The Strokes - Comedown machine Pour balancer un peu, on va raconter la vérité sur ce qu'il s'est passé au W-Fenec avec le nouvel album des Strokes : le label, peut-être peu alléché par l'idée de se prendre une chronique au napalm éject-facial façon Angles du dernier-né d'un groupe dont on ne sait jamais s'il va splitter ou pas demain (ce serait quand même bien qu'ils le fasse là mais bon...) n'a pas daigné faire plus qu'envoyer un simple message de réponse indiquant d'aller chercher sur Deezer si nous voulions parler du disque. Fatalement on s'est dit que dans ce cas, il n'y aurait pas d'article (faut pas se foutre de la gueule du monde hein... ces gens sont quand même payés pour faire de la promo). Puis, l'instinct du tueur a réveillé notre cerveau reptilien et ainsi fait naître une petite interrogation, insidieuse mais oh combien excitante : "pourquoi ?".

La réponse attendra parce que dans l'immédiat une petite écoute discrète, comme ça par curiosité (et surtout pour la déconne) s'imposait. "Tap out", "All the time", "One way trigger", "Welcome to Japan", quatre titres, pour voir comme au poker. D'accord, on a compris. Le label s'est fait enfumer et méchamment, au bluff. Parce que derrière la marque The Strokes (forcément encore lucrative), le groupe a sous-traité l'écriture de l'album à des petits cambodgiens, certes pas forcément dénués de talents, mais encore très tendres (Ian Watkins, chanteur des Lostprophets et éminent spécialiste de la question "tendresse infantile" serait déjà sur le coup...) lorsqu'il s'agit d'assurer comme des grands, même s'ils ne sont évidemment pas chers du tout.
Et correspondent parfaitement à ce qu'est Comedown machine. Un disque artistiquement low-cost. Mis en boîte sans le moindre effort ni ambition si ce n'est celle de faire mieux ou pas pire qu'Angles. Fatalement, partant du "maître"-étalon de la loose créative, ce n'était pas forcément si difficile... même si les Strokes parviennent à être cette fois encore particulièrement médiocres en matière de songwriting ("80's comedown machine"). Pour changer...

"50/50" est ainsi l'archétype de ce qu'est le groupe en 2013. A moitié mort (c'est con), à moitié vivant (ça l'est encore plus, surtout artistiquement) : The Strokes est une entité musicale très à la mode puisque "The walking dead" et les zombies sont la hype du moment. Sauf qu''eux ne le font pas forcément exprès. Ou plutôt qu'ils s'en cognent royalement pour être honnêtes. Toujours est-il que cela reste audible oui, soyons honnêtes (déjà plus qu'Angles en tous cas) ... pour un jeune groupe de rock qui répète dans son garage. Quand on s'appelle The Strokes, ça transpire carrément la loose. Alors forcément quand on est un label sensé transformer ça en hit dans les bacs autant prendre des cours d'alchimie et trouver une formule changeant le plomb en or. Ou éviter d'envoyer l'album chez les médias un peu intègres (parce qu'on trouvera forcément un ou deux papiers criant au chef-d'œuvre en cherchant bien) ou méchants. Parce que quand il faut se farcir "Partners in crime" toujours aussi paresseux, zapper 2/3 titres parce que bon, notre patience a ses limites, et qu'on n'a pas que ça à foutre non plus, c'est marrant mais là, il n'y a plus personne. Même pour arriver tout doucement jusqu'à notre Eden instantané concernant ce disque, un "Happy ending" dont on rêve secrètement qu'il signe le "The end" d'un groupe qui est en train de méchamment saloper sa discographie à force de continuer à sortir des trucs alors que la magie s'est depuis longtemps estompée (depuis First impressions of Earth si tu veux tout savoir). Un peu comme ces couples qui rêvent d'ailleurs mais restent ensemble parce qu'il faut payer les traites de la baraque et l'école privée des rejetons. Triste et un peu pathétique.

Tout ça pour dire que la stratégie marketing du label qui tient apparemment à ne faire écouter et donc parler de l'album que chez les médias les plus consensuels et policés s'explique très logiquement. Pire, elle est à la fois nécessaire et la seule potentiellement acceptable vues les circonstances. Alors que le groupe refuse les interviews pour ne pas avoir à expliquer que ses membres ne peuvent plus s'encadrer mais continuent à se supporter juste assez pour faire des disques histoire de garnir leurs comptes en banque. Parce que Comedown machine est l'album qui vient après l'album qui était déjà de trop (Angles donc pour les deux du fond qui ne se suivent pas), c'est dire sa légitimité et/ou son intérêt intrinsèque. Puis finalement on remercie le label de nous avoir épargné le fameux cas de conscience de l'écologiste pris en flagrant délit de gaspillage. Non pas que l'on soit les plus acharnés à défendre la cause verte... m'enfin, c'est vrai que recevoir un album et être tenté de le jeter illico, c'est un peu triste. Pour le prochain on sera prévenu et évitera aussi de gaspiller quelques minutes de cerveau disponible supplémentaires. R.I.P The Strokes.