Réalisée le 29 septembre 2020, à un mois pile de la sortie de l'album, cette interview avait pour but de confronter Niko à des questions d'une auditrice de Tagada Jones (Laurène) qui les suit depuis des années ainsi qu'à des questions d'un interviewer plus expérimenté. Le tourbillon #musictoo qui a embourbé Rage Tour aurait pu compromettre la sortie de cette interview. Par respect pour le groupe, le label et ceux qui les entourent, voici l'entretien que nous avons eu.
On est en plein Covid, on nous annule tout. C'est quoi le ressenti ?
Alors pour Niko le chanteur c'est la frustration parce qu'on a envie maintenant d'aller présenter l'album. Et puis, dans un premier temps, on va faire les deux dates du Trianon (l'interview a eu lieu avant l'annonce du reconfinement...)... mais avec les règles sanitaires. Pour l'instant, c'est ainsi.
J'ai discuté avec pas mal de gens sur les réseaux qui m'ont dit oui aux concerts assis, On préfère communiquer la date assise plutôt que d'annuler. Dans ces conditions, ceux qui n'ont pas envie de venir, ne viendront pas. La frustration est là. Ne pas pouvoir jouer nos morceaux sur scène. Si on crée des morceaux, ce n'est pas pour les jouer dans notre local de répète ou les mettre sur un disque. C'est pour les présenter au public en live. Donc, c'est un peu un peu chiant.
Et puis après pour Niko le tourneur, c'est de la frustration parce qu'on fait que des reports de report, on est déjà au deuxième report. Il y a un côté un peu magique dans ce métier, tu mets les projets en place. Et en ce moment, tu ne sais pas. Il y a une effervescence autour de tout ça qui fait que là, on est frustré parce que tout ça, c'est coupé, ça s'arrête. Et puis, au bout d'un moment, tu reçois un coup de fil qui va être encore un report. Tu ne sais pas. Ce n'est pas enrichissant, c'est pas valorisant, c'est pas motivant. Mais après, je ne me plains pas du tout parce que je ne suis pas du tout de nature à me plaindre. Et puis, il y en a pour qui c'est bien pire que nous.
Nous, on sait que nous, on a construit ça depuis tellement longtemps. Maintenant, c'est largement assez costaud pour survivre. Si ça dure deux ans, on attendra deux ans et il y a quand même des aides.
Je ne dis pas que c'est une période facile, mais ce n'est pas non plus compliqué. On n'est pas du tout au bord du gouffre. Alors qu' il y en a pour qui c'est bien plus compliqué. Et je ne parle même pas des gens qui sont malades ou qui perdent des proches.
Pour revenir à l'album et aux choses positives, comment s'est passé l'enregistrement ? De mémoire, vous avez fini pendant le confinement...
On a fait deux périodes. C'était déjà prévu en deux périodes. En fait, comme on voulait sortir un morceau pour notre festival anniversaire du mois d'avril, le On n'a plus 20 ans, on avait déjà enregistré en février une première session. On avait fait un bon tiers de l'album et la deuxième partie devait commencer fin mars. Sauf qu'évidemment confinement oblige, on a repoussé d'un mois. Je ne vais pas mentir, on a un peu avancé le déconfinement, d'une dizaine de jours et on a enregistré fin avril. On a commencé fin avril plutôt que fin mars.
Après, je dirais que c'est quand même un moindre mal. Pour nous, ce n'était pas compliqué. Moi, j'avais le studio, j'ai fait un ou deux titres en plus. Et puis trois petits arrangements supplémentaires. Quand on s'est revu, on a fait un ou deux titres tous ensemble. C'est un peu un instantané. On avait pris un mois de retard, mais c'est rien. En fait, on s'en fout, c'est du temps. Et puis, on avait largement le temps. Il aurait pu sortir fin septembre, comme on l'avait prévu au début. Juste après, on s'est posé la question de donner une date.
Même déconfinés, on ne sait même pas ce qu'il en est de la distribution dans les magasins. On avance, donc on a décidé de faire le 30 octobre. On s'est dit tant pis, on le sort, l'album est prêt comme ça. Le mixage a pris un peu de retard parce que le gars qui mixe a subi un phénomène d'entonnoir car tous les gens avaient pris un peu de retard, tout est arrivé au même moment chez lui. On avait un mois de retard à la fin de l'enregistrement. On avait deux mois de retard à la fin du mixage, mais c'est rien. Comme on avait fait ça en temps et en heure, on aurait pu sortir l'album le 30 septembre si on voulait. Et puis, au final, on a décidé de garder la date du 30 octobre et je dirais que l'enregistrement n'a pas vraiment mal vécu la chose. On va donner un peu plus de temps pour nous. Pour la compo, ça vous a permis de changer de titre. C'est rigolo l'album devait s'appeler Hors norme. Et puis, on a décidé de l'appeler A feu et à sang après le confinement.
