Elle est bien curieuse cette pochette du premier album de Swims, duo de math-rock originaire de Sacramento. Soit elle évoque une esquisse de visage, soit elle représente de manière volontairement maladroite une tête de serpent. Quoiqu'il en soit, le groupe est signé chez Distile Records, un ambitieux label hexagonal spécialisé dans la question math-rock et qui compte déjà dans ses rangs les très prometteurs Looking for John G. Duo basse/ batterie composé de Mark Rocha et Paul Slack, Swims cite parmi ses influences des formations telles que Battles, Don Caballero, Oxes et les Pink Floyd, ces-derniers, pour faire comme tout le monde (sic).
Duo basse/ batterie essentiellement math rock expérimental, ces deux californiens surprennent dès les premières minutes de leur EP éponyme, car ils ne délaissent pas les mélodies au profit de pirouettes rythmiques qui en mettent plein la vue. Loin d'un simple exercice de style techniquement impressionnant mais dépourvu d'âme, le premier EP de Swims se distingue par sa capacité à offrir des passages harmonieux, simples et accessibles d'une part, et des flambées de technicité aux velléités expérimentales d'autre part. Cela s'appelle être malin et le groupe l'est. Il a également assez de personnalité pour ne pas se laisser enfermer dans l'univers musical de ses modèles. Ici, la batterie virevolte, la guitare suit sans effort, elle se calme et ralentit tranquillement, sa comparse se fait plus dépouillée, toutes deux en parfaite symbiose. La démonstration est assez impressionnante, et à ce petit jeu là, le duo bluffe les réfractaires au genre.... (souvent décrié à juste titre comme intello-nombriliste). "Math-rock", Swims l'est assurément, mais ses influences jazzy donne plus de classe à l'ensemble que chez nombre de ses contemporains, tout en respectant les "codes" du genre. Savoir s'inscrire dans une lignée prestigieuse (celle d'Hella), tout en s'affirmant suffisamment pour ne pas céder à la redite mais sans dérouter complètement, le duo américain a trouver le juste milieu pour rallier les amateurs de rock instrumental à sa cause. En attendant de passer l'épreuve du premier véritable album avec autant d'élégance. Et comme on dit souvent, c'est tout le mal...
