Rock Rock > Tagada Jones

Biographie > Lait fraise

Tagada Jones, line-up 2003 Tagada Jones est plus qu'un acteur de la scène rock en France. Il en est l'une des pièces maitresses. Les chiffres ne font qu'attester cette vérité : 9 ans de vie, plus de 600 concerts à son actif, 18 pays (!) traversés et trois albums. Une sacrée carte de visite. Les Tagada Jones savent où ils mettent les pieds, et à l'instar des groupes indé que notre beau pays a compté, ils ont vite compris que le meilleur moyen de s'en sortir, c'est de mettre en pratique la fameuse théorie du Do It Yourself. Et dieu sait que Tagada Jones a su avancer en se structurant. La création d'Enragés Prod, leur label, puis le développement de Rage Tour, tourneur, et depuis Enrages Publishing. Alors axé uniquement autour des Tagada, ces structures ont pris de l'ampleur et su convaincre des pointures comme Seven Hate, No Place For Soul et autres Black Bomb Ä. Mais revenons au Tagada Jones. Les cinq membres du groupe nous viennent de Bretagne, région plus connue pour ses galettes ses celtes que pour ses punk, quoique... Rennes est tout de même un des principaux bastions pour ces adeptes de mode de vie. Tagada Jones a choisi le punk agrémenté de hardcore, d'électronique et de métal, ah, ces satanés étiquettes. Chanté (et parfois hurlé !) en français, les textes du combo ne sont pas du vulgaire remplissage, et après quelques mini cd et deux brulôts longue durée (Virus et le démoniaque Manipulé) les bretons nous reviennent en cette fin 2003 avec L'envers du décors avec à la clé une tournée impressionante. L'album de la consécration ?

Review Concert : Tagada Jones, La tournée du siècle (avril 2024)

Review Concert : Tagada Jones, Tagada Jones + No One Is Innocent (nov. 2018)

Review Concert : Tagada Jones, Lofo voit rouge à l'Alhambra (avril 2012)

Review Concert : Tagada Jones, Le Bal des Enragés @ la Tannerie (fév. 2010)

Interview : Tagada Jones, Tagada Jones vs Les Sheriff (avril 2024)

Interview : Tagada Jones, Tagada Job voit triple au Hellfest (juillet 2022)

Interview : Tagada Jones, face à face avec Tagada Jones (sept 2020)

Interview : Tagada Jones, Festival de questions pour les Tagada (juillet 2018)

Interview : Tagada Jones, Kass

Tagada Jones / Chronique Best-Of > Trnt

Tagada Jones-TRNT Si, pour le franchissement de ses deux premières décennies d'existence, le gang breton avait marqué chacun de ses jubilés par un combo CD+DVD live (L'envers du tour en 2005 puis 20 ans d'ombre & de lumière en 2013), Tagada Jones célèbre le troisième de bien belles manières, à la fois sur scène et chez ton disquaire.

À l'heure où sont écrites ces lignes, l'actualité du quatuor est foisonnante, entre participation à la Tournée du siècle avec Les $heriff, Dirty Fonzy et, selon les dates, Not Scientists ou Darcy (dont l'ultime épisode Strasbourgeois vous sera narré par votre Gui de Champi préféré) et, lui emboîtant le pas, la nouvelle édition du festival Fontenaisien On n'a plus 20 ans où la tête d'affiche jouera chaque soir dans une configuration différente ("Circus", avec les Bidons de l'An Fer et "Orchestra"), non sans avoir offert à plusieurs autres groupes la possibilité d'ouvrir les hostilités... Moments que l'on rêverait de voir immortalisés en vidéos pour qui ne pourra se rendre à l'une ou l'autre de ces soirées.
Ça, c'est coté scène. Coté studio, les Tagada Jones n'ont pas non plus chômé. Puisque après avoir délivré le clip d'un titre inédit il y a plusieurs semaines ("Le poignard"), ils refont parlé d'eux depuis ce 1er mars avec les sorties concomitantes d'une autre vidéo et d'un nouveau disque, dénommé Trnt, comme "Trente" (succombant à la mode des voyelles en moins), sujet de la présente bafouille.
Si la mention "Best-of" figure bel et bien sur le digipak, le groupe, à la fois artisan d'un écosystème depuis des décennies, le cœur sur la main et sachant se remettre en cause, ne s'est pas contenté de regrouper des morceaux extraits de sa discographie haute, sans compter EP's et lives, d'une dizaine d'albums studio. Niko, Stef, Job et Waner, formant les Tagada depuis environ 10 ans (un anniversaire dans l'anniversaire ?), ont fait bien mieux que cela : ce sont tout bonnement 15 titres du corpus Tagadien, ajoutés au "Poignard", qui ont été ré-enregistrés pour l'occasion ! Autant à 4 ("Zéro de conduite", "Je suis démocratie", "Cargo", "Le feu aux poudres", le sauvetage de "Elle ne voulait pas"...), qu'à bien plus nombreux car c'est accompagnés d'un quatuor à cordes que l'on redécouvre, pour le plus bel effet, "Combien de temps encore ?" (objet du nouveau clip), "Thérapie", "Tout va bien" et "SOS dub", en compagnie des Bidons de l'An Fer que sont revisités tambours-battants "Le dernier baril" et "Nation to nation", et aussi -ce qui a dû donner quelques sueurs froides lors du mixage-, que tout le monde (éloge de la force du collectif, si chère au groupe) est invité à jouer sa partie afin de ré-explorer "ensemble" le terrible "Vendredi 13" et l'excellent "Mort aux cons".

