Rock Rock > Somna

Biographie > Le royaume des songes


Originaire de Reims, Somna était au départ duo (basse/ batterie) composé de Julien Fighiera et Julien Chamla avant de devenir trio fin 2003, avec l'arrivée de Gérard Tappa (guitariste). Le groupe passe alors près d'une année entière à composer dans son coin, avant de se lancer dans l'enregistrement d'une démo 4 titres intitulée Hyperréalité.
Evoluant dans des sphères post-rock aux ambiances planantes et aériennes, la musique de Somna est très influencée par le jazz. A l'instar des islandais de Sigur Ros qui chantent dans une langue (le hopelandic ) qu'ils ont eux-mêmes inventés pour que chacun puisse trouver une signification personnelle dans les paroles, Somna cherche à créer une musique exclusivement instrumentale visant à faire travailler l'imaginaire. Le groupe veut à travers sa musique toucher l'auditeur, lui « donner la trame d'une histoire, lui dessiner l'esquisse d'un rêve ».
Ambitieuses aspirations que celles de Somna, un groupe qui ne cède pas à la facilité et qui dont le travail ne devrait pas s'arrêter aux frontières de la musique, le trio manifestant le désir de collaborer à plus long terme avec des artistes venus d'autres milieux (photographie, dessin...). En 2007, le trio enregistre un successeur à Hyperréalité sobrement intitulé Somna. Où 4 nouvelles compositions de post-rock atmosphérique et épuré qui s'inscrivent dans la lignée de leur premier effort.

Interview : Somna, In-somna (août 2005)

Somna / Chronique EP > Somna


somna_ep.jpg Il y a parfois des groupes dont on sait qu'ils ne vendront pas forcément des dizaines de miliers d'albums. Pas plus qu'ils ne seront, dans la foulée d'une petite chronique, propulsés en tête de gondole dans quelques grandes surfaces dites "culturelles" dont nous tairons ici les noms pour ne pas leur faire plus de publicité qu'elles n'en matraquent déjà. Somna fait indéniablement partie de ces groupes, parfois méconnus hors de leurs frontières régionales, mais qui ne peuvent que susciter l'intérêt lorsqu'ils nous soumettent leurs disques à l'écoute. Confidentielle mais foisonnante, se nourrissant de ces paradoxes pour mieux développer ses ambiances, planantes et contrastées, la musique des quatre nouveaux titres composant le deuxième EP de Somna est dans la veine de ceux figurant sur Hyperréalité, l'élégant premier essai du groupe. Toujours dans cette veine post-rock classieuse imprégnée de sonorités jazzy ; et désireux de développer l'imaginaire de l'auditeur, lui donner la trame d'une histoire, l'esquisse d'un rêve... d'après ses propres dires, le trio développe une musique qui parle à l'inconscient. Une ode à l'onirisme qui s'empare de nos pensées lorsque que le sommeil s'empare de nous et que l'on s'apprête à rejoindre paisiblement les bras de Morphée, notre esprit dérivant lentement vers l'inconscience. En réduisant quelque peu le format de ses compositions (10'35 pour le plus long, 4'18 pour le plus court de ses 4 titres), les reimois n'ont pas pour autant abandonné ce qui faisait l'essence de sa musique. La production est ainsi d'une limpidité extrème et met parfaitement en relief ces entrelacs instrumentaux qui invitent au voyage sensoriel, à la rêverie post-rock intimiste dont Somna a le secret. Maniant l'épure sans jamais plonger dans l'ennui, s'offrant quelques instants de plénitude stratosphérique avant de rejoindre plus longuement la terre ferme. A l'instant d'Hyperréalité, les morceaux composant le tracklisting de Somna n'ont pas de titre et n'ont que des numéros de pistes, d'ailleurs, la 8 semble s'être égarée en route puisqu'on a droit à 6,7, 10 et 9 dans cet ordre, mais a priori, on peut quasiment être certain que c'est quelque chose de parfaitement délibéré. Et en même temps, il est tellement difficile de prendre un morceau part, les 4 titre formant déjà un ensemble parfaitement homogène, que cela n'a finalement que peu d'importance, la seule chose vraiment essentielle étant cette faculté qu'à le groupe à capter des instants fugaces, presques irréels où le réél et l'imaginaire semblent ne faire plus qu'un. Il y a finalement des groupes dont on sait qu'ils auront un peu de mal à se faire connaître du plus grand nombre et c'est à ce moment que l'on se rend compte que c'est quand même une chance inouïe d'avoir accès à leur musique, un plaisir rare d'avoir la possibilité d'écrire ses quelques lignes quand tant de mélomanes passeront à côté d'elle sans même lui jeter un regard. A eux de nous faire mentir...

Somna / Chronique EP > Hyperréalité


somna_hyperrealite_ep.jpg Hyperréalité, où le disque qui porte merveilleusement bien son nom. Avec ce premier EP composé de 4 titres, Somna nous fait pénétrer son univers musical si particulier, un peu mystérieux, intemporel et onirique.
Désignés par leur numéro de piste (track 1, track 2..) les morceaux d'Hyperréalité n'ont donc, encore un point commun avec Sigur Ros, pas de titre. Le premier de ces 4 morceaux que recèle le premier effort de Somna surprend d'entrée par sa durée : un tout petit peu moins de 16 minutes. Une fois passée les 3 premières d'intro bruitiste, mystérieuse et languissante, on entre enfin dans ce premier morceau du groupe. Un titre free-jazz de haute volée parfaitement maîtrisé et malgré sa longueur, à aucune seconde, ennuyeux.
Légèrement plus court (9 minutes), le second morceau d'Hyperréalité est un parfait compromis entre post-rock et free-jazz. Un véritable alliage d'orfèvre pour un résultat très mélodique, aérien et envoûtant.
Délaissant le jazz pour un post-rock éthéré et légèrement atmosphérique, le troisième titre rappelle un peu l'excellent "A Song of our fathers" d'Explosions in the sky, les envolées de guitare en moins. Un rêve lucide et troublant, une plongée sans filin au coeur d'un labyrinthe musical sans issue.
En guise de final, les reimois de Somna nous offre un nouveau titre fleuve (plus de 13 minutes) inspiré par l'univers de la mer. Entre post-rock, ambient et influences encore une fois très jazzy, le groupe nous offre un titre à l'ambiance feutrée, envoûtant de par son aspect assez répétitif et les sonorités "aqueuses" qui parsèment le morceau.
Avec ce premier EP, Somna prend son temps pour construire pierre par pierre, notes après notes, un disque riche et fascinant, complètement maîtrisé et à la personnalité propre. Plus qu'une découverte, une véritable révélation.