Rock Rock > Skunk Anansie

Biographie > de la skunk à Nancy ?

Toute une époque... Le début des années 90 a vu un nombre incalculable de groupes hors du commun sortir des caves pour exploser les scènes des festivals à travers le monde, parmi ceux-là, un s'est particulièrement fait remarquer : Skunk Anansie. Un nom qui claque, des zicos avec de la classe (Ace est guitariste, Cass est bassiste et Mark est batteur) et une frontwoman explosive (Skin), sexy, intouchable et touchante. En 1995, on se prend de plein fouet le premier brulôt Paranoid and sunburnt qui balance autant sur la religion que sur la politique, quand la bombe explose, le batteur originel (Robbie) est déjà parti (tant pis pour lui), les hits se bousculent dans les hits parades ("Selling Jesus", "I Can Dream", "Charity", "Weak"), les concerts sont exceptionnels, Skunk Anansie est un phénomène. Quelques mois plus tard, ils récidivent avec Stoosh et la même réussite ("All I want", "Hedonism (Just because you feel good)", "Brazen (Weep)"...). En 1998, la magie n'opère plus vraiment, l'état de grâce du rock alternatif est passé, Post orgasmic chill contient bien quelques singles/perles ("Charlie big potato", "Secretly") mais le groupe se sépare une fois la nouvelle tournée achevée (2001).
Ace tente sa chance en solo (Still hungry) où l'on trouve des copines à lui dont une Morcheeba), Mark joue les remplaçants de luxe pour Feeder, donne des cours à Brighton avec Ace, Cass enregistre pour d'autres (Gary Moore entre autres !) mais c'est encore Skin qui fait le plus parler d'elle avec deux albums solo (où ses anciens amis Cass et Mark sont les bienvenus) : Fleshwounds (2003) puis Fake chemical state (2006).
En novembre 2008, le groupe annonce sa reformation, la sortie d'une compil (Smashes and trashes) et le retour en studio... Wonderlustre sort en septembre 2010, la tournée européenne qui suit risque d'annoncer complet partout...

Skunk Anansie / Chronique LP > Anarchytecture

Skunk Anansie - Anarchytecture "Anarchy", un mot fort quand on parle de rock anglais, et "Architecture" forment ce titre étrange qu'est Anarchytecture ou comment mélanger deux idées opposées, d'un côté l'absence de règles, de l'autre, l'obligation d'en suivre pour construire quelque chose. Ou comment foutre le bordel dans un cadre imposé, comment bousculer l'ordre établi au sein d'une structure indispensable. La jolie Skin qui dépareille dans un combo de blancs becs ? Une boule d'énergie incontrôlable au coeur de rythmes et riffs policés ? Ou une voix d'ange dans un tourbillon d'électricité ? Et pourquoi pas un zeste d'électro dans des mesures rock n roll ? Ce petit jeu d'interprétations pourrait durer longtemps alors venons-en à cet album.

Enregistré avec Tom Dalgety, valeur sûre du rock burné (Royal Blood, Band of Skulls, Opeth, Turbowolf, Killing Joke, Therapy?, Grave Pleasures...) puis mixé par Jeremy Wheatley davantage connu pour un travail délicat (Unbelievable Truth, The Dandy Warhols, Morcheeba, Duran Duran et un paquet de mixages de singles de Mika, James Blunt ou Eros Ramazzotti... mais aussi Enter Shikari quand même), cet album suit la double sortie de 2012-2013 : le tout feu tout flamme Black traffic et le magnifique An acoustic Skunk Anansie - Live in London empli de douceur. Alors, on enchaîne un autre brulôt studio ou l'expérience unplugged a radouci les mœurs ?

Ni l'un ni l'autre en fait... Sans orchestration symphonique en renfort, le quatuor a gonflé certains titres avec une grosse rasade de sons électroniques qui, de par leur sonorité et une certaine froideur, ont tendance à aseptiser le propos pour donner davantage de puissance à des titres très pop ("Love someone else" et sa rythmique boum boum qui contraste avec les mélodies posées, "Victim" qui sonne comme le single parfait pour les radios), des ajouts électro qui donnent aussi une profondeur trip hop à "Beauty is your curse" ou embellissent la voix de Skin pour un titre quasi a cappella ("I'll let you down"). Les morceaux sans ornementations restent plus bruts, plus rentre-dedans, avec un son de basse bien gras ("Bullets"), une dynamique explosive ("That sinking feeling" ou "Suckers!"), tu l'auras compris, les titres des plages donnent le ton : les balles, une injure, les flammes ("We are the flames") font face à l'amour ou la beauté (même si le thème n'est pas toujours reluisant car c'est plus la séparation que la fusion qui est traitée). Seul petit bémol dans cet album assez équilibré et ultra agréable à écouter, le "In the back room" qui aurait pu être un morceau excellent si son intro ne rappelait pas autant le tube de The Gossip ("Heavy cross"). Au final, Anarchytecture porte bien son nom et tout en cherchant à se renouveler, Skunk Anansie ne déçoit pas.