Seul bémol : la tracklist de Trnt, 16 pistes en plus de 50 minutes, expose que Le feu aux poudres (2006), La peste et le choléra (2017) et le petit dernier À feu et à sang (2020) en constituent plus de sa moitié. Ainsi, les aficionados de la première (et de la deuxième) heure en resteront sans doute sur leur faim de n'avoir qu'un nouveau "Hold-up" à se mettre dans les esgourdes (seul titre à rappeler les diverses productions d'avant l'an 2000) tandis que les remises au goût du jour -aussi réussies soient-elles- de "Manipulé" et "SOS dub" peuvent faire regretter de ne pas avoir davantage de matériau en provenance de la séquence composée par les aussi géniaux qu'incontournables Manipulé (2001) et L'envers du décor (2003).

On connaissait le groupe pour sa vindicte acérée, ses engagements, sa générosité et son ouverture à "d'autres sonorités". Avec Trnt, preuve est faite que le quatuor sait se réinventer et s'installer dans la durée. Jusqu'à imaginer Tagada Jones en haut de l'affiche lors d'une future Tournée du siècle dans 10 ans ? Sans conteste, ce serait mérité.

Publié dans le Mag #60

Tagada Jones / Chronique DVD > Le Gros 4

Le gros 4 - coffret DVD C'était gros, c'est encore très gros. Malgré un faux départ avec les restes de COVID, la tournée emmenant Mass Hysteria, No One Is Innocent, Tagada Jones et Ultra Vomit à travers la France et quelques-uns de ses Zéniths s'est élancée au printemps 2022. Après Dijon et Lille (notre live-report dans le Mag #51), c'est à Strasbourg qu'ils ont posé leurs amplis. Captés pour une diffusion sur le tube d'Arte mais aussi pour rester graver en DVD et Blu-Ray, les quatre concerts bénéficient d'un nouveau mixage, plus précis que le "live" et nous sont servis dans un gros coffret. Un emballage superbe, qui, une fois ouvert nous délivre une affichette de la tournée avec les différents crédits au dos et 6 disques, 4 CDs, un par groupe, et 2 DVDs, deux prestations étant à choisir sur chacun, soit le concert en intégralité, soit en sélectionnant directement son morceau préféré. La seule petite remarque négative que je puisse faire, c'est que j'aurais aimé en avoir plus ! Pourquoi pas des photos, une petite vidéo backstage, et pourquoi pas une reproduction de setlist ou de pass, un médiator ou je ne sais quoi... des broutilles mais qui font toujours plaisir aux grands enfants que nous sommes. J'ai bien conscience que ce genre de choses a un coût et que le label a opté pour un beau coffret et un prix mini (à peu près autant que la place de concert pour se refaire la soirée à l'infini, c'est pas mal !).

Les concerts de Strasbourg étant assez similaires à ceux de Lille, je te laisse revoir ma review du live pour avoir mon sentiment sur chaque set, il y a juste un peu plus de featurings ce soir-là et notamment toute l'équipe sur "Furia" et Mouss qui vient accompagner Ultra Vomit sur "Mouss 2 Mass". Je t'avoue ne pas encore être totalement remis de cet inédit et que, rien que pour lui, j'ai tendance à renfourner assez régulièrement le CD (ou le DVD, ça dépend) du live d'Ultra Vomit. Sinon, bien que très fan des No One Is Innocent également, c'est vers Mass Hysteria (oh, quelle surprise) que se tendent mes oreilles. Le mixage du son est énorme, la qualité du montage et des prises de vue est très impressionnante, on ne rate rien des concerts et celui de Mass Hysteria est celui qui m'a le plus touché. Pourtant, j'ai dû les voir plus de 50 fois ces 25 dernières années, même un peu plus car j'ai commencé mon adoration dès mes deux premiers concerts en l'an de grâce 1997, donc je les ai vus et revus et je les connais à peu près par cœur. Les voir sortir le grand jeu pour un set comme celui du Hellfest, bien sûr, mais les voir à un tel niveau scénique en salle et tout en gardant un contact aussi chaleureux avec le public ou les photographes du tout premier rang, mais quelle claque ! Et donc, je ne m'en lasse pas. Ultra Vomit a aussi une scénographie travaillée qui vaut le coup d'œil, l'autre DVD (avec No One Is Innocent et Tagada Jones donc) restera plus souvent dans son étui, il y a un beau travail sur les couleurs et quelques flammes mais rien d'aussi bluffant que pour les deux très gros autres.

Si tu étais au Gros 4, il te faut un souvenir impérissable de cette soirée, il existe désormais. Si tu n'y étais pas, tu as raté une date historique mais tu peux encore te rattraper et pogoter dans ton salon.

