Soundgarden - King animal 16 ans après, ils sont de retour. Soundgarden, l'autre fleuron de la scène grunge nord-américaine avec Nirvana qui ne peut plus se reformer avec le line-up initial à moins de rejouer The Walking Dead, Alice In Chains qui joue les highlanders (bizarrement ça fonctionne) et des Pearl Jam quasiment intouchables même si parfois... Passons, le débat n'est pas là et c'est avec une pancarte grosse comme le Golden Gate Bridge, eu égard à ce qu'à été le groupe il y a deux décennies, que les natifs de Seattle sont back to the business avec un nouvel album pas loin d'être messianique. C'est qu'on parle quand même des auteurs de Badmotorfinger, Superunknown ou Down on the upside pour ceux qui auraient oublié et rien que ça, bien ça calme un peu quand même.

Un comeback longtemps autant espéré que redouté parce que c'est Soundgarden et donc pas la première bande de péquenauds venus du fin fond de son Kentucky natal, mais aussi (et surtout ?) parce qu'un membre de la troupe a le don de concentrer quantité de critiques suite au semi-échec artistique que fut Audioslave avec trois ex-Rage Against The Machine rappelons-le mais surtout pour deux albums solo, Carry on et Scream, que d'aucun considèrent au mieux comme piteux, au pire pathétiques (notamment le dernier, abomination du rock produite par Timbaland...). Tout cela pour dire que le retour aux affaires du carré magique était donc accompagné de pas mal d'interrogations, surtout après la diffusion d'un premier morceau, le single "Rise" composé pour la BO du méga-hit cinématographique The Avengers pas franchement transcendant. Jusqu'à cet album donc.

King animal, on y vient justement. Et forcément une question à laquelle on va répondre tout de suite : que vaut Soundgarden après tant d'années ? On enquille "Been away too long", "Non-state actor" puis "By crooked step" en ouverture d'album et l'on se dit que s'il n'y a pas de quoi sauter au plafond (faut pas pousser non plus), ça respire encore le rock. Bien sûr on ne peut s'empêcher de se demander ce qu'il serait advenu d'un tel album si le groupe ne s'était pas appelé ainsi, mais on ne marque pas l'histoire du Rock par hasard non plus. Même si la suite reste assez poussive entre : "A thousand days before" et "Blood on the valley floor", rien de véritablement bien marquant. Quand bien même la production est aux petits oignons et que sur quelques riffs, on sent un potentiel hors du commun, le groupe a mis sa classe cinq étoiles en sourdine et semble s'être quelque peu enfermé dans un confort artistique handicapant.

S'il n'a rien d'un four intergalactique (c'est déjà ça de pris), pas plus qu'il n'est un retour miraculeux, cet album de Soundgarden, inespéré il y a encore cinq ans, est un disque honorable, parsemé de quelques bons titres ("Bones of birds", "Rowing" notamment), plombé par d'autres, poussifs ("Taree" ou "Attrition"), parfois à la limite du paresseux ("Halway there"), voire carrément médiocre ("Black saturday") pour laisser au final un arrière-goût légèrement amer. Comme si après tout ce temps, le groupe avait laissé s'échapper un peu de son talent inné, de ces inspirations géniales qui se seraient diluées dans la nostalgie d'un passé révolu pour ne plus qu'être aujourd'hui "qu'une" pâle copie de lui-même. Parce que parfois on ne peut pas être et avoir été.