soulsavers : it's not how far you fall... Avec son titre à rallonge façon Red Sparowes et son "Revival" introductif, gospel et poussif, Soulsavers ne met pas forcément dès le départ tous les atouts pour convertir les mélomanes à sa cause. Et pourtant. Ce It's not how far you fall, it's the way you land est une véritable déclaration enflammée envers le plus néophyte des amateurs de musique. L'étrange et trop-rock "Ghosts of you and me" vient remettre les choses au clair. A la manière d'un Massive Attack sous psychotropes, ou d'un Tricky, Soulsavers livre un second titre labyrinthique à souhait et aux arrangements subtiles et déconcertants, mais fascinant. Quasi mystique, irrémédiablement hypnotique, un titre comme "Paper money" ou "Ask the dust" développe un trip-hop lunaire et lunatique aux confins d'un Archive ou d'un Portishead avec une griffe musicale particulière et des instrumentations uniques. La "Soulsavers' touch" sans doute.
Atmosphères suaves et laconiques, mélodies comme figées par le temps, transportées par le timbre inimitable de la voix caverneuse de Mark Lanegan (Screaming Trees, collaborateur des QOTSA et d'Isobel Campbell), les compositions du duo anglais baignent dans une mélancolie douceureuse et quelques instants de grâce frissonnante. On passera sur l'autre faute de goût de l'album (l'inutile "Spiritual", faussement "spirituel justement), pour s'attarder plus facilement sur l'envoûtante ballade folk/ pop "Kingdom of rain". Tristesse à fleur de peau, instrumentations graciles et ambiances de recueillement, voilà avec le sublime "Through my sails" et sa soul envoûtante l'un des "must-have" de cet album riche et étonnamment varié. Rich Machin et Ian Glover ont su bercer leur album d'arrangements foisonnants et hétérogènes pour le faire s'orienter vers tous les horizons (jazzy, néo-classique, post-rock...) sans jamais quitter des yeux son point de fuite, un "Auzoua bay" instrumental et magique.
Un "Jesus of nothing" sur lequel on aurait bien vu Terry Callier (collaborateur de Massive Attack) derrière le micro, puis un merveilleux "No expectations" précieux et languissant dans la veine de The Album Leaf, le duo anglais peut refermer ce deuxième effort avec l'assurance d'avoir produit quelques pépites inclassables. Adepte d'une musique kaléidoscopique et mélancolique, Soulsavers revient à l'heure de son deuxième album studio avec dix titres sertis de mélodies suaves aux atmosphères feutrées et un invité de luxe en la personne de Mark Lanegan. Emotion à fleur de peau, ambiances crépusculaires, mélange des genres berçant dans une harmonie douce, It's not how far you fall. est un album fait de paradoxes (quelques chefs-d'oeuvres, d'autres titres plus inconstants), un disque aux innombrables dégradés de couleurs mais à l'élégance rare.