Publié dans le Mag #54

Tagada Jones / Chronique LP > A feu et à sang

Tagada Jones - À feu et à sang Tagada Jones fait partie de ces groupes que je respecte essentiellement pour son parcours. La certaine idée de l'indépendance et du do-it-yourself du quatuor rennais s'est concrétisée par une belle réussite pour un groupe de rock en France (c'est-à-dire avec peu d'exposition médiatique et encore moins de reconnaissance du grand public). Un groupe engagé, enragé et à la crédibilité indiscutable. Plus de vingt-cinq piges sans interruption, un line-up stable depuis un bail, des tournées à n'en plus finir partout en France et même ailleurs (ce qui n'est pas négligeable pour une formation chantant en français) et surtout une véritable machine de guerre en live et sur skeud. Respect. Et À feu et à sang, le petit dixième, ne va pas mettre en péril la formule qui gagne.

Et la formule qui gagne est toujours la même (ou presque). Un crossover de rock alternatif, de punk et de metal hurlé/scandé en français où les tubes se mélangent aux brûlots revendicatifs et contestataires. Et quand je parle de brûlot, c'est aussi bien au sens figuré (la musique) qu'au sens propre (les paroles de "À feu et à sang" qui ouvre avec conviction l'album). Tout a été dit ou presque sur Tagada Jones, et pourtant, j'ai toujours plaisir à écouter les nouvelles productions du groupe (même si j'ai tendance à me lasser assez vite du type de chant de Niko Jones). Les amateurs de Tagada Jones ne seront pas décontenancés (même si quelques boucles et sonorités électro bien senties pourraient surprendre), et les nouveaux fans prendront cher avec la succession de knock out. Le champ lexical emprunté par le groupe est (comme toujours) puissant et affirmé (feu-sang-rage-larmes-lion, rien que pour les titres des morceaux), au même titre que la production aux guitares massives et au basse-batterie bien mis en valeur. Les textes sont de véritables pamphlets contre les maux de notre société (mention spéciale à "La biche et le charognard" et son chakal prédateur sexuel), mais non vides de sens. Profondément révoltées, les paroles bousculent plus qu'elles ne critiquent gratuitement sans fondement. Seul bémol : j'ai vraiment du mal à comprendre l'intérêt de "Elle ne voulait pas", titre (mal) chanté avec Didier Wampas en milieu d'album qui fait certes retomber la pression, immédiatement balayé par "De rire & de larmes", le titre qui lui succède, alternatif à souhait en mode béru des temps modernes. Incompréhensible. Rien à voir avec l'alien "Magnitude 13", titre lent et bouleversant, qui aurait pu être l'œuvre de No One Is Innocent et clôturant avec originalité et mélancolie un album gavé de rage et d'espoir. Bravo Messieurs.

Publié dans le Mag #45

Tagada Jones / Chronique LP > Live at Hellfest 2017

Tagada_Jones _Live At Hellfest 2017 L'album live est en passe de devenir une habitude chez Tagada Jones qui semble ne vivre que pour les concerts (quel groupe en France joue autant qu'eux ?). On avait eu le droit à un gros DVD pour leurs 20 ans (20 ans d'ombre et de lumière) puis un Live dissident tour un an après Dissident. Un an après La peste et le choléra on a le droit à ce Live at Hellfest 2017 (oui, il faut mettre l'année pour ne pas confondre avec une autre édition comme le Hellfest 2014 ou un des autres à venir). Et les plus anciens (sic) se souviennent des enregistrements live du début des années 2000 (Manipulé tour et L'envers du tour), une autre époque puisque sur ce concert du 16 juin 2017, aucun "vieux" morceau n'est joué... En effet, pas de "Manipulé", "EcoWar" ou "Le feu aux poudres"... tout ce qui est sorti avant 2011 est archivé et ne sera ressorti que pour les gros concerts ou en tout cas ceux où le groupe aura davantage de temps car ici, c'est un très gros festival et on ne transige pas avec l'horloge, les enragés ont 1h et ne déborderont pas d'une seconde. C'est donc parmi ses 3 derniers albums que Tagada Jones a pioché 14 titres.

La peste et le choléra est bien entendu à l'honneur et l'intro passée, c'est "Envers et contre tous" qui ouvre le bal, il est un poil plus de 18h35, Ministry détruit la MainStage mais c'est à la WarZone que ça se passe pour un public qui est déjà bien chaud (depuis 11h, un festivalier lambda arrivé à l'heure a pu assister aux concerts de Verdun, The Decline!, Betraying the Martyrs, Textures, Animals As Leaders, Helmet et Powerwolf !). Tellement chaud qu'il n'attend pas qu'on lui demande de faire un wall of death et qu'il ne se fait pas prier pour boire un coup ("Yec'hed mad"). C'est évident mais ça joue carré, ce qui l'est moins évident, c'est la qualité du son, le mixage et le mastering ont été réalisés par Niko lui-même et il a su trouver le bon équilibre entre les instrus, son chant et le public, très présent, on est dans l'ambiance de ce début de soirée et on doit s'accrocher car les Bretons ne perdent pas une seconde, enchaînant les morceaux sans trop discuter, balançant une rasade de Dissident ("Instinct sauvage", "Karim & Juliette" et "Tout va bien"), refaisant un petit tour du côté de Descente aux enfers (l'éponyme et "Les nerfs à vif"), d'envoyer un "Vendetta" avant de conclure, en force, avec trois titres qui devraient s'inscrire dans l'histoire de Tagada Jones comme des indispensables pour les concerts des 10 années à venir (au moins). Le tristement beau "Vendredi 13" qui touche tout le monde et pas seulement les Parisiens et les non moins engagés "Je suis démocratie" et "Mort aux cons" qui ne sont pas sans rappeler les grandes heures de Parabellum et de Berurier Noir (d'ailleurs les Ramoneurs de Menhirs les suivront sur cette scène). Comme le public peut chanter (toi aussi, t'as les paroles dans le livret !), le titre s'éternise comme si Tagada voulait continuer de profiter de ces instants magiques partagés avec le public mais timing oblige, il faut faire place nette...

