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Originaire de New York, Sonic Youth est sans aucun doute l'un des plus vieux groupes chroniqué sur le site [NdlR: et King Crimson et Pink Floyd ???]. Et pour cause, Kim Gordon (basse/ chant), Lee Ranaldo (guitare/ chant), Thurston Moore (guitare/ chant) et Richard Edson (batterie) ont commencé à jouer ensemble en 1982. Edson ne restera pas longtemps dans le groupe, tout juste le temps d'enregistrer un premier EP éponyme, avant d'être remplacé par Bob Bert, qui sera derrière les fûts sur Confusion is Sex (1983) et The Bad Moon Rising (1984), les deux premiers LP du groupe.
Adepte d'une pop noisy est innovante, Sonic Youth cartonne au Royaume Uni avec The Bad Moon Rising puis devient l'un des groupes pop rock phares de la scène underground internationale avec l'excellentissime Evol (1986) puis Sister en 1987. Entre-temps, Bob Bert a également quitté la formation et se voit remplacé par Steve Shelley.
A chaque année son nouvel opus pour Sonic Youth et en 1988, le groupe fait une nouvelle fois parler de lui avec le double album Daydream Nation, qui attire sur le quartet l'attention de la critique et de l'ensemble de la profession. Les Sonic Youth signent alors chez une major (Geffen) et remettent le couvert deux ans plus tard avec l'un des albums de référence du genre : Goo. Suivront Dirty, Experimental Jet Set, Trash and no Star, Washing Machine, où le groupe se laisse progressivement aller à l'expérimentation et s'ouvre vers de nouveaux horizons musicaux.
Pionnier de la pop/ noise tendance underground, adepte de la dissonance, le groupe composent par la suite plusieurs EP (Sunday, Syr I, Syr II…) que les new-yorkais soniques sortiront via leur propre label indépendant : SYR (Sonic Youth Records). Indestructibles, prolifiques et toujours inspirés, les Sonic Youth sortent depuis des albums toujours très réussis avec une effrayant régularité (A Thousand Leaves, NYC Ghosts & Flower…).
En 2002, petite révolution au sein du line-up de la formation new-yorkaise, Jim O'Rourke, devient le cinquième membre officiel du groupe et participe à la production de Murray Street. Deux ans plus tard, sort l'excellent Sonic Nurse, énième LP du groupe qui prouve une chose : les grands groupes ne meurent jamais.

Sonic Youth / Chronique LP > Rather ripped

sonic_youth_rather_ripped.jpg Intemporel pour certains, un peu surrané pour d'autres, le cas Sonic Youth a une légère tendance à diviser les amateurs de rock depuis quelques années. D'un côté, on a ceux qui considèrent que le groupe est parvenu à se bâtir une discographie hors norme en évitant de se laisser porter par les modes et de l'autre, ceux qui reconnaissent que les natifs de la Grosse Pomme sont toujours un grand groupe, mais qui n'arrive plus à se réinventer. En ce qui concerne Rather ripped, les deux camps vont pouvoir aller se rhabiller, les New Yorkais livrent ici un album tout simplement pop-rock. Mais à la sauce Sonic Youth évidemment. Le départ de Jim O'Rourke a sonner le glas des velléités expérimentales entrevues sur la série des EP SYR, voici le groupe revenu à quelque chose de plus direct, instantané, très pop... Mais tortueuses et légèrement bruitistes, les mélodies de Rather ripped n'ont rien à voir avec la vague brit-pop qui est en train de submerger le Royaume-Uni, loin s'en faut. Et si le format de ces nouveaux morceaux composant le tracklisting de l'album, reste assez court, le resultat est certe de facture assez classique, mais fourmillant également d'une multitude de détails. Comme toujours chez Sonic Youth du reste... Justement, c'est là tout l'intérêt de ce nouvel opus, insuffler des doses de distorsion noisy et d'expérimentations bruitistes à des mélodies pop. Un pari osé? Peut importe, le groupe n'a plus rien à prouver, seul le plaisir de se retrouver compte ici. Voilà, cette fois c'est dit, le secret de la longévité des Sonic Youth réside sans aucun doute dans ce plaisir qu'ils ont à jouer ensemble, à composer de nouveaux titres alors même qu'ils ont déjà plus de trente-cinq opus (albums studio, EP et collaborations diverses) à leur actif. Et honnêtement, ça fait vraiment du bien d'entendre un groupe aussi confortablement installé sur la scène internationale jouer avec autant de fraîcheur en s'amusant des conventions prédéfinies du tout-markété. A savoir des titres courts, accessibles et orientés pop. Comme les morceaux de Rather ripped en somme ("Reena", le fascinant "Do you believe in rapture" ou "Turquoise boy"), sauf que, les Sonic Youth ne cèderont jamais au luxe et à la facilité de l'album calibré radio... voilà le secret de leur éternelle jeunesse...

