Rock Rock > The Sword

Biographie > The Sword of doom

Originaire d'Austin (Texas, USA), The Sword se compose depuis ses débuts (en 2003) de J. D. Cronise, Kyle Shutt, Bryan Richie et Trivett Wingo. Entre rock dur, heavy, stoner et doom, le groupe ferraille rapidement en première partie de groupes de la trempe de Mastodon, sort un EP autoproduit en 2005, avant de publier son premier album, très remarqué, en 2006 (Age of winters) via Kemado Records (Turzi), puis via un split partagé avec Witchcraft l'année suivante. La ressemblance avec Black Sabbath est alors évidente mais le groupe parvient à faire son trou et enchaîne deux ans plus tard avec Gods of the Earth. La régularité était de mise chez The Sword, c'est donc très logiquement en 2010 que le quartet américain publie son troisième opus : Warp riders toujours via la même crémerie, ainsi qu'un split avec Year Long Disaster, paru quand à lui chez Volcom Entertainment.

Review Concert : The Sword, MetallicA au POPB (avr. 2009)

The Sword / Chronique LP > Use future

The Sword - Used future Dans les trois dernières années, The Sword s'est offert une reconnaissance internationale grâce à une dizaine de morceaux enregistrés sous tous les angles. D'abord par le fameux album studio High country (2015) et son miroir acoustique bien inspiré Low country (2016). Pour finir, la formation américaine a voulu compléter son mouvement par un live Greetings from...(2017). La sauce est un peu retombée. The Sword se grouille de battre le fer pendant qu'il est chaud et sort cette année un nouvel album studio : Used future.

Après un prélude aussi tranquille que court, The Sword commence les hostilités sur "Deadly nightshade". Le stoner efficace et sans bavure digne de High country. L'album s'emballe encore un peu plus avec l'arrivée de "Twilight sunrise". Un début rassurant fidèle à ce que l'on connait de la formation depuis quelques temps. "The wild sky" conserve le style dans un mode instrumental où les prestations batterie/guitare ne passent pas inaperçues. "Intermezzo" fait la transition sans que John D. Cronise revienne derrière le micro. La pression redescend un peu. "Sea of green" fait le retour du chanteur sur un titre rock qui tourne un bon moment comme une boucle. À sa moitié, démarrage en trombe direction les vents chauds du désert. On sort les gros riffs, la batterie qui cogne fort et tout l'attirail. "Nocturne" se pointe et casse un peu l'ambiance des durs à cuire. Cette piste instrumentale est assez déconcertante pour ne pas dire autre chose. Retour en zone de confort avec "Don't get to comfortable". "Used future" puise ses origines dans le rock sudiste et possède un bon groove. La touche seventies disséminée au fil de l'album sur des petites séquences se confirme avec "Come and come". Pour suivre, "Brown mountain" propose une nouvelle piqûre instrumentale. En écho au "Prélude", "Reprise" clôt l'album. The Sword réalise avec Use future une création bien sentie. La page du heavy semble définitivement tournée. Les Texans montrent qu'ils sont ouverts à de nouvelles aventures musicales. Ici, le stoner prend quelques couleurs psychédéliques.

The Sword / Chronique LP > Greetings from...

The Sword - Greetings from... Sortir un album live semblait être un passage obligé pour The Sword, au sommet de la vague depuis High country, ils ont donc enregistré tous leurs concerts de la tournée 2016 avec Opeth pour en extraire 9 morceaux et nous les envoyer comme une carte postale. On repassera pour la continuité, la chaleur d'un public et d'un moment particulier puisque l'exercice se résume surtout à des versions live assez neutres. Outre les quelques étirements de rigueur, la vraie différence avec le studio, c'est le son qui est bien moins soigné et si lors d'un concert, on peut se satisfaire d'une saturation ronflante, chez soi, ça fait amateur. Ce Greetings from... est donc à laisser entre les oreilles de ceux qui sont déjà fans du combo et qui voudront des exécutions différentes des titres de High country (dommage d'ailleurs qu'il n'y ait que de l'électrique et donc rien de Low country), Warp riders, un extrait de Gods of the Earth et un autre de Age of winters. Seul petit attrait, "John the revelator", la cover de Blind Willie Johnson, un bluesman texan dont le titre phare a été popularisé par Depeche Mode ou Tom Waits. Maigre pour un combo aussi fabuleux.

Publié dans le Mag #28

The Sword / Chronique LP > Low country

The Sword - Low Country En 2015, The Sword séduisait son monde avec la sortie du magnifique High country creusé en plein désert sous les vents brûlants d'un psychédélisme mêlé au stoner. Un an plus tard, les Texans déposent dans les bacs un nouvel opus : Low country.

