L'album live est en passe de devenir une habitude chez Tagada Jones qui semble ne vivre que pour les concerts (quel groupe en France joue autant qu'eux ?). On avait eu le droit à un gros DVD pour leurs 20 ans (20 ans d'ombre et de lumière) puis un Live dissident tour un an après Dissident. Un an après La peste et le choléra on a le droit à ce Live at Hellfest 2017 (oui, il faut mettre l'année pour ne pas confondre avec une autre édition comme le Hellfest 2014 ou un des autres à venir). Et les plus anciens (sic) se souviennent des enregistrements live du début des années 2000 (Manipulé tour et L'envers du tour), une autre époque puisque sur ce concert du 16 juin 2017, aucun "vieux" morceau n'est joué... En effet, pas de "Manipulé", "EcoWar" ou "Le feu aux poudres"... tout ce qui est sorti avant 2011 est archivé et ne sera ressorti que pour les gros concerts ou en tout cas ceux où le groupe aura davantage de temps car ici, c'est un très gros festival et on ne transige pas avec l'horloge, les enragés ont 1h et ne déborderont pas d'une seconde. C'est donc parmi ses 3 derniers albums que Tagada Jones a pioché 14 titres.
La Peste et le choléra est bien entendu à l'honneur et l'intro passée, c'est "Envers et contre tous" qui ouvre le bal, il est un poil plus de 18h35, Ministry détruit la MainStage mais c'est à la WarZone que ça se passe pour un public qui est déjà bien chaud (depuis 11h, un festivalier lambda arrivé à l'heure a pu assister aux concerts de Verdun, The Decline!, Betraying the Martyrs, Textures, Animals As Leaders, Helmet et Powerwolf !). Tellement chaud qu'il n'attend pas qu'on lui demande de faire un wall of death et qu'il ne se fait pas prier pour boire un coup ("Yec'hed mad"). C'est évident mais ça joue carré, ce qui l'est moins évident, c'est la qualité du son, le mixage et le mastering ont été réalisés par Niko lui-même et il a su trouver le bon équilibre entre les instrus, son chant et le public, très présent, on est dans l'ambiance de ce début de soirée et on doit s'accrocher car les Bretons ne perdent pas une seconde, enchaînant les morceaux sans trop discuter, balançant une rasade de Dissident ("Instinct sauvage", "Karim & Juliette" et "Tout va bien"), refaisant un petit tour du côté de Descente aux enfers (l'éponyme et "Les nerfs à vif"), d'envoyer un "Vendetta" avant de conclure, en force, avec trois titres qui devraient s'inscrire dans l'histoire de Tagada Jones comme des indispensables pour les concerts des 10 années à venir (au moins). Le tristement beau "Vendredi 13" qui touche tout le monde et pas seulement les Parisiens et les non moins engagés "Je suis démocratie" et "Mort aux cons" qui ne sont pas sans rappeler les grandes heures de Parabellum et de Berurier Noir (d'ailleurs les Ramoneurs de Menhirs les suivront sur cette scène). Comme le public peut chanter (toi aussi, t'as les paroles dans le livret !), le titre s'éternise comme si Tagada voulait continuer de profiter de ces instants magiques partagés avec le public mais timing oblige, il faut faire place nette...
Voilà, encore un live en attendant un nouvel album qui ne devrait pas arriver trop vite vu que 2019 sera une année Bal des Enragés... On peut juste se demander (et leur demander, on le fera) pourquoi avoir choisi ce concert "court" du Hellfest (comme Trust d'ailleurs) alors qu'ils en donnent d'autres parfois plus chauds encore (l'étage à Rennes, Chez Narcisse au Val-d'Ajol, l'Élysée Montmartre à Paris, l'Espace d'Herbauges aux Herbiers...).
Publié dans le Mag #34