The Strokes : First impressions of earth The Strokes, acte III. Début 2006, les new-yorkais se retrouvent à nouveau dans l'actualité à l'occasion de l'apparition de First impressions of Earth. Pour ce troisième débarquement dans les bacs, l'incontournable Julian Casablancas est toujours aux commandes en tant qu'auteur-compositeur dans la quasi totalité de l'album (seuls trois morceaux sont co-écrits avec trois des quatre autres membres). Premier point positif avant même d'avoir écouté la bête : un contenu revu à la hausse (14 pistes contre 11 pour les deux précédents). Il ne reste qu'à espérer que la qualité se soit jointe à la quantité. Et à peine la galette dans la machine, on en prend plein les oreilles ! La succession de véritables cartons tels que le single au riff et à la basse accrocheurs "Juicebox", ou "Heart in a cage" doté d'une intensité musicale inarrêtable, ou encore "Razorblade" et son air jovial attachant, ne peuvent que séduire l'auditoire. En revanche par la suite, quelques morceaux comme "Evening sun", "Killing lies" ou "Ask me anything" (véritable singularité du disque), montrent peu d'intérêt de par une certaine mollesse et un manque de forme qui auraient tendance à ennuyer. Un des premiers constats qui vient à nous concerne la production : exit le son garage, c'est dorénavant un son modernisé qui caractérise entre autres cet album. Et on se rend vite compte à l'écoute de First impressions of Earth que l'évolution atteint celui-ci au-delà de ce domaine : les Strokes sont clairement allés de l'avant musicalement, et semblent s'éloigner de l'aspect simpliste et linéaire qui leur collait à la peau jusque là. Les influences sont également plus modernes, ce qui devrait un peu décrédibiliser leur image d'héritiers des influences garage des 70'. Fab Moretti, derrière les fûts, ne se réduit plus à un seul rythme tournant en boucle par morceaux, et ajoute du piquant à son jeu ("Red light" en est une bonne illustration). Il en est de même pour Nikolai Fraiture qui complexifie légèrement ses lignes de basses. C'est chez les guitaristes que la différence est la moins flagrante, ce qui n'empêche pas de bénéficier de riffs toujours aussi prodigieux et d'une lead foudroyante (dans des titres comme "Heart in a cage", "Red light", "Vision of division"). Ce troisième opus est synonyme de libération pour Casablancas : amputé de ses effets voix, c'est d'une manière complètement décomplexée et relâchée qu'il prend plaisir à expérimenter et repousser ses limites vocales pour le plus grand plaisir de l'auditeur. Ainsi, il nous projette ses quelques montées et fantaisies ("Ize of the world", "Vision of disorder", "Fear of sleep"). Toutefois, pour certains, c'est avec modération qu'il faut y prendre goût car le chant peut se montrer lassant, très lassant. En effet, il est possible qu'enchaîner les 14 titres puisse rendre fou en raison de la voix de déchiré du leader (flagrante dans "On the other side" ou "Killing lies" mais qui atteint son summum dans "15 minutes"). En y réfléchissant avec un peu de recul, et vis-à-vis du tournant pris par The Strokes, on pourrait presque inclure Is this it et Room on fire dans un seul et même double album. Vous l'avez compris : First impressions of Earth est un virage dans la carrière du quintet, et laisse présager une suite toujours aussi prometteuse.