Soundcrawler - The dead-end host Ce n'est pas fait exprès, je promets, mais il se trouve que je rédige cet article le 20 mars, date à laquelle les nuages nous ont empêché d'assister à une éclipse partielle... Une éclipse bien plus visible sur le décor de l'album qui présente également le squelette d'un ver des sables. Il faut dire que sur Arrakis, ils ont un peu plus de chance que nous de voir ce genre de phénomène étant donné qu'il y a deux lunes... Oui, ça n'a rien à voir avec la musique de Soundcrawler mais le groupe et les fans d'Herbert (que l'on fête le 20 mars...) apprécieront. Encore que... En cherchant un peu, on pourrait y voir le mariage exceptionnel de leur côté stoner/désertique solaire et une sorte de mélancolie lunaire, sombre et assez grungy.

Stoner/grunge, voilà donc les deux adjectifs qui collent le mieux à Soundcrawler et si le groupe a choisi "Raiders" comme premier titre pour se mettre en avant, c'est parce que c'est un condensé de ce qu'il fait le mieux. Disto sourde, voix venue de loin (à la Alice in Chains dans la construction), passage survolant le désert rocailleux sans battement d'ailes, on est tout de suite dans le bain. Par la suite (et dès "Burning scales"), c'est plus vers Soundgarden qu'on sent le groupe puiser son inspiration (pour le chant notamment) mais l'ensemble reste tortueux avec des riffs brinquebalants chauffés à blanc par un soleil option trou noir. Si l'ambiance se durcit quelque peu, de temps à autres, pour être même à la limite de la martialité ("A god to feed"), Soundcrawler rime surtout avec chaleur et une certaine coolitude qui s'exprime sur "Long coma slow" qui met fin à la première partie (d'ailleurs placée sous le signe de la "promenade") ou sur "Souls from the trash" qui sonne le "réveil" plutôt en douceur ou encore sur l'ultime titre instrumental "And all the seconds left". Pour ce qui est des références stoner, on se contentera d'une des plus belles : Kyuss. Avec un son granuleux, un sens de la distorsion bien travaillée et la capacité de mettre en avant certains instruments comme la belle basse de "The plastic truth" ou une guitare plus lumineuse sur "Civil". Il faut finalement attendre la huitième piste pour avoir une légère déception avec un "Infinite genocide" moins tripant.

Bien que toujours centré sur le thème des fabricants d'épices, Soundcrawler peut brasser large en amalgamant deux styles qui semblent au final pas si éloignés et prouve avec The dead-end host qu'on peut avoir des idées et faire apprécier sa musique sans forcément connaître la base du concept, alors que tu aies lu ou pas Frank Herbert, vu ou pas le Dune infâme avec Sting, tu peux aller ramper dans le son avec eux.