Sonic Youth / Chronique LP > Sonic Nurse

sonic_youth_sonic_nurse.jpg 22 ans après sa première production, Sonic Youth débarque en 2004 avec, sous le bras, un nouvel album. Evidemment, au regard du glorieux passé du groupe, que dis-je, de l'icône, chaque nouvel effort des new-yorkais est un petit évènement en soi. Soyons clairs, le groupe n'a strictement plus rien à prouver, après une grosse trentaine de LP, EP et autres collaborations en tous genres, Sonic Youth a l'une des discographies les plus riches de toute l'histoire des groupes pop/ rock. A l'occasion de Sonic Nurse, le groupe nous offre une musique tantôt légèrement agitée et torturée (Pattern Recognition, Unmade bed), tantôt plus pop, légère, spontanée et aux sonorités légèrement post-rock ("Dripping dream", "Stones", "I love you golden blue"). Mais les Sonic Youth ne peuvent s'empêcher d'être rattrapés à certains moments par leur naturel, eux qui sont les apôtres de la non-mélodie, des distorsions expérimentales. A ce titre "Kim Gordon and the Arthur Doyle hand cream" ravira les fans du groupe mais, déroutera les amateurs de mélodies bien senties, tant le groupe joue avec les dissonances. "Peace attack" à l'inverse est bien plus mélodique et relativement "mainstream", certains passages tendant même vers le travail de groupes tels que Coldplay. On est loin des dissonances d'Evol ou Goo.
Sonic Youth s'est calmé, sa musique est bien plus douce et apaisante qu'auparavant mais garde néanmoins une certaine énergie qui contamine l'auditeur dès que celui-ci pose le disque sur la platine. Avec Sonic Nurse, les new-yorkais nous offre leur album sans doute le plus accessible, mais pas le moins inspiré tant le poids des années ne semble avoir aucune prise sur les membres du groupe. Fascinant.

Sonic Youth / Chronique LP > Murray Street

Sonic Youth : Murray Street Cet album sorti en 2002, a marqué un petit tournant dans la vie de Sonic Youth. Alors que le groupe a toujours fonctionné à quatre, et ce depuis 20 ans, un cinquième membre vient se greffer au désormais quintet : Jim O'Rourke. Producteur de son état (Stereolab), et auteur d'albums naviguant entre expérimental et pop sophistiquée, l'homme a activement participé à l'écriture de la quasi-totalité des titres de Murray Street.
Délaissant un temps les morceaux complexes, les expérimentations diverses et variées des EP tels que Syr I et Syr II, Sonic Youth nous offre avec Murray Street un album moins complexe mais plus direct que ces prédécesseurs.
S'ouvrant sur une très belle ballade rock, qui malgré ce que laisse ironiquement supposer son titre est plutôt inspirée ("The Empty Page"), Murray Street se poursuit avec le très calme "Disconnection Notice". Un morceau au tempo relativement lent, Sonic Youth prenant visiblement son temps avec un titre pop travaillé où le style très particulier des new-yorkais fait merveille, à mille lieues des pop-songs ultra-calibrées qui trônent au sommet des charts.
Troisième des sept titres de Murray Street, "Rain on Tin" est un instrumental pop-rock agréable au début mais qui finit par devenir un peu répétitif sur la fin. "Karen revisited" marque le retour des Sonic Youth à l'expérimental. Lee Ranaldo assure les vocaux sur la première partie du titre avant que la seconde ne s'engage sur des chemins de traverse et ouvre la voie à "Radical adults lick godhead style", pur morceau de rock expérimental.
Quid de Kim Gordon ? La demoiselle fait son apparition vocale sur le très bref "Plastic Sun", un titre à réserver aux habitués de l'univers de Sonic Youth tant le groupe se plaît à jouer sur la non-mélodie, une particularité qui a, en partie, fait le succès du groupe à la fin des années 80. Cerise (ou plutôt fraise ici…) sur le gâteau, "Sympathy for the strawberry" est une vraie réussite. En guise de final de cet album, le quintet sonique nous offre un morceau de neuf minutes en tous points remarquable. Tout Sonic Youth est là, guitares et claviers qui s'enchâssent à merveille, rythmique lancinante, chant discret mais efficace et final tout en crescendo à la Oceansize, ce morceau est une merveilleuse conclusion pour un album qui au final s'avère un peu plus complexe qu'il n'y paraissait au premier abord.
Certains estiment que le groupe a connu une traversée du désert au milieu des années 90 en s'enfermant dans des expérimentations un peu absconses, avec Murray Street, Sonic Youth se montre plus en forme que jamais et que les désormais cinq new-yorkais ont encore de bien belles années devant eux.