"La rage", c'est le premier titre de l'album. On l'a toujours au bout de 25 ans de carrière ?
Alors moi, oui, ça, c'est sûr. D'abord, c'est le premier titre qui sort parce que c'est aussi le premier morceau que j'ai eu envie d'écrire pendant la tournée La peste et le choléra. On a vécu le mouvement des gilets jaunes, on a vécu plein de choses, la récupération... Moi, ce que j'ai beaucoup aimé dans ce mouvement, c'est d'abord un mouvement qui est venu de la rue. Et j'ai beaucoup aimé la diversité des gens qui faisaient partie du mouvement. Beaucoup moins aimé la récupération politique derrière. Mais bon, c'est comme ça et j'avais envie de faire un morceau. C'est un des premiers morceaux que j'ai écrit et en plus, avec une méthodologie. Il ne faut pas se cacher des 25 ans qu'on joue. On a toujours la même rage et parfois, à écouter des albums de groupe 20-25 ans après, ils sont un peu ramollis, à côté de la plaque ou alors sortent un album identique avec pas beaucoup de différence. Donc, je me suis donné une espèce de challenge qui est d'écrire des choses de manière très différente et donc pour "La rage, j'ai mis un fond, c'est carrément une boîte à rythme Hip Hop et j'ai fait mon texte là-dessus. Après, on a mis la musique dessus et ce qui est assez rigolo, ce qui n'était pas prévu, c'est qu'on a quand même gardé un petit break Hip-Hop. Parce que les gars, ils ont vraiment bien aimé. Bref, c'est un exemple. Il y a plusieurs choses comme ça qu'on a fait dans l'album. On a essayé de "se renouveler", ça fait partie de ce côté d'avoir la rage dans le fond de nos convictions qui restent les mêmes que depuis le début. Et puis, malheureusement, pas beaucoup de sujets ont avancé positivement. Mais même dans la façon de vouloir se défendre, de vouloir faire les choses. Et voilà, c'est ce titre là. Il a été composé de manière très différente et a été un des premiers textes qui m'est venu. Je l'ai écrit d'ailleurs bien avant qu'on commence à enregistrer et c'est pour ça qu'on a voulu sortir ce titre en premier. C'était important pour moi aussi. Ça n'arrive pas trop longtemps après le mouvement Gilet jaune, c'était une suite logique que ce soit le premier titre de notre album. Proche de nos idées, il faut être réaliste aussi quand même.
Et le fait de voir tous ces fans qui, avec les teasers, ont envoyé autant de vidéos...
C'était émouvant. Parce qu'avant l'annonce du Covid, on avait l'idée d'un clip qui justement devait montrer la diversité. On avait loué un grand entrepôt, il y avait plein de gens qui venaient et des figurants pour montrer la diversité. Malgré le covid, on devait faire le clip. On a eu cette idée de demander aux gens de se filmer. On s'est dit ça va peut être être un peu plus restreint, vu, qu'on utilise un seul vecteur de communication et qu'on va avoir que notre public... Mais après, on s'est dit que notre public est quand même assez différent et aussi assez diversifié. Donc quelque part, ça devrait aller et on a été hyper agréablement surpris par la diversité des gens qui font partie du clip. Et on a été plus que ravi du raz-de-marée de tout ce qu'on a reçu. On s'attendait à avoir 500 vidéos en une semaine. C'est ce qu'on avait besoin. On a reçu 3500 vidéos en deux jours ! Là, par contre, ça a été arrêté.
Ce qui fait que moi, je n'ai pas eu le temps de le faire ! Je me disais que le créneau ouvert me laissait le week-end. Et puis, j'ai vu le truc fermé au bout de deux jours. Bon, bravo les Tagada, vous avez su mobiliser.
Oui, en plus, ça tombait bien, les gens étaient tous chez eux, donc ça donnait une petite activité...
Moi, j'en avais des frissons, voir tous ces gens. C'est "La rage" !!!
