Ce mec, Swilson, a l'une des voix les plus horripilantes parmi toutes celles entendus ces dernières années et pourtant, on finit fatalement par adhérer à son disque. Pourquoi ? Tout d'abord un mix pas dégueulasse entre The Black Keys et Jay Reatard, soit du blues avec de fort relents punks et quelques accents folks. Quant en plus le tout est doté d'un songwriting qui tient la route et en haleine sur 12 titres, on a là un album bien plus appréciable qu'il n'y parait.
Mais il y a d'abord cette voix, l'élément segmentant par excellence, le genre de vocaliste que l'on trouve rigolo sur un titre et qui donne envie de se tailler les veines avec un couteau de dinette sur plus de deux pistes. Seulement voilà, le mec enquille tellement de bon titre d'affilé qu'il est difficile de ne pas s'attacher à ce Donald Duck des familles. Puis, il faut dire aussi que Demonology est un album varié de chez varié et ça peut aussi interférer positivement dans le plaisir d'écoutes. Parfois, c'est très électrique comme sur "Polyester shirt polyester pants", parfois c'est accoustique-shoegaze comme sur "Planet of sex", Swilson se permet même de la chanson semi-country semi-folk sur "Plastic flower melting sun" qui pue le red neck texan à plein nez. Le musicien aime les grands écarts sans que ce soit contre-nature et ça peut lui réussir particulièrement bien sur Demonology.
Seul véritable faute de goût de la part de Swilson (mis à part cette typo "maidenienne", clin d'oeil adolescent, qui ne plaira qu'a Gui de Champi et aux quelques milliers de ploucs qui écoutent ce groupe), c'est la piste "La diosa verde", sorte de chanson d'amour Erasmus qui ne sert à rien sur cet album, si ce n'est de faire saigner les oreilles et de choper des gonzesses avinées sur sa tournée européenne. Oui, on chipote mais Demonology reste une très bonne surprise et une excellente pioche pour Cheap Satanism Records (Joy As Toy, Vitas Guerulaïtis), le label belge qui monte, simplement en proposant des disques atypiques et d'excellent calibre.