Initialement, d'après le website de la salle, les hostilités doivent commencer à 21h00 mais une fois sur place, le programme prévoie le début des concerts une demi-heure plus tard. Patience, patience, car avec son petit air de festival d'un soir, un rassemblement de groupes appartenant à la même grande famille du "post-truc" mais aux identités bien affirmées et une coproduction Le Bastion, Le Cylindre, Impure Muzik et Only 4 Stars Records, In noise we trust #1 s'annonce comme un grand moment !
Déclinaison de styles et exercices méticuleux, déflagrations étouffantes et sursauts cristallins, violentes cassures et lentes progressions, hypnotisme et dynamisme, prestations totalement instrumentales ou dotées de paroles, musique soutenue par des projections vidéos ou appuyée par des samples : voilà de quoi ravir tout ou partie du public ayant fait le déplacement ce soir.
In noise we trust #1 / Membrane : Jérôme et son ombre In noise we trust #1 / Membrane : Jérôme et son ombre D'un bloc (ou deux), sans un mot, Stellardrive expédie les 45 minutes de son voyage cosmique, vrombissements et tremblements à la clef, après leur si caractéristique intro faite à la clarinette. Un mur de 4 guitares (dont une basse), une batterie ensorcelante, des vidéos en adéquation avec les décibels du quintet et des passages au clavier de la part de Charlie (guitare dans le dos) font partie intégrante du set du groupe. Les moments intenses succèdent aux phases de jeu légères, presque en suspens, avant que le groupe ne retourne à l'attaque, plus déterminé que jamais à en découdre avec les nébuleuses et autres constellations défilant sur l'écran. A la conclusion, Stephane, Sebastien et Nicolas quittent leurs compagnons de jeu, Florian et Charlie assénant de fabuleux arpèges à leurs guitares. Bref, je me prends la même claque (l'effet de surprise en moins) de la part des brillants Stellardrive que celle infligée aux Eurocks 2007. Après une première séquence relativement paisible, c'est à Hiro, autre formation bisontine, de venir s'exprimer au Cylindre.
Le trio frontal (Mike, Xav et Joss, respectivement bassiste, chanteur et guitariste), tous anciens Gantz et associés à Ced à la batterie, s'implique dans un registre radicalement plus brutal. Ayant eu un peu de mal "à rentrer dedans", comme on dit, le set de Hiro (m')aura finalement conquis, avec deux ou trois titres à mi-parcours plus que convainquant ! Plutôt screamo-core dans son ensemble, Hiro garni son univers de mouvements chaotiques bien sentis, de quelques secondes lancinantes et les intertitres sont assurés par Joss ("Pensez aux bouchons d'oreille !") ; tandis que Xav utilise son micro pour déverser ses tripes sur les écorchures de ses trois collègues.
Retour à une musique plus posée (quoi que...), instrumentale (enfin presque...) et accompagnée de vidéos (et même plus que cela) avec Microfilm. Intimement lié au septième art, Microfilm inaugure son spectacle par un générique rétro diffusé sur la toile de fond, alors que deux petits "écrans" sont en appoint au premier plan. Le post-rock de Microfilm, ici quatre sur scène, n'est pas aussi sage qu'il en a l'air. En live, les poitevins dévoilent une certaine nervosité à leurs titres et évoluent dans une ambiance très cinématographique : outre les superbes images projetées, l'éclairage évoque celui d'une salle de projection, plongée de la pénombre. Des musiciens (le bassiste en tête !) en symbiose avec leurs instruments, des morceaux dotés de fantastiques montées en puissance et des clins d'oeil ; ici à un western, là à une histoire de moeurs, qui prennent encore une autre dimension lorsque les samples viennent s'en mêler. Avec leur set d'une heure, les Microfilm semblent avoir conquis les spectateurs, restés encore nombreux après les prestations des groupes bisontins mais qui regagneront leurs domiciles après la performance des poitevins. Dommage pour eux, car il reste encore un gros morceau à avaler : Membrane, qui, comme pour faire écho à Hiro, est un groupe à paroles et sachant manier le désordre et la puissance.
Ils ne sont pourtant que trois sur scène et malgré une prise de poste à plus d'une heure du mat', les Hauts Saônois envoient du pâté ! Intense et massif, dense et déchirant, oppressant et sanguinaire, le trio assène ses coups de buttoir, égrène sa noise avec malice et applique une rougeur indélébile aux lieux. Jérôme (basse) et Nicolas (guitare) alternent au chant, n'accordant que peu de répit à nos oreilles et Fre tabasse sa batterie autant qu'il grimace (ou alors, c'est l'inverse...). Les cousins musicaux des Sleeppers finissent de mettre en miettes les quelques dizaines de membres du public en leur infligeant des sévices d'une inouïe violence. Une violence que Membrane exécutera avec toujours la même implication, jusqu'au terme de la soirée, juste avant 2 heures du matin.