Spor : Is today tomorrow ? Un étrange instrument, une cithare-guitare customisée (?), entâme ce premier opus de Spor. La voix trafiquée de David se fait chaleureuse et à la fois inquiète, les sonorités orientales s'interrompent soudainement ne laissant la place qu'à une sourde rythmique, puis tout reprend sa place, les notes délicates, le chant posé, les instruments à cordes... L'atmosphère est à la fois pesante, inquiètante et rassurante, étrange... très étrange ces sentiments partagés ... Le "Century old tree" et sa guitare acoustique calme tout le monde, il n'est pas mort, une boucle posée sur quelques notes de guitare stoppe puis relance le morceau, le tout sans perte de rythme ni fracas d'effets, la grande classe jusqu'à la jouissance suprême qu'est cette guitare distordue qui passe rapidement nous écorcher les oreilles... Sur le "MPB" (ou "NPB" il y a une faute soit sur le livret, soit sur le dos du CD...) qui suit, c'est David Bottrill en personne qui se charge d'un petit solo. Le morceau est lourd, indolent, ensorcelant, le chant de David y est pour beaucoup... Rock'n'roll... Vient alors l'heure de "Dream tamer", mon morceau préféré (s'il en faut un), une intro somptueuse faite d'une douce guitare livrant ces notes, 85 secondes de pur bonheur qui précèdent la mise ne place d'une rythmique qui reviendra de temps en temps dans le morceau, histoire de nous l'enfoncer dans le crâne un peu plus. La magie de ce titre passe, à nouveau, dans la voix et ses effets, "complain again, we lose again, ...", l'esprit d'un Syd Barrett (Pink Floyd) plane sur ce titre "tonight, i have a dream to tame, today it's just a game", impossible de se défaire de cette mélodie, de cette ambiance, même le retour des guitares aiguisées ne nous sort pas de l'apathie, chloroformée par le titre, on voudrait qu'il soit interminable, que le rêve dans lequel il nous a plongé continue à jamais... Retour à la réalité, dur certes mais Spor est toujours là, petits samples, petits ryhtmes discrets et devine quoi ? Et oui, encore une fois la voix de David qui nous parle, nous avertit, prend soin de nous... Le psyché-pop-rock refait son retour par la suite avec "Speed" et s'efface sur la binarité d'un "Suffer the song" tout en délicatesse, mesuré, millimétré. Toujours aussi envoutants, les Spor n'oublient pas leur côté rock'n'roll et lâche les riffs sur "Mr Kissinger", témoin d'une époque, la détente ou la guerre froide ? Ils jouent avec les deux ambiances, tantôt effrénée, tantôt murmurée. Le ton du groupe reste présent sur toutes les chansons, aussi imparables les unes que les autres. Petit mot encore sur le génial (oui, aussi) "Love is third" et son intro minimaliste mais au combien efficace... Yeah ! Rock'n'roll babe ;o) La folie va croissante et atteint son apogée avec l'explosion de notes sorties d'un orgue Deep Purpleien. Et tout ça sans que ça ne sonne "vieillot", ils sont forts... "We go east", "we go west", on y va, déjà, trop vite, même si le rappel vaut lui aussi le détour. Vivement la suite...