Voilà, encore un live en attendant un nouvel album qui ne devrait pas arriver trop vite vu que 2019 sera une année Bal des Enragés... On peut juste se demander (et leur demander, on le fera) pourquoi avoir choisi ce concert "court" du Hellfest (comme Trust d'ailleurs) alors qu'ils en donnent d'autres parfois plus chauds encore (l'étage à Rennes, Chez Narcisse au Val-d'Ajol, l'Élysée Montmartre à Paris, l'Espace d'Herbauges aux Herbiers...).

Publié dans le Mag #34

Tagada Jones / Chronique LP > Dissident

Tagada Jones - Dissident Mine de rien, les Tagada Jones nous gâtent. A peine digéré le monstrueux album CD/DVD live 20 ans d'ombre et de lumière, que le quatuor breton nous délivre Dissident, un nouvel album haut de gamme dont lui seul a le secret. Réjouissez vous, ça va bourrer !

20 titres (pour 20 ans), des collaborations à foison, (Steph' Buriez Loudblast, Poun BBÄ, Reuno Lofofora, Loran béru et même Guizmo Tryo), des tubes en veux-tu en voilà, la nouvelle bombe punk métal hardcore de Tagada Jones risque d'en laisser plus d'un sur le carreau. Fidèle à lui même, le groupe, toujours enragé, déverse sous des riffs plombés et des rythmes coup de poing, des morceaux jamais dénués de sens quand il s'agit de constater (et de contester) la bêtise humaine et une société ultra individualiste qui ne laisse aucune chance à celui qui ne suit pas le droit chemin qu'on lui inculque dès sa tendre enfance. Tagada Jones, fort de vingt ans d'expérience ("Tous unis"), mêle avec brio le punk ("Liberticide", "Karim & Juliette"), le métal (l'énorme "De l'amour & du sang" qui va faire des ravages dans les fosses, "Vendetta") et le crossover hardcore ("Instinct sauvage" et son clin d'œil à Sepultura), ne lâchant jamais la pression tout au long des 65 minutes de ce Dissident. Si bien que l'ensemble pourrait sembler, au bout d'une écoute complète, quelque peu indigeste à la longue même si, paradoxalement, je ne vois pas de titres qui auraient pu être mis de côté (c'est d'ailleurs suffisamment rare d'avoir autant de matériel dans un seul disque qu'on ne va pas faire les difficiles, hein ?). Tagada Jones est au sommet de son art, fidèle à ses convictions musicales et intellectuelles. En guise de "super bonus" à cette gargantuesque orgie sonore, sept morceaux voient les Tagada croiser le fer avec leurs potes le temps de collaborations prestiges, et même si les titres où interviennent Reuno ("On ne chante pas on crie") et surtout Loran ("Karim & Juliette" dans une version Tagada et une version béru, bonne idée !) sont irrésistibles, le chant de Niko sur les morceaux "classiques" se suffit amplement à lui même.

Avec sa production haut de gamme et ses morceaux taillés pour la scène, Dissident n'a rien à envier aux précédents cartons discographiques des quatre de l'Ouest.Tagada Jones n'a, une nouvelle fois, pas fait les choses à moitié et nous donne rendez-vous pour une tournée qui s'annonce une nouvelle fois triomphale. On n'a pas tous les jours 20 ans, n'est-ce pas ?

