Skunk Anansie - Anarchytecture "Anarchy", un mot fort quand on parle de rock anglais, et "Architecture" forment ce titre étrange qu'est Anarchytecture ou comment mélanger deux idées opposées, d'un côté l'absence de règles, de l'autre, l'obligation d'en suivre pour construire quelque chose. Ou comment foutre le bordel dans un cadre imposé, comment bousculer l'ordre établi au sein d'une structure indispensable. La jolie Skin qui dépareille dans un combo de blancs becs ? Une boule d'énergie incontrôlable au coeur de rythmes et riffs policés ? Ou une voix d'ange dans un tourbillon d'électricité ? Et pourquoi pas un zeste d'électro dans des mesures rock n roll ? Ce petit jeu d'interprétations pourrait durer longtemps alors venons-en à cet album.

Enregistré avec Tom Dalgety, valeur sûre du rock burné (Royal Blood, Band of Skulls, Opeth, Turbowolf, Killing Joke, Therapy?, Grave Pleasures...) puis mixé par Jeremy Wheatley davantage connu pour un travail délicat (Unbelievable Truth, The Dandy Warhols, Morcheeba, Duran Duran et un paquet de mixages de singles de Mika, James Blunt ou Eros Ramazzotti... mais aussi Enter Shikari quand même), cet album suit la double sortie de 2012-2013 : le tout feu tout flamme Black traffic et le magnifique An acoustic Skunk Anansie - Live in London empli de douceur. Alors, on enchaîne un autre brulôt studio ou l'expérience unplugged a radouci les mœurs ?

Ni l'un ni l'autre en fait... Sans orchestration symphonique en renfort, le quatuor a gonflé certains titres avec une grosse rasade de sons électroniques qui, de par leur sonorité et une certaine froideur, ont tendance à aseptiser le propos pour donner davantage de puissance à des titres très pop ("Love someone else" et sa rythmique boum boum qui contraste avec les mélodies posées, "Victim" qui sonne comme le single parfait pour les radios), des ajouts électro qui donnent aussi une profondeur trip hop à "Beauty is your curse" ou embellissent la voix de Skin pour un titre quasi a cappella ("I'll let you down"). Les morceaux sans ornementations restent plus bruts, plus rentre-dedans, avec un son de basse bien gras ("Bullets"), une dynamique explosive ("That sinking feeling" ou "Suckers!"), tu l'auras compris, les titres des plages donnent le ton : les balles, une injure, les flammes ("We are the flames") font face à l'amour ou la beauté (même si le thème n'est pas toujours reluisant car c'est plus la séparation que la fusion qui est traitée). Seul petit bémol dans cet album assez équilibré et ultra agréable à écouter, le "In the back room" qui aurait pu être un morceau excellent si son intro ne rappelait pas autant le tube de The Gossip ("Heavy cross"). Au final, Anarchytecture porte bien son nom et tout en cherchant à se renouveler, Skunk Anansie ne déçoit pas.