Pour la pochette, l'idée de la sphère est conservée comme pour l'album précédent. Seulement, les couleurs chaudes s'effacent pour laisser place à une atmosphère plus sombre. Dans cette "basse vallée", un vautour - contrastant avec la blancheur de la lune - décolle d'un arbre fort tortueux. High country voulait vivre le jour, Low country vivra la nuit. L'un était électrique, l'autre sera acoustique. Et le tout avec dix des quinze pistes enregistrées l'année passée.

The Sword avait sous doute besoin de prendre une bouffée d'air frais. Une petite visite en Louisiane et dans le Tennessee a probablement poussé le groupe à composer en direction d'un rock plus classique. Ainsi la piste instrumentale "Unicorm farm" devient plus folk que psychédélique. Low country, c'est d'ailleurs un peu un retour aux racines de la musique traditionnelle américaine. En fait, l'obscurité de l'artwork est trompeuse. Ici, les chants clairs viennent s'élever au dessus d'un son épuré. Et si un brin de nostalgie teinte parfois l'horizon, ce n'est que pour le plaisir des oreilles. Transposer un album électrique en acoustique peut sembler léger comme concept. En réalité, cet effort nous montre The Sword sous un jour nouveau et met en lumière toute la dimension mélodique des créations. Catalogué dans un style plutôt heavy metal, les Texans nous invitent à découvrir un son plus posé, propice à la contemplation des grands espaces. "Seriously mysterious" donnera satisfaction aux amateurs de rock pour les cowboys. Juste à la suite, "Early snow" conserve ses basses saturées, son petit solo qui va bien et innove en terminant par l'intervention de cuivres. Un passage new wave pointe le bout de son nez et ce sera mon bémol. Tandis que "Ghost eye" me ramène dans une dimension plus aérienne, "The bees of spring" est taillée pour suspendre son auditeur dans les nuages et le laisser prisonnier de ses songes.

A peine un an en arrière, The Sword m'était inconnu. La maîtresse d'une école à l'ancienne aurait pu me taper sur les doigts devant tant d'ignorance. Mais si je me suis empressé d'avaler la discographie du groupe, ce n'est pas par crainte des représailles. C'est tout simplement parce que le concept High country/Low country m'a révélé un groupe qui s'expose avec talent et se présente sous plusieurs visages. Ses deux albums se répondent et se complètent : chacun est le miroir de l'autre. Très productifs quand il s'agit de poser un album dans les bacs, The Sword semble toujours imprimer plus profond son empreinte dans la musique. Et l'on sent que la formation en a encore sous le pied...

The Sword / Chronique LP > High country

The Sword - High country Oui, tu n'es pas le seul à découvrir des groupes qui sont excellents et viennent de sortir leur cinquième album en presque 10 ans... Ca arrive à tout le monde, et c'est pas parce qu'on donne l'impression de connaître plein de trucs qu'on connaît tout, loin de là. Même quand ils sont chroniqués dans nos pages... La preuve avec cette pépite qu'est The Sword. Les Texans font parler leurs instruments depuis 2003 sous la direction de John D. Cronise, principal compositeur des textes et chanteur qui emmène dans son sillage Kyle Shutt (guitariste), Bryan Richie (bassiste) et depuis 2011 Jimmy Vela (batterie) arrivé juste après Warp riders. J'avais du lire l'article d'Aurelio en 2010 mais je n'avais pas retenu le nom du groupe qui a fait continuer son petit bonhomme de chemin, élargissant sa fan base peu à peu (ils ont ouvert pour MetallicA, Nebula, Clutch, Lamb of God, Machine Head, Kyuss...) et se faisant un nom en Europe au gré des tournées et du bouche à oreille. Les voilà dans les miennes avec ce que certains qui les suivent depuis longtemps considèrent comme leur meilleur album : High country.

Après une intro instrumentale assez courte plutôt psychédélique, le grand huit des riffs incandescents se met en marche avec un chant assez typé seventies et une rythmique qui joue avec les codes du genre stoner désertique. Si en quelques secondes le ton est donné, là où on chercherait des influences et des points de comparaison (oui, The Sword n'est pas franchement un précurseur dans ce genre), ici on se laisse gagner par la chaleur du combo et on apprécie purement et simplement ses compositions. Avec l'insouciance que les Américains nous transmettent (le côté pop de "High country" ou de "The bees of spring"), on est à la cool (vas-y tapisse le sol des notes de "Silver petals"), au soleil avec eux (même quand on se les gèle comme en ce moment), on oublie les soucis (et on en a bien besoin en ce moment) et avec un peu d'aide on pourrait facilement décoller pour rejoindre les gars en mode "je plane" ("Mist & shadow"). Parfois, ils vont un peu trop loin dans le délire et reviennent avec des titres complètement dépouillés ("Seriously mysterious" ou "Turned to dust") qui leur assurent une part d'originalité bienvenue. Parce que jouer des titres instrumentaux, là encore, ils ne sont pas les seuls à le faire, par contre, leur donner une couleur assez inquiétante comme sur ce "Agartha", rares sont les combos "stoner" à s'y risquer. The Sword transforme donc tout ce qu'il touche du fil de son arme en or quand il sort des clichés, et même quand il fonce droit dans le tas, c'est encore excellent ("Ghost eye" par exemple).