Tagada Jones / Chronique DVD > 20 ans d'ombre et de lumière

Tagada Jones - 20 ans d'ombre et de lumière 20 ans déjà qu'eux aussi tournent et retournent les scènes de France, de Navarre et du bout du monde, les Tagada Jones fêtent ça avec un gros DVD "autobiographique" accompagné d'un CD live. On attaque 20 ans d'ombre et de lumière par le gros morceau histoire de bouffer de l'image avec le son. Le menu est bien garni et on ne résiste pas à commencer par le "Zapping" proposé par les Bretons, une dizaine de minutes de morceaux choisis avec des anecdotes, des vannes, des petits moments autour des concerts avec Sven des Parabellum et un sacré ambianceur (Job). Ces images forment un gros bonus au film d'1h30 qui arrivent à amalgamer des images d'archives (et un paquet de vieilles photos et affiches collector), des images récentes et l'évolution du groupe narré par Niko, petit leader à la grande gueule et au coefficient sympathie hors norme. Le tout s'emboîte et se déguste comme un grand documentaire où l'on ne trouve pas le temps de s'ennuyer et où pas mal de monde à la parole... je ne vais pas faire la liste mais tu peux déjà penser que tous les potes du Bal des Enragés -dont il est aussi un peu question- glissent un petit mot. En plus de tout ça, on a le droit à un tour du monde qui nous promène du Canada à l'Asie (Taiwan, Japon) et à travers toute l'Europe et quelque soit l'endroit, on retrouve les Tagada fidèles à eux-mêmes, à penser à leur public mais aussi à déconner. De belles couleurs, un bon son, un montage intelligent, cette auto-vidéo-biographie est un joli plaidoyer pour le punk rock "Do It Yourself" enragé et engagé, on peut faire ce qu'on aime et même plus si on sait se démerder et bosser avec les bonnes personnes... Près de deux heures sont déjà passées mais pas question de faire de pause, on s'enquille 8 titres captés en live au Sylak, au BetizFest, aux Hivernautes, aux Multivilles mais aussi lors de leur 1000ème concert, là, ça date un peu, les images et le son sont de moins bonne qualité mais c'est l'archive qui vaut le détour... Quelque soit le festoche où ont été tournées les images, c'est très propre, par contre il semblerait que le son soit bien retouché pour quelques titres.

Côté CD, les Tagada nous offrent l'intégralité du concert donné au BetizFest de Cambrai en mars 2013, un peu plus d'une heure de show pour les 18 titres qui sont envoyés sans trop de discours (Niko note quand même que la Bretagne et le Nord ont un gros atome crochu en commun et n'oublie pas de remercier tout le monde). Le dernier album en date (Descente aux enfers) est bien entendu à l'honneur, il représente le tiers de la set list ("Les nerfs à vif", "Yech'ed mat", "Descente aux enfers", "Zéro de conduite", "Les connards", "La traque") et se fond tout à fait avec les autres et notamment L'envers du décor et Le feu aux poudres dont les morceaux figurent eux aussi en nombre dans ce concert. Les hits des Rennais sont forcément de la partie, "Manipulé", "EcoWar" ou "Le feu aux poudres" ne laissent pas de répit au public qui dit au revoir au quintet avec en rappel "Les compteurs à zéro" et la traditionnelle reprise des Bérurier Noir "Vivre libre ou mourir". Avec le départ de Séb, une nouvelle page se tourne pour les Tagada Jones qui semblent inoxydables, alors rendez-vous bientôt dans les bacs et sur la route et on espère ne pas devoir attendre 20 autres années pour avoir un beau DVD !

Tagada Jones / Chronique DVD > Le grand retour

le bal des enrages - le grand retour C'était d'abord pour faire la fête sur une date, puis histoire de prolonger le plaisir, ils ont mis une tournée et comme on en redemande, Le Bal des Enragés remet ça régulièrement, avant de les revoir cet été, ils ont passé le long hiver 2012-2013 au chaud dans des salles combles. Lors de huit soirées, ils ont capté leur bonne humeur à reprendre les standards du Rock, du Punk, du Métal, de l'Indus... Devenu un véritable collectif à géométrie variable, on retrouve selon les titres des musiciens que l'on a pu voir ou voit encore avec Tagada Jones, Lofofora, Parabellum, Punish Yourself, Black Bomb Ä, La Phaze ou Loudblast (le petit Stéphane Buriez n'ayant pas pu résister à un tel programme). Une sacrée troupe qui met un sacré bordel sur des putains de chansons.

At(h)ome a la bonne idée (une fois de plus) de coupler le DVD live à un CD live et le disque n'est pas juste la bande son de la vidéo, on y retrouve certes quelques tubes présents sur le DVD mais le tracklisting apporte également 8 "bonus" avec les interprétations enragées de "My generation" des Who (toute basse en avant), du "Can your pussy do the dog" des Cramps (pour ceux qui font bien les chiens), des incontournables "Tostaky" de Noir Désir et "Antisocial" de Trust (dans les deux cas, le public est encore plus réactif), de l'hymne "'God save the Queen" des Sex Pistols, du légendaire "Ring of fire" de Johnny Cash (une chanson douce pour les vieux) ou encore "Maxwell murders" des Rancid et "Gotta go" d'Agnostic Front. Ajoute les covers de grands classiques de Marilyn Manson, Ministry, System Of A Down, Metallica, Sepultura, Berurier Noir ou encoreDead Kennedys et t'as 18 titres pour faire une paire de bornes dans la bagnole avec la banane et en hochant davantage la tête que le chiot posé sur la plage arrière.

