Tagada Jones - 666 Il y a tout juste un bon mois (début février), c'était en quelque sorte le jubilée des Tagada Jones. Pensez donc, le groupe sortait ce 6.6.6 et organisait dans la foulée une fiesta de deux soirs en compagnie de leurs potes de scène et de combat (Lofofora, Parabellum, La Phaze, Burning Heads, Punish Yourself, L'Esprit Du Clan, Condkoï et Le Noyau Dur), histoire de marquer d'un grand coup le 1000° concert des Rennais ! Si, après plusieurs albums, les Tagada Jones nous avaient déjà faits le coup du (DVD) live avec L'envers du tour et des raretés (et inédits) avec The worst of Tagada Jones, ce 6.6.6 s'inscrit en pleine continuité des quatre dernières pistes du Feu aux poudres (des remixes et collaborations) en montrant d'autres aspects du groupe. Puisque "6.6.6" veut dire 6 reprises, 6 inédits, 6 remixes. Comme les enragés en ont décidé ainsi et que c'est assez judicieux d'avoir fait ce choix (trouve-je), c'est dans cet ordre-là que sont livrés ces 18 morceaux, dévoilant l'envers du décors des Tagada Jones...

Le choix des reprises est on ne peu plus clair : keupon, keupon, keupon ! Ça attaque directement avec "Jouer avec le feu" des Sheriff, un morceau tout en tension, lâché par des Tagada habités et en très grande forme. Ensuite, le groupe envoi magistralement l'"Osmose 99" des inénarrables Parabellum et s'en prend avec autant de vigueur à "Quelle sacrée revanche", titre d'une autre pointure de Dock Martens à savoir les regrettés OTH. Histoire de continuer en si bonne voie, Niko libère un gros grain de folie sur "Vivre libre ou mourir" des Bérus et le groupe n'hésite pas à faire flotter le pavillon noir de The Exploited en interprétant leur "Alternative". Enfin, en guise clôture de cette première partie, on a droit à une version un peu (trop ?) édulcorée d'"Antisocial" de Trust.
Après avoir fait honneur à une scène alternative fière en son temps de nager à contre-courant, place aux inédits "made-by-Tagada" ! Tout d'abord, le groupe se fend d'un vibrant "Hommage à Parabellum" sans qui, semble-t-il, les Tagada n'auraient pas eu envie de se jeter dans leur aventure. Suivent un bon p'tit morceau que les Tagada savent faire sans trop se fatiguer ("L'alternative") ainsi qu'un autre ("On roule"), moins inspiré et un poil auto-contemplatif, chose à laquelle on est pas forcément habitués. Mais cette petite baisse de régime s'efface vite devant ce qui suit. En l'occurrence "A qui la faute ?" qui renoue avec le meilleur des Tagada Jones en redonnant les couleurs qu'ils aiment porter et les deux morceaux coécrits. On a à faire à un très grand moment avec "Nation to nation", titre sur lequel s'imbriquent parfaitement Punish Yourself et Tagada Jones, chose paraissant difficilement imaginable, et pourtant ils l'ont fait ! Et à grands coups de blasts, si j'ose dire ! La deuxième collaboration est un léger ton en dessous mais n'enlève rien à l'initiative et a le mérite d'exposer à un autre public les géniaux électro-rappeurs à tendances "fusion" de Cellule X. Le temps passe mais les Tagada Jones ne font pas de ce disque un hold-up, car restent "encore" à assimiler les six remixes.

Et ce sont d'autres sonorités qui sont dévoilées à travers ces remixes, essaimés (avec justesse) du plus énergique au plus atmosphérique. C'est sur une trame plutôt technoïde que Rotator (inconnu au bataillon) a réussi à transformer avec talent "Pavillon noir" tandis que ce sont en voisins des Tagada Jones que X Makeena s'évade avec "Le feu aux poudres" sous le bras pour le libérer de sa carapace alors qu'"Epidémie" a fait l'objet d'excellentes triturations de la part de VDZ Break (membre d'Alif Sound System). Après trois remixes (très) rythmés, les trois derniers ont été axés sur des bases moins rentre-dedans. Ainsi, deux membres de Formal Dehyde se sont attelés à adoucir "Thérapie" tout en conservant le terrible riff de guitare, Yosh a offert une seconde vie à "Cauchemar" en le poussant vers un dub inattendu et Chandora a transfiguré "Kamikaze" en l'orientant sur une piste quelques peu introspective. D'autres aspects auraient encore pu être abordés, mais inutile de s'étendre outre mesure, les Tagada Jones prouvent qu'ensemble, de nouveaux horizons sont accessibles, a profité de l'occasion pour produire (différemment) toujours plus de bruit et a donné une tribune à des artistes dont on aurait pas forcément eu vent. Bref, cela fait maintenant 13 ans et plus de 1000 concerts que les Tagada Jones occupent une place de choix dans le paysage musical et 6.6.6 nous démontre qu'ils sont encore bien là, toujours prêts à agir !