Année après année, dans une indifférence quasi générale que seuls viennent briser les irréductibles inconditionnels érudits des sphères ambient/drone/expérimentales, le très exigeant label Tonefloat Records continue de sortir des oeuvres essentielles (ou un peu moins), à intervalles réguliers, avec un souci constant de haute qualité de fond comme de forme. Ce jusqu'à constituer un catalogue des plus impressionnants du genre, sinon LE catalogue de référence en la matière : on pense notamment là aux collaborations de la structure néerlandaise avec des artistes tels que Dirk Serries (Fear Falls Burning notamment), Theo Travis (un saxophoniste anglais de renom ayant collaboré avec Robert Fripp - King Crimson - sur plusieurs oeuvres expérimentales) ou Steven Wilson (No-Man, Porcupine Tree, Storm Corrosion) pour les travaux les plus expérimentaux de l'anglais sur Bass Communion notamment, même si Tonefloat s'est également chargé de presser quelques éditions vinyles d'albums de PT.
Véritable refuge artistique pour des musiciens accomplis désireux de s'adonner à leurs penchants les plus outrageusement créatifs, aux expérimentations les plus risquées, dans un désir de liberté de composition absolue, Tonefloat est un label qu'aucun défi ne semble rebuter. Pas même de sortir un 4xLPs (dont un LP live) + CD compilant une trilogie d'oeuvres empiriques co-signées par le belge hyperactif Dirk Serries (Fear Falls Burning, Microphonics, 3 Seconds of Air, Vidna Obmana) et l'anglais Jon Attwood (Yellow6). 3 albums + une réinterprétation live que le duo européen a travaillé au long-cours, des années durant, en marge de leurs projets principaux respectifs et ici réunis sous le nom de The Sleep of Reason. Un patronyme qui résume à lui tout seul ce que l'on trouve sur ces disques, soit une véritable éloge à la lenteur ambient (discrètement dronisante), doucement narcoleptique, flirtant avec les limbes d'une léthargie comatique aussi immersive pour peu que l'on fasse l'effort de s'y plonger que profondément ennuyeuse si l'on est ouvertement réfractaire au style pratiqué. Car sans réelle surprise, les travaux de la paire Serries/Attwood ne sont clairement pas des plus mainstream quand bien même l'ensemble soit d'une relative accessibilité pour peu que l'on manifeste un quelconque intérêt envers les musiques ambient expérimentales. Dans ce cas, The Sleep of Reason offrira quelques heures d'une évasion sensorielle profondément ataraxique et placée sous le haut patronage d'un label aussi rare que finalement précieux. Plutôt classe.
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