Et oui, le gros morceau, c'est le DVD avec sa vingtaine de titres et ses images backstage... Plutôt que de prendre le titre par titre, on lance bien sûr le film et entrons au bal, populaire et enragé. Après l'intro, on se retrouve en balance à La Clef, la setlist est très longue mais avant d'attaquer le son, Reuno se lance dans les premières explications sur l'origine de ce projet de bande. C'est pas tout ça mais le matos ne se décharge pas tout seul, accompagné par la neige et Agnostic Front d'un côté à l'autre de l'hexagone, on découvre le montage de la scène et les derniers réglages avant de mettre le feu... au propre comme au figuré ! Et quand certains chantent sur scène, backstage, ça ne s'arrête pas (de chanter et boire, n'est-ce pas Vx ?), les changements de personnel, d'instruments et de déguisements se font plus en douceur que la distribution de riffs on stage (Rage Against The Machine, "Killing in the name of") où la guerre s'installe (Rammstein, "Feuer frei"). Ca descend de la canette ("Il est des nôtres" qui n'était pas sur la set list officielle) et on passe en mode keupon (Sham 69, "If the kids are united"), le temps de parler un peu des cadrages, du montage et de l'image, à part les plans larges qui sont un peu posés, le reste, c'est filmé comme il est possible de le faire au milieu d'un tel boxon, avec des petites caméras numériques, peut-être qu'un petit traitement sur l'image l'aurait rendu plus chaleureuse, le tout est envoyé de façon très énergique.

Après l'instant cuisine (autruche farcie à la chaussette) et déguisement (Stupeflip et la mise en sècne de "A bas la hiérarchie" oblige), on arrive à l'Alhambra avec un air de piano classique qui en étonnera plus d'un. Quelques pompes plus tard, "Hate to say I told you so" des Hives établit un lien avec Jimi Hendrix et son "Fire", c'est bien plus sympa qu'un plan galère sur une aire d'autoroute... Traverser le pays en tourbus, c'est pas toujours des vacances, celles des Dead Kennedys en Asie ("Holidays in Cambodia"), non plus (les blessures de guerre en témoignent). Quand Vx remonte sur scène, le punk old shcool est souvent de mise, l'amalgame The Exploited ("War") / Uk82 ("Disorder") fonctionne bien, le frigo du bus aussi. Kass et Reuno font la police suite à l'intervention de Lolo le fourbe (prochain héros de Strip-Tease ?) avec un superbe "Montre-moi tes nichons si t'as des couilles" et balancent un "Nice boys don't play rock n' roll" (Rose Tattoo).

On change les jeux de corde, on échange les vieux souvenirs entre Parabellum qui s'auto-reprennent avec "Cayenne". Petite saturation bucolique au Val d'Ajol au cultissime "Chez Narcisse" qui voit du "Beautiful people" débarquer. L'enchaînement entre Marilyn Manson et Ministry semblant naturel, il est conservé ici et on se prend donc "Just one fix" avec autant de bonheur que "La bière" (Les Garcons Bouchers avant de manger et de prendre une petite mirabelle digestive. Klodia prend le micro pour "remplacer" Joan Jett ("Bad reputation"), on reste avec Punish (mais Vx et pas mal de plans de la caméramicro) pour la cover des Stooges ("I wanna be your dog"), on rigole avec quelques vannes entre la poissonnerie et la revue de presse au troquet, la vie en tournée réserve quelques surprises... La très bonne reprise du peu évident "Chop suey" des System Of A Down n'en est pas une, l'enchaînement avec Metallica ("Enter sandman") est casse-gueule mais ça passe à l'aise, entre gens de bonne compagnie, pas de chichis... L'artificier explique un peu son métier et c'est fort logiquement l'explosif "New noise" des Refused qui nous est servi.

Les batteurs s'échauffent dans la séquence suivante parce qu'il va falloir tambouriner pour donner encore plus de relief au "Refuse/Resist" de Sepultura, il y a du monde sur la scène et le son gras tranche avec la guitare sèche (de Moustaki !?) qui déboule backstage l'instant d'après. C'est la fin du film (et du concert), et ce n'est pas Téléphone mais Trust ("Antisocial") qui fait chanter le public. La boucle se boucle avec Berurier Noir ("Vive le feu") et c'est terminé, tu viens de passer 2h20 avec Le Bal des Enragés et tu n'as pas vu le temps passé... Ils sont forts ces enragés !

Chronique Compil : Tagada Jones, In the spirit of total resistance

Tagada Jones / Chronique LP > Descente aux enfers

Tagada Jones - Descente aux enfers
Tagada Jones est un groupe réac' ! Et ouais, ils sont super attachés aux mêmes valeurs depuis toujours ! La critique de la société en mode anar' ("Zéro de conduite", "Le moins que rien"), la défense des grandes idées (la démocratie, l'environnement...), une musique et un chant agressifs et l'amitié (Stéphane Buriez, André Gielen et Niko Jones sont à la prod) : voilà de quoi est faite leur Descente aux enfers. Tagada Jones n'a rien changé depuis 2008 et poursuit donc sur sa lancée à tombeaux ouverts et c'est peut-être là que l'on se lasse. Si le groupe est ultra efficace en live, sur disque, quand on a le temps de se poser et de décortiquer un peu le tout, on se retrouve avec les mêmes thèmes, les mêmes rythmes et leur punk-core n'accroche plus vraiment faute de nouveauté. Ce n'est que sur "La raison" et les deux titres bonus qu'on trouve vraiment du plaisir car on se fait bousculer par la rythmique, les variations de tons et les invités (Hescess et La Phaze) qui mettent joyeusement leur grain de sel et de sable dans la machine Tagada Jones qui sort alors de ses recettes traditionnelles. Dommage que ces bonus soient placés en fin d'album, incorporés à l'ensemble, il lui aurait donné plus de saveur.