Skunk Anansie / Chronique DVD > An acoustic Skunk Anansie - Live in London

Skunk Anansie - An acoustic live in London Un an après avoir réussi leur retour avec Black traffic, on retrouve déjà les Skunk Anansie dans nos bacs avec un DVD au titre simple et évocateur : An acoustic Skunk Anansie - Live in London. S'il y a près de 20 ans, les Skunk Anansie ont déboulé avec un titre plein d'énergie et de hargne ("I can dream"), Skin a travaillé son côté délicat en solo mais également davantage avec ses comparses qui n'écrivent pas uniquement des balades pour cartonner dans les charts ("Charity"). Jouant avec bien plus de facilité aujourd'hui sur les deux tableaux, cette nouvelle aventure acoustique semble évidente, le groupe s'étant maintes fois plié à l'exercice dans le passé (dont une très belle session pour la BBC en 1995). Ce qui était moins évident c'est la qualité exceptionnelle de ce concert enregistré en avril 2012 à Londres au Cadogan Hall, l'antre du Royal Philharmonic Orchestra qui prête pour l'occasion quelques uns de ses musiciens (violonistes, violoncelliste...).

Ce DVD présente le live dans son intégralité sans bonus et si ce n'est la très belle réalisation, la qualité de son et les fringues de Skin, un CD aurait parfaitement fait l'affaire. Parce qu'à part se rendre compte que sur certains morceaux les gens se lèvent, l'image, très belle, ou le cadre, magnifique, la valeur ajoutée est minime faute de jeux de lumières ou de mise en scène particulière. Le show est assez intimiste dans ce théâtre et Skunk Anansie n'a jamais été Rammstein, juste un groupe de rock qui se démène sur scène pour donner le meilleur musicalement. Et si on connaît une Skin bondissante en conditions "classiques", là, il lui arrive même de s'asseoir pour être à la même hauteur que le reste des musiciens... Le principal intérêt réside dans l'interprétation des 18 morceaux et des quasi 90 minutes de concert. Et pour le coup, c'est un coup de maître... Si Skin est étincelante de classe et éclabousse de son génie nos oreilles, les autres s'en tirent aussi très bien, notamment Cass dont le son de basse est énorme de douceur. Le travail avec les membres de l'orchestre philharmonique est prodigieux, écoute la diabolique version de "Charlie big potato" s'il faut t'en convaincre... Tout en pureté et délicatesse, les titres s'enchaînent comme dans un doux rêve, passant en revue 20 ans de carrière discographique, la plupart des tubes étant revisités, même les plus doux ("Charity", "Weak", "Hedonism (Just because you feel good)"...), la petite bande se permettant même une reprise de Paul Weller (ex-The Jam) : "You do something to me". Les esprits chagrins et jamais satisfaits (j'en fais un peu partie...), regretteront l'absence des hits fondateurs que sont "I can dream" et "Selling Jesus" mais les plus jeunes n'en auront que faire, n'étant pas forcément sentimentalement attachés à ces vieilles rengaines...

An acoustic Skunk Anansie - Live in London t'est indispensable si tu as été touché de près ou de loin par le combo britannique dont la puissance de feu surprendra toujours, quelques soient leurs choix. Bravo. Et merci.

Skunk Anansie / Chronique LP > Black traffic

Skunk Anansie - Black traffic Après un retour mitigé en 2010 avec un Wonderlustre un peu trop... lustré justement, Skunk Anansie a mis de côté les dorures, a laissé tomber les producteurs les plus pops pour ne garder que Chris Sheldon (Foo Fighters, Oceansize, Pixies, Therapy?...), histoire de laisser davantage parler le côté sombre de sa force. Le noir est à l'honneur avec le titre (Black traffic), une pochette travaillée dans des teintes cendrées et une tracklist qui laisse présager une ambiance peu réjouissante ("I will break you", "Sad sad sad", "Our summer kills the sun", "Drowning", "Diving down"...), on sait un peu où l'on met les tympans...

