Né il y a un peu plus de cinq ans outre-Quiévrain, Soon est un combo émo-pop-rock usant de guitares post-punk, d'une section rythmique catchy et de mélodies easy-listening mais accrocheuses. En clair, rien de vraiment nouveau à l'horizon, mais ce que fait le groupe, il le fait particulièrement bien, voir largement mieux que les autres... Membre depuis 2002 de l'écurie Funtime Records, un label belge à dominante punk-rock/ hardcore qui s'occupe notamment des intérêts de Five days off et Sixtoys, Soon sort son premier effort discographique en 2003 avec l'EP 8 titres Please accelerate. Un essai plutôt bien accueilli et porteur d'espoirs pour l'avenir du groupe. Des promesses que les belges cherchent à concrétiser avec Under the wire, premier véritable album de Soon, toujours sorti via Funtime Records à l'automne 2005. Trois ans plus tard, le groupe remet ça avec As of yet, toujours via le même label.
Soon
Biographie > Un peu tôt...
Soon / Chronique LP > As of yet
Deux ans et demi après Under the wire, les Soon reviennent sur le devant de la scène avec As of yet, nouvelle fournée de pop-songs électriques typiquement anglo-saxonnes, mais toujours écrites et interprétées par des Belges. Ce qui différencie foncièrement, ce groupe de n'importe quelle machine à tubes débarquées d'outre-Manche ? Euh rien, si ce n'est le succès relatif des uns quand les autres remplissent des stades. Premier titre et première claque : "Black cats" affiche clairement sa prétention. Envoyer sa pop électrique à travers le studio et nous vider la tête des soucis du quotidien pour nous emporter avec ses mélodies énergisantes à souhait. Cardboard city succède alors à "Black cats" et le constat ne tarde pas : mêmes effets, même punition.
Soon maîtrise son sujet. La ressemblance avec les Bloc Party est toujours aussi présente, mais le groupe garde une ligne de conduite résolument rock quand leur contemporains britanniques se sont essayés avec plus ou moins de réussite au mélange électro-rock/post-punk que l'on a découvert sur Intimacy. En l'état, les Belges échappent à l'écueil bien trop courant de produire avec As of yet, un album uniforme composé d'une suite de morceaux certes efficaces mais dopée par une recette pop-rock déclinée à l'infini. Parce que deux ou trois morceaux de la sorte, c'est sympa, après, ça commence à lasser. Soon semble avoir pris le problème à bras-le-corps et insuffle à "Alseep on the battlefield", un peu de cette acidité harmonique qui fait que le groupe évite le cliché de la pop trop sucrée au final un peu indigeste. En résulte des titres de la trempe de "Reverse cinderella" ou "Stranger than Paradise". Des morceaux gagnant en saturation et complexité, ce qu'ils perdent en spontanéité immédiate. Soon rend sa musique plus mature sans pour autant renier sa jeunesse, la charge en réverb et effets pour en accentuer l'impact. Ce qui ne l'empêche pas de nous lâcher quelques petites pop-songs plus simplistes mais bondissantes ("The pillow fight", "There go the boys"...) avant de se lâcher sur le tube absolu qu'est "Metropolitan girls", morceau définitivement taillé pour faire un carton en live.
Décidément déchaîné, les Soon la joue "Foo Fighters-live" avec la tornade "Artemis", sans doute le climax de cet album décidément peu avare en surprise. Un dernier titre en forme de friandise acoustique ("Until the morning breaks"), qui nous laisse le coeur léger, la tête pleine d'images colorées, et les Belges peuvent refermer cet album avec le sentiment du devoir accompli. Presque le cousin d'un Bloc Party qui s'assumerait et malgré un manque certain de reconnaissance, Soon fait honneur à une scène indie Belge fièrement emmenée par les dEUS, Ghinzu et autres Girls in Hawaii, une vitalité qui du reste ne se dément pas et dont on serait bien avisés de s'inspirer du côté de l'hexagone.
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Soon / Chronique LP > Under the wire
Soon fait partie de ces groupes, généralement anglais, qui selon leur talent, essaient de percer à plus ou moins long terme sur la scène émo-pop-rock européenne. Problème, on peut avoir du talent et râmer un peu plus lorsque l'on n'est pas anglais, mais belge (français, ça marche aussi malheureusement, cf Curtiss ou A Red Season Shade). Et même s'il est clair qu'Under the wire ne révolutionnera pas forcément l'univers de la power-pop, des titres tels que "Anchorage" ou l'épileptique "Everything's ruined" mettent sacrément la patate et se posent en efficaces pendants du tube ultime "Helicopter" signé des Bloc Party. Du classique, du calibré, mais qui rempli bien son rôle de dynamiteur de poste radio. Plus raffiné et moins immédiat, "Secrets (turn on the lie detector)" nécessite plusieurs écoutes, mais nous séduit un peu plus à chacune d'entre-elles pour s'installer durablement dans notre mémoire. Section rythmique bondissante, refrains accrocheurs, guitares incisives, énergie contaminatrice au service de mélodies intenses et accessibles, la musique de Soon a tout pour tailler en pièces les charts, sauf, encore une fois, que le groupe est belge et non britannique. Evidemment, on pourra leur reprocher de jouer sur un terrain déjà largement élagué par d'autres avant eux et de ne pas savoir dynamiter le genre ("Promise to die young" ou "Serenade the city") mais au final, avec des titres tels que "High on irony", les belges ne livrent rien d'autre qu'un album rafraîchissant et facile à écouter.... et même un peu plus que ça. Les deux derniers morceaux de Under the wire marquant peut-être un tournant dans la carrière du groupe. Influencés par le mouvement post-rock, "Vapour trails" et "Lampedusa" sont ainsi des titres aux structures plus soignées, des compositions qui prennent le temps de construire des ambiances, des atmopshères et qui provoquent donc une rupture plutôt inattendue avec le reste de l'album et ouvre des perspectives intéressantes pour la suite. Quelle sera la voie empruntée par Soon lors de ses prochains efforts ? Seul l'avenir nous le dira...