Chronique Livre : Tagada Jones, Rock stories : Tagada Jones

Tagada Jones / Chronique LP > 6.6.6

Tagada Jones - 666 Il y a tout juste un bon mois (début février), c'était en quelque sorte le jubilée des Tagada Jones. Pensez donc, le groupe sortait ce 6.6.6 et organisait dans la foulée une fiesta de deux soirs en compagnie de leurs potes de scène et de combat (Lofofora, Parabellum, La Phaze, Burning Heads, Punish Yourself, L'Esprit Du Clan, Condkoï et Le Noyau Dur), histoire de marquer d'un grand coup le 1000° concert des Rennais ! Si, après plusieurs albums, les Tagada Jones nous avaient déjà faits le coup du (DVD) live avec L'envers du tour et des raretés (et inédits) avec The worst of Tagada Jones, ce 6.6.6 s'inscrit en pleine continuité des quatre dernières pistes du Feu aux poudres (des remixes et collaborations) en montrant d'autres aspects du groupe. Puisque "6.6.6" veut dire 6 reprises, 6 inédits, 6 remixes. Comme les enragés en ont décidé ainsi et que c'est assez judicieux d'avoir fait ce choix (trouve-je), c'est dans cet ordre-là que sont livrés ces 18 morceaux, dévoilant l'envers du décors des Tagada Jones...

Le choix des reprises est on ne peu plus clair : keupon, keupon, keupon ! Ça attaque directement avec "Jouer avec le feu" des Sheriff, un morceau tout en tension, lâché par des Tagada habités et en très grande forme. Ensuite, le groupe envoi magistralement l'"Osmose 99" des inénarrables Parabellum et s'en prend avec autant de vigueur à "Quelle sacrée revanche", titre d'une autre pointure de Dock Martens à savoir les regrettés OTH. Histoire de continuer en si bonne voie, Niko libère un gros grain de folie sur "Vivre libre ou mourir" des Bérus et le groupe n'hésite pas à faire flotter le pavillon noir de The Exploited en interprétant leur "Alternative". Enfin, en guise clôture de cette première partie, on a droit à une version un peu (trop ?) édulcorée d'"Antisocial" de Trust.
Après avoir fait honneur à une scène alternative fière en son temps de nager à contre-courant, place aux inédits "made-by-Tagada" ! Tout d'abord, le groupe se fend d'un vibrant "Hommage à Parabellum" sans qui, semble-t-il, les Tagada n'auraient pas eu envie de se jeter dans leur aventure. Suivent un bon p'tit morceau que les Tagada savent faire sans trop se fatiguer ("L'alternative") ainsi qu'un autre ("On roule"), moins inspiré et un poil auto-contemplatif, chose à laquelle on est pas forcément habitués. Mais cette petite baisse de régime s'efface vite devant ce qui suit. En l'occurrence "A qui la faute ?" qui renoue avec le meilleur des Tagada Jones en redonnant les couleurs qu'ils aiment porter et les deux morceaux coécrits. On a à faire à un très grand moment avec "Nation to nation", titre sur lequel s'imbriquent parfaitement Punish Yourself et Tagada Jones, chose paraissant difficilement imaginable, et pourtant ils l'ont fait ! Et à grands coups de blasts, si j'ose dire ! La deuxième collaboration est un léger ton en dessous mais n'enlève rien à l'initiative et a le mérite d'exposer à un autre public les géniaux électro-rappeurs à tendances "fusion" de Cellule X. Le temps passe mais les Tagada Jones ne font pas de ce disque un hold-up, car restent "encore" à assimiler les six remixes.

Et ce sont d'autres sonorités qui sont dévoilées à travers ces remixes, essaimés (avec justesse) du plus énergique au plus atmosphérique. C'est sur une trame plutôt technoïde que Rotator (inconnu au bataillon) a réussi à transformer avec talent "Pavillon noir" tandis que ce sont en voisins des Tagada Jones que X Makeena s'évade avec "Le feu aux poudres" sous le bras pour le libérer de sa carapace alors qu'"Epidémie" a fait l'objet d'excellentes triturations de la part de VDZ Break (membre d'Alif Sound System). Après trois remixes (très) rythmés, les trois derniers ont été axés sur des bases moins rentre-dedans. Ainsi, deux membres de Formal Dehyde se sont attelés à adoucir "Thérapie" tout en conservant le terrible riff de guitare, Yosh a offert une seconde vie à "Cauchemar" en le poussant vers un dub inattendu et Chandora a transfiguré "Kamikaze" en l'orientant sur une piste quelques peu introspective. D'autres aspects auraient encore pu être abordés, mais inutile de s'étendre outre mesure, les Tagada Jones prouvent qu'ensemble, de nouveaux horizons sont accessibles, a profité de l'occasion pour produire (différemment) toujours plus de bruit et a donné une tribune à des artistes dont on aurait pas forcément eu vent. Bref, cela fait maintenant 13 ans et plus de 1000 concerts que les Tagada Jones occupent une place de choix dans le paysage musical et 6.6.6 nous démontre qu'ils sont encore bien là, toujours prêts à agir !

