Stories From The Lost - For clouds Au départ, il faut bien admettre que les premières minutes de "Cryosphere" surprennent quelque peu. Dans la mesure où l'on s'était attendu à un disque de post-rock au sens le plus pur du terme, la mise en route ambient/rock/electronique, si elle n'a rien de désagréable au demeurant, laisse un entendre qu'il y a peut-être erreur sur la personne. On en ressort un peu perplexe et c'est donc lorsque débute "August II" que l'on comprend que non : on n'a pas fait fausse route, il s'agit bien du bon groupe, issu de la sémillante nouvelle scène belge, encore assez méconnu à ce jour (le groupe, pas la scène, encore que...), mais dont le premier album sort via le label du festival... belge qui monte outre-Quiévrain : Dunk! Records (donc le Dunk! Festival, c'est bien il y en a deux qui suivent au fond), lequel s'occupe également des destinés d'une poignée d'autres formations très prometteuses dans la sphère "post-truc/machin hyper classe" (Kasan, Kokomo, Terraformer...).

Sur un socle post-rock assez conventionnel, Stories from the Lost, puisque c'est de lui (le groupe) dont il s'agit, fait intervenir des éléments électro/synthétiques d'abord, ouvertement métalliques ensuite, pour parvenir un à résultat résolument alternatif qui, au fil des écoutes, gagne en intérêt réel ("TR16") en même temps qu'il habitue l'auditeur à sa pratique stylistique assez inhabituelle ces temps-ci. Jusqu'à ce que l'on se rende compte que l'étiquette "post-rock" que l'on avait un peu rapidement apposé sur le groupe (en même temps ce n'était pas exactement de notre faute à la base) était certes cohérente avec ce que l'on était en train d'écouter, oui, mais pas que. En témoigne le très bien nommé "Crossing fields", véritable... crossover (post)-rock/electro/alternatif au rendu certes un peu old-school (les synthés y sont certainement pour quelque chose) mais au demeurant plutôt pas mal ficelé, sachant que ce genre de musique doit certainement prendre tout son sens en concert. Et de loin.

On y vient donc : de l'intérêt d'écouter un groupe en live ou sur un enregistrement studio, selon son approche artistique, son rendu scénique supposé et le résultat concret que l'on découvre sur CD. Vaste question n'est-ce pas ? Intrinsèquement, "Tyrannosaur" sous-entend que l'attrait naissant pour la musique de Stories from the Lost doit s'en trouver démultiplié dès lors que l'on franchit la "barrière" du live. Pour autant, là, à en juger sur pièce, les instrumentations du groupe, sans pour autant pâtir de l'absence de chant, manquent quelque peu de souffle, de ce fameux supplément d'âme selon l'expression consacrée qui ferait de l'album une véritable pépite. En l'état, avec des titres à l'image de "Plains runner" ou de l'éponyme "For clouds", le groupe affiche de très belles promesses ("Vocaloid") à vérifier certainement en live quand le groupe daignera (et se verra offrir la possibilité) de voyager et s'affranchir de ses frontières natales... mais également quelques moments de bravoure post-rock de premier choix. Et un final tout en épure intimiste qui vient effleurer l'âme de son auditeur avec une délicatesse infinie et le laisse sortir de l'album avec l'irrépressible envie d'y retourner.

PS : et si jamais la chroniqué t'a donné envie de te laisser tenter... l'album est en écoute ci-dessous.