Pourtant, loin d'amener la dépression dans tes oreilles, ce nouvel album de Skunk Anansie a tout d'une cure de jouvence ! Par certains plans, on se retrouve en 1995 quand on découvrait la puissance et la fraîcheur de Paranoid and sunburnt ! Et les Anglais ne tortillent pas du cul : dès "I will break you", l'attaque est frontale, la guitare fait tournoyer les riffs, Skin cisaille l'air avec son chant vindicatif et basse comme batterie enfoncent les clous. Lancé à grande vitesse, ce Black traffic ne ralentit véritablement le tempo qu'au quatrième titre ("I hope to get to meet your hero") lorsque quelques violons s'invitent pour accompagner la voix toute en douceur de Skin. La guitare s'efface et change de registre, jouant davantage sur la délicatesse et la chaleur le temps de cette parenthèse chargée d'émotions. On retrouve cette atmosphère feutrée un peu plus tard sur les complaintes "Our summer kills the sun", "Drowning" ou "Diving down". La force passe alors par la mélodie alors que le reste du temps, c'est de l'énergie pure que transmettent les Skunk Anansie qui savent très bien gérer leurs efforts (la basse et le chant de "I believed in you" occupent parfois seul l'espace) sur la distance, accélérant même de temps à autres ("Satisfied", "Sticky fingers in your honey") avant de reprendre leur souffle.

Blindé de pépites explosives ("Sad sad sad", "Spit you out", "Sticky fingers in your honey"...) et adouci par quelques sucreries ("I hope to get to meet your hero", "Drowning"...), l'album que Skunk Anansie nous propose en 2012 est un condensé du potentiel de la bande de Skin qui a parfaitement sa place aux côtés de Paranoid and sunburnt et Stoosh tant les titres composés sont proches de l'esprit qui habite les hits "I can dream", "Weak", "Charity", "Hedonism", "Twisted (everyday hurts)". Ca fait du bien de retrouver un peu de sa jeunesse à travers le dynamisme des Londoniens qui ne se contentent plus de jouer du charme de leur chanteuse pour nous faire bander.

Skunk Anansie / Chronique B.O. > Sucker Punch

Sucker Punch BO Gros nanar glam-erotico-chic emballée avec le budget FX et la mise en scène pompeuse d'un bon vieux blockbuster de série B, Sucker Punch aurait pu être, sur grand écran, l'OVNI cinématographique de l'année, soit une claque visuelle éblouissante doublée d'un brillant maëlstrom d'influences geek totalement subversives (et jouissives). Ben raté, le film n'est qu'un vulgaire actioner au scénario pétaradant parfois, d'un ennui mortel souvent, notamment dans le découpage de ses séquences d'action entrecoupées de vide narratif sidéral et de dialogues ineptes. Sans parler d'un cast qui, s'il remplit plutôt son cahier des charges niveau sex-appeal, pourrait se payer 2/3 séquences d'Actors Studio histoire d'être crédible.

Et au milieu de tout ça, une bande-son là aussi complètement sur-reférencée avec de bons gros standards pop/rock et un zeste de hip-hop qui claque dans les enceintes. Pour le coup, la prod' du film a réussi son coup même si c'est la bimbo Emily Browning qui débute son numéro de charme en nous susurrant à l'oreille un "Sweet dreams" des plus racoleurs... du moins c'est ce que l'on pense au début, le résultat étant au final, pour être honnête des plus honorables. On a peut-être trouvé comment relancer la carrière d'actrice de la mignonne petite Emily. Laquelle va s'illustrer un peu plus loin sur une autre reprise, celle du divin "Where is my mind?" des dieux Pixies, en duo avec le chanteur israélien Yoav qu'on ne connaissait jusqu'alors... ni d'Eve ni d'Adam. Et là encore, le résultat se laisse écouter et plutôt deux fois qu'une.

Entre-temps, le bon goût des studios nous aura quand même plutôt bien gâté (pour une fois) puisque Skunk Anansie s'offre une cover du toujours très beau "Army of me" de Björk. Un choix facile certes mais finalement assez évident lorsque l'on a vu subi le film. Puis, l'Islandaise Emiliana Torrini pose son joli filet de voix sur l'envoûté "White rabbit" avant que le duo Alison Mosshart (The Kills, The Dead Weather) & Carla Azar (Autolux) n'enflamme à leur tour le "Tomorrow never knows" des Beatles, qui aura certainement rarement été aussi sensuel. Un mashup hip-hop détonnant de Queen plus tard ("I want it all" / "We will rock you") par Armageddon (aka Geddy, chanteur de Terror Squad) et quelques friandises supplémentaires, on ressort de tout ça en se disant que pour finalement, à côté du semi-four galactique sur grand écran, la BO est quand même loin d'être au même niveau. Parce qu'elle est là, la cruelle ironie d'un film qui aura quand même coûté la coquette somme de 80M$ (hors frais marketing) et qui au final ne brille que par sa bande-son alors qu'il avait, sur le papier, tout pour la rendre justement assez oubliable face au feu d'artifice visuel promis.