Tagada Jones / Chronique LP > Le feu aux poudres

Tagada Jones : Le feu aux poudres Les Tagada Jones, que l'on ne présente plus, viennent de sortir leur nouvel album Le feu aux poudres, qui comme l'indique assez clairement son titre, s'enflamme à volonté, explose et implose en même temps. 12 titres de feu, plus 4 titres bonus pour la version bonus, des duos ou remixes avec La Phaze, Shane Cough, Bionik Dread et Guizmo.
Tagada Jones surgit cette fois avec un album, à mi-chemin entre un retour au punk et une évolution éléctro-hardcore, une citation reprise de la bio, qui résume en toute justesse l'impression générale de cet album. Un chant écorché, toujours aux taquets, qui donne le cap et embraye dès le furieux "Cargo", et poursuit sans faiblir sur les titres qui suivent. Format punk pour un son métal, trois minutes en moyenne, -main dans la main, peut-être jeune et con-, "La relève" ou "Cauchemar" enchaînent les décibels, guitares solides, basse un peu en retrait, une grosse voix aigüe avec un petit côté Noxious Enjoyment, mais sans les excès.
Tagada Jones serait une coquille métallique sans les paroles corrosives qui sont les leurs, "Cargo" ou "Pavillon Noir", avec une mention spéciale pour ce dernier, une mélodie subtile menée avec maîtrise sur des guitares frénétiques, qui partent en palm-muting condensé pendant le refrain, un chant très en avant, ce "Pavillon Noir" est un peu un étendard pour le style Tagada Jones, punk-métal avec un chant particulier, prise d'otage des mélodies et séquestrations des riffs méchants dans une version orchestrée à la perfection. Que dire alors de "Soleil de feu" qui surgit à cent à l'heure, irradie comme autant de chaudrons d'acier en fusion, un refrain rythmé que l'on se surprend à essayer de chanter, mais la locomotive Tagada Jones va vite, très vite, met le tableau en place, distribue ces baffes et repart avec emportement une fois sa mission terminée.
Le feu aux poudres gardent le meilleur pour la fin, avec l'incendiaire titre éponyme qui embrase toutes les substances inflammables à sa portée, et les titres bonus, notamment "Ensemble" avec La Phaze, ou le surprenant acoustique "Combien de temps encore" avec les troubadours de Guizmo.

Tagada Jones / Chronique LP > L'envers du décor

Tagada Jones - L'envers du décor L'envers du décor. Rien qu'au titre, on a compris que pour leur troisième album, Tagada Jones n'a toujours pas envie de rigoler. Car oui, Tagada Jones n'est pas un groupe qu'on écoute pour évacuer un coup de blues ou pour se remettre d'une peine de coeur. Non, franchement, je ne vous le conseille pas. Enfin, c'est juste un conseil. Pour leur retour en grande pompe, les rennais ont mis les petits plats dans les grands : super pochette, son énorme enregistré dans un studio de leur ville natale, et surtout, supers compos. Bon, il est vrai que le style "Tagada Jones" n'est pas le plus accessible du moment, mais en tout cas, ils n'ont pas eu le bas gout de retourner leur veste comme certains recemment pour jouer l'accessibilité (no comment). Non, pour les Tagada Jones, c'est toujours à fond et surtout toujours fort, très fort. Le chant est si particulier, on adore ou on déteste, mais le coté grosses voix aigues avec le style punk hardore de la musique se mélange à ravir. Les textes sont d'une noirceur mélée à une intelligence remarquable. La politique ("A gauche comme à droite"), les USA ("[D^blju :]"), l'extremisme ("Un kulte"), la télé ("Reality show"), la music business ("Star system") et j'en passe. De ce coté là, pas de soucis, on retrouve bien nos chers Tagada Jones, qui ne parlent pas dans le vide et qui offre un discours qui mérite une réflexion. Ce qui pourrait sembler quelque peu nouveau et qui, paradoxalement, fait la force de ce nouveau disque, c'est cette volonté des rennais d'incorporer à leur morceaux durs et parfois malsains une pincée de mélodie. Une pincée, bon, tout est relatif, les Tagada Jones ne la joue pas dans la lignée de toutes les merdes qu'on peut entendre à longueur de journée, mais des titres comme "Ecowar" ou "A gauche comme à droite" trouvent leur force dans ces refrains et autres passages qui marquent une certaine évolution chez le quintet, marquant les esprits avec une certaine pointe de mélodie, ce qui rend la colère et la puissance du reste des morceaux encore plus flagrant ! Mais Tagada Jones, c'est aussi des compos encore plus maitrisées, compositions sans aucun défaut. A coup sur, L'envers du décor est le disque de la maturité, qui plairont aux afficionados de métal et de punk. Oui, oui, on peut aimer les deux, je vous le confirme. Ne pas faire de bruit que poru faire du bruit, voilà une devise qui va si bien à Tagada Jones. Preuve en est ce "S.O.S. Dub", morceau comme son nom l'indique plus électronique que sa version hardcorisée présente sur le disque, mais avec la même intensité et le même sentiment de malaise qui s'en échappe. OUf !!!! Il ne vous reste plus qu'à aller prendre une claque en concert, car Tagada en live, c'est quelque chose, croyez moi ! Le son et le visuel, deux atouts pour les bretons. Et puis, pas d'excuse, avec 80 concerts par an, pas possible de les louper !