sgm_grand_opening_closing.jpg Réédition du premier album de Sleepytime Gorilla Museum à l'occasion de l'arrivée du groupe au sein du roster de l'écurie Equilibre Music (Dirge), Grand opening and closing est également le premier contact connu avec l'étrange entité SGM. Une musique étrange, à la fois audacieuse, originale et dérangeante, tenant autant du rock expérimental qu'au free-jazz en passant par la musique concrète et le metal extrème, on l'aura compris, le spectre artistique dans lequel vient se mouvoir la formation américaine est pour le moins large. Puisant sa source d'inspiration dans l'héritage dadaïste, mouvement intellectuel et artistique avant-gardiste né au début du 20e siècle et se caractérisant par la remise en cause des conventions et contraintes idéologiques, culturelles, politiques..., Sleepytime Gorilla Museum livre avec ce premier effort, un disque comme on en voit que très rarement. Tenant autant de l'inspiration foisonnante d'un Mike Patton (Fantômas, Mr.Bungle...) touche à tout que de l'avant-gardisme forcené d'un John Cage ou de la folie free-jazz/punk hardcore/rock d'un John Zorn, le groupe expose quelques-unes de ses créations avec un album à l'esthétique musicale effrayante, mais fascinante. Un opus à ne pas mettre entre toutes les oreilles, il va s'en dire.
Déroutant, lugubre, déconcertant, gothique... les adjectifs affluent en vrac et dans le désordre, sans pour autant que l'on s'y retrouve très clairement. La musique de Sleepytime Gorilla Museum est ainsi faite... Insaissable. Par instants très violente, primaire et viscérale ("Ablutions", "Sleep is wrong"), d'autres fois plus douce, mais empreinte d'une mélancolie sombre et extraordinairement torturée, la musique de SGM est d'une noirceur indicible qui glace le sang un instant, puis attise les larmes quelques secondes plus tard. Comme un manifeste de poésie tourmentée, une pièce de théâtre mise en musique à la manière d'un opéra à l'univers étrange, fantômatique et particulièrement troublant. Une oeuvre complexe aux arrangements maladifs, un mélange de sauvagerie métallique et de bruitages inquiétants, bordé par des violons toujours sur le fin du rasoir et des rythmiques sans cesse changeantes... ("Ambugaton", "The stain"). Dans sa démarche jusque-boutiste, SGM va loin, très loin et n'hésite pas à se mettre clairement en danger pour justifier l'essence même de son art : bousculer les convenances, repousser les limites et créer quelque chose qui sorte de l'ordinaire. Evidemment, le radicalisme de la plupart des titres, le refus de toute forme d'art aseptisé de ce Grand opening and closing et intéressant mais peut parfois rebuter. C'est kç exactement ce que cherche Sleepytime Gorilla Museum : diviser pour mieux régner en entretenant un sentiment de chaos artistique permanent et susciter le débat afin de dynamiser la pulsion créatrice. Une expérience, radicale et étonnante...