Comme un chien ayant gouté aux désagréments d'un orage rigoureux (surement l'une des possibles approches à considérer dans la compréhension de son artwork), l'univers de Tabatha Crash secoue par ses mouvements imprévisibles et violents dans un deuxième disque nommé Twist, sorti en novembre via Araki Records et Zéro égal petit intérieur. Composé d'ex-membres de Sons of Frida, ce trio poursuit sa sauvage aventure musicale après un EP inaugural sorti il y a plus de trois ans. Le groupe nous offre six nouveaux titres d'obédience post-punk avec une touche de noise-rock qui risque de réveiller ton voisinage. Évidemment, loin de cette danse d'un ancien temps qu'on aimait pratiquer du côté de Saint-Trop', Twist s'adresse plutôt aux amateurs des scènes rock indépendantes, expérimentales et bruitistes des années 80 qui ont été "démocratisées" dans les 90's. D'emblée, "Fearless" nous rappelle Fugazi, de par cette façon de chanter typique de Picciotto, mais également de par cette tension rugueuse et dynamique des guitares et des structures, qui avouons-le, désarçonne par ses abruptes changements. Comme si les compositions avaient été faites dans l'urgence la plus totale, pire : comme si Twist n'était finalement qu'une maquette en cours présageant l'ambiance du prochain album (oui, car le sujet ici n'a que 6 titres), aussi je suis même intimement convaincu que ce disque aurait pu bénéficier d'une meilleure production.
Après la découverte de "Fast end", sorte de soft noise-rock faite de cassures et de riffs rapides à la Sonic Youth, on ne sait toujours pas vraiment quoi penser de ce Twist, ce n'est vraiment qu'à partir de "Safe", c'est à dire à la quasi moitié du disque, que l'on commence à s'acclimater, apprécier et à comprendre la substantifique moelle de la direction musicale entreprise par les Parisiens. Comme si tout prenait sens. "Mate" avec son caractère Girls Against Boys devient alors pour nous le morceau le plus abouti du trio, probablement parce qu'il est le plus fluide, le plus mélodique, le plus intense à l'écoute. Et la fin du disque est du même acabit, "Big Joe" n'est en effet pas loin du tout de sa précédente en terme d'univers, tandis que la trépidante "Kids" et ses guitares qui s'entrechoquent nous délivre un plaisir non dissimulable, une réussite taillée pour le live. Car la folie de ce Twist décomplexé ne laissera aucun répit à quiconque se trouvera devant le groupe lorsqu'il aura retrouvé les chemins des planches.
Publié dans le Mag #46