Skunk Anansie / Chronique LP > Wonderlustre

Skunk Anansie - Wonderlustre Skunk Anansie est de retour ? Oui ! Enfin presque... Parce que ceux qui pensaient de nouveau mettre le feu à leur chaîne HiFi (même neuve, hein Rémiii ?) avec des titres incendiaires vont devoir se calmer, la bande de Skin a vieilli, la demoiselle a gouté aux joies des projets solo soyeux et si ce nouvel opus est plus musclé que ses incartades en solitaire, il reste assez "gentillet". Les attaques incisives de la guitare et de la batterie sont restées au placard et on a sorti les violons ("Talk too much") pour les arrangements... Wonderlustre est une grosse production et elle a été confiée à une équipe de pros des hits radiophoniques : Jeremy Wheatley (Depeche Mode, James Blunt, Robbie Williams, Moby), Chris Sheldon (Foo Fighters, Biffy Clyro, Oceansize, Therapy?) et Cenzo Townshend (U2, Snow Patrol, Kaiser Chiefs), du lourd et pas que du mauvais mais qui ne font pas vraiment le poids à côté des Sylvia Massy (Tool, Deftones, SOAD... et Paranoid and sunburnt), Garth Richardson (Atreyu, Melvins, RATM, Spineshank... et Stoosh) et Andy Wallace (Slayer, Sepultura, Rage Against the Machine, System Of A Down, KoRn ... et Post orgasmic chill).
Les titres avec un peu de rage (dedans) tels que "My ugly boy", "It doesn't matter" ou "Feeling the itch" (par exemples) sont excellents mais on sent une certaine retenue dans le son, la prod' a gommé les aspérités qui faisaient tout le charme de Skunk Anansie qui devrait se rattraper sur scène car si ces titres sont certainement trop produits, ils n'en sont pas moins bien écrits et ultra efficaces. Le lissage général fait ressortir la jolie voix et les mélodies cajoleuses de Skin qui s'en donne à coeur joie ("Over the love", "My love will fall", "You can't always do what you like" ou "I will stay but you should leave"). Et tu l'auras remarqué à la lecture de ces titres de morceaux, les revendications politiques sont souvent mises de côté au profit de textes chargés en sentiments personnels, de là à penser qu'elle a apporté quelques unes de ses compositions au local de répét', il n'y a qu'un pas...
Wonderlustre signe donc un retour sur la pointe des pieds des Skunk Anansie alors que nous, vieux fans, on espérait un retour en fanfare, toutes disto dehors et une Skin aiguisée comme jamais après avoir pu explorer son côté délicat avec Fleshwounds et Fake chemical state, comme les morceaux sont bons, on attendra de revivre l'expérience Skunk Anansie en live pour s'éclater...

Skunk Anansie / Chronique LP > Stoosh

Skunk Anansie - Stoosh Skunk Anansie est un des groupes qui a longtemps accompagné mes années lycée. Stoosh, plus particulièrement, même si Paranoid and sunburnt avait une autre agréable saveur. C'est plus tout jeune mais la délectation liée à l'écoute de cet album reste intacte encore maintenant et fait ressurgir une pelletée de souvenirs. 1996, milieu d'une décennie (très ?) importante pour le monde du rock, le deuxième album de Skunk Anansie est presque arrivé au bon moment pour qu'il soit encore gravé dans nos mémoires. L'impact médiatique de l'époque y est pour quelque chose, bien sûr, mais Skunk Anansie était doté d'un atout très précieux, sa meneuse : Skin. Femme atypique, cette chanteuse noire (maintenant, nous dirions "de couleur") libérée (bisexuelle), révoltée ("Yes, it's fucking political !!!"), à la voix sensible mais puissante également, était un sacré vecteur d'émotions capable de dégager des frissons sur des refrains d'anthologie (notamment sur "Hedonism (Just Because You Feel Good)" ou "We love your apathy"). Mais Stoosh, c'était aussi de sacrées compositions, simples sans trop l'être, mises en boite par de brillants musiciens. Etant britanniques, il était presque inconcevable pour ces derniers d'éviter la pop. Pas la pop racoleuse, hein ! Non, celle qui avait le cul coincé entre sincérité et efficacité, de la pop-rock super variée sans artifice ! Skunk Anansie savait parfois se transformer en machine de guerre à l'instar du titre d'entrée de l'album, "Yes, it's fucking political", rappelant la touche Rage Against the Machine alors au sommet de son art. La pochette, représentant une Skin qu'on n'aimerait pas rencontrer, va dans ce sens. Le quatuor se permet même une petite incartade acoustique, "Picking on me", jouant sur le jeu de mot entre le picking, technique guitaristique et le titre de la chanson. Stoosh n'était pas seulement un album concentré de quelques tubes radiophoniques, c'était un tout sans véritable faux-pas. Peut-être sous-estimé, ce deuxième album reste, au vu du chemin parcouru depuis, l'un des (si ce n'est LE) meilleurs du groupe à ce jour. En 2010, ils sont de retour avec Wonderlustre après de longues années d'absence. Je crois que je ne prends pas beaucoup de risque en affirmant qu'il faudra qu'on s'touche avant qu'ils nous refassent un album de ce calibre.