Sonic Youth / Chronique LP > Goo

Sonic Youth : Goo Premier album à sortir dans les bacs après que les Sonic Youth aient signé chez une major, Geffen Records en l'occurrence, Goo marque un tournant dans la musique du groupe. Après Evol, Sister et Daydream Nation, le quartet new-yorkais est en 1990 un groupe devenu culte de la scène pop-rock underground et s'oriente alors, avec Goo, vers une musique plus rock et plus accessible que sur les albums précédents. Avec des titres tels que "Dirty Boots", "Tunic" ou "Mary Christ" (qui rappelle quelques titres furieusement speedés des Queens of the Stone Age), ce nouvel album démarre fort, Sonic Youth met, dès les premières secondes, le feu au plancher et livre des titres de rock pur et dur aux mélodies très travaillées et à l'énergie brute. Le groupe ne verse pas pour autant dans le rock calibré et se permet notamment quelques lignes de guitares, presque post-rock avant l'heure, au beau milieu de l'excellent "Tunic". Quatrième piste de Goo, "Kool Thing" est un must , un titre encore une fois rock, simple, groovy, inspiré et terriblement efficace, qui préfigure ce que sera Dirty, l'album suivant des Sonic Youth ; celui-ci étant considéré par beaucoup comme l'opus le plus rock des new-yorkais. Sur Goo, les natifs de la Grosse Pomme, nous offrent des titres de rock pur et dur mais nous réservent également quelques surprises avec l'expérimental "Mote" dont les distorsions de guitares radicalement anti-mélodique combleront les inconditionnels des premiers opus de Sonic Youth. Les new-yorkais alternent ensuite morceaux de rock énergique et souvent très réussis avec des titres bien plus déroutants tels que "Mildred Pierce" et son chant hurlé final, qui ne cadre pas vraiment avec le reste de l'album, ou "Scooter & Jinkx", morceau aussi bruitiste que très rapidement lassant. A noter qu'une vidéo de ce titre fut à l'époque shootée par Richard Kern, réalisateur et photographe underground new yorkais. Une fois passée les déceptions de ces titres qui laisseront de marbre ceux qui n'apprécient pas forcément ce type d'expérimentations peu accessibles et assez décevantes, Sonic Youth nous offre le sombre et désespéré "Cinderella's Big Score", un titre magnifique qui n'est pas sans rappeler le travail du groupe sur Evol. Quelque soit la qualité de ses albums, Sonic Youth sait les conclure avec des titres toujours très réussis. Goo ne déroge pas à la règle et nous offre en guise de final un excellent "Titanium Exposé" qui pourrait tourner des heures durant sur la platine sans que l'on puisse s'en lasser. Entre titres rock légèrement formatés mais à l'énergie contaminatrice et morceaux plus underground et un peu décevants, le groupe a semble-t-il tenté avec Goo de concilier ses velléités d'expérimentations avec les obligations que supposent son arrivée sur une major (à savoir, vendre le maximum de disques). Au final, le groupe nous livre un album un peu hybride, parfois un peu déstructuré mais non dénué de qualités intrinsèques.

Mécontent du son de Goo, Sonic Youth sortira l'année suivante via leur fan-club Sonic Death, les démos de l'album sobrement regroupées sous le titre de Goo Demos. Les titres des morceaux ne sont pas les même que sur l'album sorti chez Geffen et ce disque contient un petit bonus, un inédit instrumental intitulé "Lee #2".

Sonic Youth / Chronique LP > Evol

Sonic Youth : Evol Le chef-d'œuvre de la (longue) carrière des new-yorkais soniques ? Difficile à dire, ce qui est évident, c'est que c'est l'album (sorti en 1986) qui aura fait du groupe une icône de la culture dite "underground". C'est également avec cet album que les Sonic Youth ont, pour la première fois, gagné de l'argent via leur musique, Evol atteignant rapidement les sommets des charts.
Entre mélancolie légèrement torturée ("Tom Violence"), ambiance mystérieuse et par moments angoissante ("Shadow of a doubt") et le rock glacial de "Star Power", les trois premiers morceaux nous font entrer au cœur d'un album riche et complexe, où les Sonic Youth se livrent aux expérimentations les plus diverses et variées.
Que ce soit avec le free rock bien déjanté de "In the Kingdom 19#", ou les dissonances très underground de "Green Light", le quartet new-yorkais propose une musique difficilement accessible aux non-initiés. Sonic Youth laisse libre court à son imagination et à sa recherche de nouvelles expériences. "Secret Girl" est à ce titre l'un des titres les plus fascinants d'Evol, le morceau se divisant en deux parties distinctes. La première, quasi bruitiste, restera un peu absconse, la seconde avec son "chant" parlé et sa pluie fine de notes jouées au clavier, est une ballade romantique expérimentale particulièrement réussie. A la fois troublante et magnifique de désespoir.
Sombre et torturée ("Marilyn Moore") la musique de Sonic Youth est déroutante, sans concession… et parfois surprenante comme le prouve le titre final d'Evol, un "Bubblegum" très rock, énergique et jouissif qui rompt complètement l'atmosphère des autres morceaux de l'album.
Il est clair qu'Evol laissera de marbre les amateurs de rock mélodique calibré pour les ondes FM, mais ravira les amateurs de pop/ rock noisy exigeante et innovante. Chef d'œuvre absolu ? Peut-être pas. Mais album majeur de rock expérimental, sans aucun doute.

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