Stellardrive - Omega point 3 EP's (la trilogie ERS dont le dernier volet précède le présent disque de quelques semaines seulement) et une série de concerts ayant confirmé tout le bien que l'on pensait de Stellardrive, voici enfin l'album. Long-format et donc forcément attendu des puristes. Omega point où la compilation des deux premiers essais discographiques du groupe, agrémenté de trois remixes, réalisé par Sjukdom et Nad le tout formant rien moins que la synthèse musicale d'un groupe capable de faire naître en nous des émotions libératrices et d'une puissance rare. Une alchimie musicale aux propriétés étonnantes. De longues plages contemplatives en mélopées enivrantes, les Bisontins nous emmènent aux confins de la voie lactée, leur propre espace aux frontières sans cesse repoussées, dans un voyage intersidéral aux envolées cosmiques majestueuses et déflagrations soniques foudroyantes. Véritable tornade sensorielle, la musique de Stellardrive est ainsi la conjugaison de nappes de post-rock posées avec délicatesse sur un ensemble en mouvement perpétuel, un magma sonore composé d'exhaltations (post)-métalliques et de fulgurances shoegaze.
"Departure", "What everyone can see through the windows", "Sagittarius A", on a beau avoir écouté en boucle ces morceaux lors des décryptages d'ERS1 puis ERS2, les émotions brutes qui jaillissent en nous lorsque le groupe imprime sa marque dans notre esprit sont d'une ampleur presque inconsidérée... Quelques éléments plus pop céleste qui viennent se greffer au détour d'un crescendo subtilement amené, des résonances inspirées, qui d'un morceau à l'autre nous immergent au coeur des méandres cotonneux d'un monde musical à l'onirisme délicat. Stellardrive livre avec Omega point, un disque organique et dentelé, une oeuvre à la densité rarement égalée ailleurs. Exclusivement instrumental, l'album recèle des mélodies qu'il est sans doute préférable de laisser s'exprimer de la sorte, l'absence de voix étant ici largement compensée par les frissons que la musique des franc-comtois procure d'elle-même (magnifique "Turbulences"). Un titre que l'on retrouve dans une version réarrangée, portée par une rythmique mécanique truffée de petites trouvailles électroniques. A l'heure de boucler ce premier album, autant finir comme on a commencé, donc par "Departure" via une version alternative en 2 parties soumise à un double traitement extérieur. Le résultat est bluffant. Comme si on avait pu extraire l'essence de la musique des Stellardrive pour en offrir une autre interprétation sans jamais en dénaturer le matériau originel des relectures à l'image du reste de cet album... magistral.