoir tout bon aussi côté musical car leur rock, qui oscille entre pop vitaminée et grunge accrocheur, nous plonge dans un monde où Nada Surf, Ethyline, Radish ou Ammonia parlent au plus grand nombre et ne sont pas confinés dans les college radios US ou au rayon bande son de séries pour ados. S'il semble qu'il vaut mieux avoir vécu la fin des années 90 pour apprécier pleinement ce rock gonflé d'énergie et de mélodies, Talia prouve en une dizaine de titres que la recette fonctionne toujours dans les années 2010 (paye ton coup de vieux !) et qu'on peut approcher la quarantaine sans connaître la crise éponyme tout en kiffant un son frais et bien envoyé.
Talia balance du pep's dans tes enceintes mais si les douze compos sont toutes intéressantes et évitent chacune les fautes de goût (même les petits solos passent bien), je n'ai pas trouvé le morceau qui claque, le tube en puissance qui fera chavirer l'auditeur avide de sensations fortes immédiates. L'album dans son intégralité est catchy, bien produit, super agréable, il lui manque juste une bombe à la "Popular", "Wings", "Little pink stars" ou "Drugs", le single qui te forcera à creuser pour découvrir ce que le groupe propose et pas seulement se contenter d'une écoute zapping. Tu l'auras compris, Permanent midlife crisis regorge de bons riffs et de belles mélodies mais tu vas devoir prendre le temps de l'écouter pour l'apprécier et ne pas juger le groupe que sur son clip/single "Every minute every hour" ou un autre titre.