15 titres, 50 minutes de rock stonerisant à la fois ouvert et homogène, un son aux petits oignons, un artwork qui cadre avec le genre, High country est la très bonne sortie de ce registre pour la fin de l'année 2015 car quoi qu'il tente, The Sword le fait avec goût et nous amène toujours à trancher en son sens. Et non, il n'est pas trop tard pour les découvrir.

The Sword / Chronique LP > Warp riders

The Sword - Warp riders "Acheron/Unearthing the Orb"... Booooooom : The Sword fait vrombir les guitares, sature le studio de groove fuzzy enflammé et envoie les riffs tester l'étanchéité des enceintes. Et si celles-ci tiennent pour le moment le coup, on sait d'ores et déjà qu'au terme des titres que compte Warp riders, elles vont céder sous les coups de boutoir électriques d'un groupe qui a le feeling stoner-doom dans le sang... Gimmick rock'n'roll furieusement cool, chant monocorde plutôt approprié pour le coup, "Tres brujas" joue les singles avec sa mélodie légère, son break métallique et son efficacité radiophonique (pour les radios US s'entend hein...) pendant qu'"Arrows in the dark" soigne les ambiances stoner de l'album. Caniculaires à souhait et même légèrement psychées par instants... avant que les grosses guitares ne refassent leur apparition pour nous emmener dans un petit roadtrip à travers le désert. Quelques petits soli bien fougueux et voici que "The Chronomancer I : Hubris" vient faire parler la poudre. Et là, The Sword a décidé de faire turbiner l'usine à riffs stoner dans les règles de l'art, résultat, ça groove à tout va, c'est armé d'un son puissant et techniquement, ça assure grave (en même temps, on ne fait pas les premières parties de MetallicA pour rien). La preuve avec un "Lawless lands" très "classic rock" où l'efficacité rythmique du groupe prend tout son sens. Fin du premier acte : le dénommé "The archer & the orb" (l'album étant scindé en deux "volumes").

Après cinq premiers titres qui justifient à eux seuls l'acquisition en toute urgence de l'album, voici que les Texans en enquillent cinq autres, histoire de mettre tout le monde d'accord. Volume 2 donc, intitulé "The Android & the Sword". Le riff grassouillet, la section rythmique qui en impose, après une intro rock stellaire, "Astraea's dream" en appelle à la cavalerie et tricote quelques lignes de grattes bien velues. Et comme niveau production, c'est béton armé (merci Matt Bayles - Botch, Mastodon, Isis, Pearl Jam - aux manettes du bestiau), forcément, on reste collé au siège. D'autant que The Sword a la riche idée de varier les plaisirs : old-school et heavy pour l'éponyme "The warp riders", purement "Black Sabbathien" sur "Night city" ou plus sauvage ("The Chronomancer II : The night the sky cried"), toujours avec un petit truc en plus derrière la tête. Conceptuel, Warp riders est en effet un album de space-stoner-doom, un mélange original de sci-fi 70's (cf : l'artwork très réussi) et de gros son bien heavy qui résonne dans les tuyaux. Derrière ça, une histoire, celle d'Ereth, un archer banni par les siens de sa planète (Acheron) pour une raison inconnue. Cette dernière a la particularité de ne plus tourner sur elle-même et donc de présenter toujours la même face à ses trois soleils (histoire de compliquer la chose). Conséquence logique, l'un des versant d'Acheron ne voit jamais la nuit, l'autre, le jour. Au cours de l'album, les aventures d'Ereth l'amènent à rencontrer un certain 'Chronomancer', soit un être vivant au-delà de l'espace et du temps qui lui confie la mission de restaurer l'équilibre de la planète. Musicalement, ça ne paraît pas évident dit comme ça, mais le gros son étant au rendez-vous, avec un soupçon de finesse et originalité, The Sword fait le boulot en passant la troisième... et pas à moitié. Solide et assez imparable dans son genre.