En ce moment, je fais pas mal d'interviews. Je dis même si aujourd'hui, la CoviD, ça détourne l'attention de beaucoup de choses. Le terreau est là. C'est à dire qu'il ne faut pas oublier que tous ces gens ont été dans la rue, c'est encore là en eux parce que ça a été étouffée, c'est ce que je dis dans le morceau. La rage a été étouffée, mais c'est pas pour autant qu'elle n'est plus présente chez les gens.
Malheureusement, je pense encore que ce sera encore plus sévère quand elle va ressortir.
Je prends l'exemple de Marseille, je ne sais pas quand ça va finir, mais ce n'est pas dit qu'à un moment, les restaurateurs tapent du poing sur la table. Au moins, arrêtez vos conneries. Nous, on veut rester ouvert. Le débat est compliqué, mais il y a des choix politiques qui sont complètement insensés. Moi, je comprendrais que des gens tapent du poing sur la table. Moi, je me suis posé la question qu'on fasse un concert sauvage. C'est une question qui nous, de part notre ADN, nous turlupine. C'est trop compliqué ne de pas jouer un moment. Je pense qu'on pourrait le faire.
C'est ce qu'on disait, entrer dans la clandestinité, dans des petites salles de concert.
Le problème, c'est que la clandestinité n'est pas encadrée et que ça risque de générer des clusters...
Donc il y a toujours ce fait là. Nous ou tout notre entourage m'ont dit : après vous, "vous êtes responsable en tant que groupe et producteur". Voilà, on verra ce que ça va donner, mais c'est un autre débat.
Il y a ce côté punk et revendicatif chez Tagada, un côté Charlie mais tous les pays ne permettent pas d'avoir un Charlie Hebdo. C'est toujours cette dichotomie qu'on peut avoir entre la revendication et dire comme disait Churchill, la démocratie est un mauvais système, mais c'est moins pire par rapport aux autres.
Moi, j'ai aucun problème avec ça. Quand on écrit je suis démocratie, je le pense. En fait, j'ai toujours dit qu'on avait des idées anarchistes, mais on est quand même pour la démocratie, la démocratie sur le papier. Je ne dis pas ce qui en fait sur le papier, c'est quelque chose de beau. Dire que c'est quand même le pouvoir donné au peuple. Après, je ne dis pas que je suis d'accord avec le système politique et toutes les dérives. Et on sait bien que ça ne va pas dans les bons tuyaux et ça ne s'est pas fait comme ça devrait être fait. Mais la démocratie, c'est quelque chose de bien. En tout cas, c'est quoi la démocratie ? Par rapport à la dictature, c'est un bon système. Et j'ai aucun souci à le dire. Il y a des gens qui nous ont craché dessus, mais on s'en fout. Moi, j'ai toujours dit ce que j'avais à dire. Les gens ont le droit de penser ce qu'ils veulent ! Ce qu'on veut et on l'a dit par rapport à Charlie, je suis démocratie. Les paroles, ça parle de Charlie Hebdo et on se retrouve aujourd'hui effectivement à avoir une liberté qui se réduit comme peau de chagrin. C'est ce que je dis. Et Charlie Hebdo, c'était un des derniers gros défenseurs. Là, on parle effectivement d'extrémistes religieux et de radicalisation des gens. Je ne suis pas religieux, je suis plutôt laïc. Mais après, j'accepte que les gens aient bien le droit de pratiquer la religion qu'ils veulent. Mais comme on dit tout le temps, la liberté s'arrête là où commence celle de ton voisin. Il ne faut pas surtout essayer d'imposer ta religion aux autres. C'est quelque chose qu'on continuera de penser.
Un mot aussi pour "La biche et le charognard"...
Je l'ai écrit bien avant le confinement. On a vu une explosion des violences conjugales... Mais il y a deux choses dans le titre.. T'as le premier sens. C'est un peu le côté bestial de certains, certains hommes, qui s'apparentent plus à des animaux qu'à autre chose. Et puis, un second côté est aussi le côté attentiste des gens qui peuvent le voir et qui font rien. C'est presque plus ça que je critique. On a tous, dans notre entourage, été témoin de gestes limite limite. Et puis on ne dit rien et on ne fait rien. Et puis, c'est peut être le fait de ne rien faire qui, au bout d'un temps, je ne dis pas que c'est de notre faute s'il se passe quelque chose. Mais en tout cas, peut être que si on dénonçait un peu plus ou qu'on faisait pour que ça ne se passe pas, petit à petit ça irait peut-être un peu mieux, c'est de côté là aussi que l'on critique. La critique de l'attentisme par rapport à ça.
Certains n'ont pas attendu pour choper l'édition limitée, tout est parti en quelques heures...
On s'est posé la question, si on faisait une édition limitée, notamment du vinyle. Les gens se jettent de plus en plus sur les vinyles et on disait là, on fait des précommandes, on les envoie dans un mois. Donc on n'avait pas tout mis. On se dit on en garde un peu. Même pour nous. Pour en avoir au Trianon. Sauf qu'on ne s'attendait pas à cet engouement. Et oui, c'est assez incroyable.
Mais est ce que ce n'est pas non plus ouvrir le flanc aux détracteurs qui vont dire regarder Tagada, ils sortent une box, plusieurs éditions...
Moi, j'ai eu ma réponse toute faite et les gens peuvent être dubitatifs. Maintenant, ils peuvent pas être dubitatifs sur ce qu'on fait depuis 25 ans. Ça fait 25 ans qu'on organise des foires aux disques à Rennes. On en est rendu à la 50ème édition. Qu'on vienne pas me dire qu'on n'est pas collectionneur de disques, on a toujours fait ça. Le premier album de Tagada est déjà sorti en vinyle. Même quand ce n'était pas du tout la mode des vinyles, on a tout sorti en vinyle. On a toujours fait ça. Et c'est l'esprit. Moi-même, je sais que comme je suis collectionneur, je suis hyper content d'avoir des produits rares.
On a toujours fait ça
Et les fans sont demandeurs puisque tout est parti en quelques heures...
Quand on réédite des disques, on fait toujours une différence, c'est vraiment un truc de collectionneur plus que commerce ! Même si il y a forcément un côté commercial dans la vente de disques, faut pas non plus être complètement con.
Peut être une question qui est apparue quand on a eu le tracklist complet avec les featurings, puisque je voulais faire un lien avec La Phaze et "Avoir 20 ans". La Phaze ressort un disque, ils t'ont demandé de venir chanter dessus, ainsi que Didier Wampas. Peut-être qu'on peut parler plus de la communauté rock, que ça soit avec les No One sur Frankenstein ou ne serait-ce que cette superbe date au Zénith... C'était quand même une super super belle affiche...
Ouais, c'est comme une grande famille. Je pense que nous, on aide un peu avec Tagada. Des fois, c'est drôle. On a même recréé des liens entre des groupes qui ne se parlaient pas. On ne peut pas citer de noms. On est vraiment bien avec tout le monde. On a recréé des liens. Et maintenant les groupes se parlent et s'apprécient. C'était des clichés à la con.
Et Le Bal des Enragés ? Je suis fan de ces moments. On retrouve des amis qui aiment jouer et des morceaux dont on est tous fans !
C'est vrai que c'est la convivialité même dans la grande famille rock. En fait, on est tous dans le même bateau. Moi, j'ai toujours trouvé complètement stupide de tirer la couverture à soi. Il y a plein de groupes qui font ça, se faire un peu la compétition, se tirer la bourre, tout ça. On n'est pas du tout dans ce schéma là et force est de reconnaître qu'avec le temps, il y a plein de gens qui viennent plutôt que de continuer à rester tout seul.
Et quand tu vois qu'il y a eu deux Zénith à quelques semaines d'intervalle ?
Oui, mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Mass Hysteria, c'était leur idée. Et puis, les prochaines dates qu'on va faire au Zénith, ils reviennent avec nous. C'est une grosse fête aussi. Il faut être réaliste. Même eux, ils le savent très bien, ils ont fait des erreurs, des erreurs de choix, de stratégie. C'est comme ça. Y'a que les cons qui ne changent pas d'avis ! Les prochaines dates, on va les faire tous ensemble et ça, c'est vachement bien.
Et les featurings alors ?
Je pense que c'est important pour moi. Le premier morceau que j'ai appris à la guitare, c'est un morceau des Wampas. C'est comme ça que j'ai appris jouer de la guitare, donc c'était important. Didier, on l'a croisé plein de fois... les plannings faisaient que ça collait pas vraiment. Là, on a fait un morceau qui est vraiment l'ADN des Wampas. C'est moi qui l'ai écrit et on était hyper content. Même lui était super content de venir faire le titre avec nous.
Damny, pour moi, c'est quand même un super pote. On a beaucoup fait de choses avec La Phaze déjà. On a fait des morceaux ensemble. Moi, j'ai chanté sur un de leurs titres. Il a fait deux morceaux de deux lignes instrumentales avec des machines sur les sons de notre album.
Y'a Punish Yourself aussi, avec "Le dernier baril". On lui a demandé un son d'univers indus et je pense que c'est important pour nous de partager. Nous, on est comme ça et on préfère être plein de copains. On ne va pas réitérer en permanence des morceaux toujours avec les mêmes mecs, mais avec nos potes de la famille, on est content de faire des morceaux ensemble. Et puis, comme on est content de monter sur scène ensemble, on fait Le bal des Enragés.
Il y aurait dû en avoir plus des featurings, mais avec la Covid, on en a eu un peu moins. Il y avait notamment un truc qui était très avancé avec Skof, mais il n'a pas pu venir. Ce sera pour plus tard. Les projets ne sont que reportés.
On peut parler de la pochette de l'album parce qu'elle questionne un petit peu, c'est très inspiré de Banksy.
C'est forcément inspiré. Mais c'est pas de lui. La petite histoire c'est que pour l'album précédent, ça devait être une pochette street art. Comme ça, on hésitait entre deux. Finalement on a fait l'autre. Ce qui nous avait fait pencher pour la pochette, aujourd'hui c'est ce qui nous fait, a contrario, pencher sur celle-ci. A l'époque, la pochette street art n'était pas assez évocatrice, alors que là, c'est très évocateur A feu et à sang. Une petite gamine avec le jerricane, c'est assez réussi. C'est ce que je dis à tout le monde. C'est réussi parce que si tout le monde dit que c'est d'inspiration Banksy, c'est que c'est réussi. En plus, c'était rigolo parce qu'on y a vu tout un concept. Il n'y avait pas trop le droit de faire des tracts, on a fait des pochoirs. Il y a tout un truc où on va jusqu'au bout du délire. Et puis, il y a vraiment le fait que le street art, ça part d'une contre culture. Et c'est là où on se retrouve vraiment dans les idées de cœur de Tagada. Ça faisait longtemps qu'on voulait faire un délire street art, même sur scène. On va pousser ce côté là aussi parce que c'est proche de nous et de notre culture. Voilà tout simplement notre façon de faire, notre façon de penser.
Petite question sur le prochain clip. J'ai vu que Monique Mouche était de la partie. C'est parce qu'il n'y a pas eu de Hellfest et vous aviez envie d'un petit décor un peu urbain.
On est allé à fond dans chaque titre... quand on a fait "De rires et de larmes" un morceau qu'on a écrit pour notre sonorisateur qui est décédé à 33 ans. Le plus jeune d'entre nous. Il est mort d'un cancer. Voilà l'injustice totale. On est tous là à taper du poing sur la table, mais on n'y peut rien. Puis, la vie continue. On est allé jusqu'au bout de ce titre-là, avec une esthétique poussée aussi. Et "Le dernier baril" à fond aussi dans l'esthétique.
C'est vraiment à chaque fois aller jusqu'au bout des choses et Monique Lamouche, c'est un pote à nous. Ça faisait longtemps qu'on parlait de faire des trucs avec lui.
Pareil, les tambours, c'est les Tambours de l'enfer. C'est une équipe qui devait jouer au festival. Ils viendront d'ailleurs... Lamouche, c'est lui qui fait tout les décors du Hellfest. ça fait quinze ans qu'on parle de faire un truc ensemble. C'était le bon thème.
On peut y croire au 10 avril 2021, date du dernier report du festival On n'a plus 20 ans ?
Franchement, j'espère.
Quel peut être le mot de la fin pour nos lecteurs?
On a bien hâte de retrouver tout le monde sur scène ! On fera au moins les deux concerts du Trianon sauf si interdiction totale, mais on les fera au moins, même si il faut que le public soit assis. On voit plus ça comme deux concerts un peu exceptionnels de sortie d'album. Je ne dis pas que s'il fallait faire que des tournées comme ça, on le ferait. Mais bon. Deux concerts un peu exceptionnels comme ça, on va le faire et on a bien hâte de retrouver tout le monde. Et puis surtout, de pouvoir retrouver tout le monde dans des conditions normales de concert pour faire la fête tous ensemble.
Merci à Niko, aux Tagada Jones, à Laurène ainsi qu'à At(h)ome.
Photo : Mathieu Ezan
Publié dans le Mag #46