Skáld - Huldufólk Le nouvel opus de Skáld nous emmène en Islande à la rencontre de petits êtres pas évidents à voir mais qui prennent encore aujourd'hui une part importante dans les croyances locales, des elfes et des trolls qui vivent dans un univers parallèle en toute tranquillité pendant que les hommes se caillent sur un rocher volcanique peu accueillant.

C'est donc ce peuple qui a les honneurs du collectif qui a étoffé son équipe malgré le départ de Justine, on y retrouve des instruments folkloriques aux sonorités médiévales, des rythmes sourds, des chants dans de nombreuses tonalités (je compte 8 vocalistes !) et un amalgame assez délicieux des voix féminines et masculines ("Manin Liour", "Da manen sken"). Ambiances soignées, rythmiques charnelles et mélodies envoutantes, il y a 1000 ans, Skáld aurait fini sur un bûcher pour sorcellerie, aujourd'hui, ils nous font vibrer et vont continuer d'embraser les plus grandes scènes avec des morceaux taillés pour le live, qu'ils soient destinés à soulever les foules comme "Elverhøy" ou plongent tout le monde dans un moment de délicatesse sacrée comme "Hinn mikli dreki". En tout cas, les deux fournissent déjà leur lot de frissons sur disque. Malgré la barrière de la langue, on se sent proche de ce Huldufólk, un monde où la spiritualité peut se mélanger aux pitreries, où l'aventure débute après le ruisseau ou derrière cette grosse pierre, un univers où la nature est un terrain de jeu respecté, un espace qui trouve en "Trollslaget" une frontière, un titre instrumental qui semble être, si ce n'est une conclusion, au moins une transition car ensuite, ce sont deux reprises que nous offre Skáld. On quitte la féerie scandinave et on croise de l'allemand et de l'anglais pour respecter les paroles originelles (une traduction aurait été sympa aussi, non ?). La première cover est assez déroutante, c'est le "Du hast" de Rammstein, un titre percussif où les frappes métronomiques l'emportent sur les mélodies, au vu des qualités vocales du collectif, on pouvait imaginer une version rafraîchie de "Engel", "Sonne" ou "Mutter" tant les aspects mélodieux et puissants de ces tubes correspondent à Skáld mais le contre-pied fonctionne parfaitement. La deuxième est plus "logique", c'est "A forest", un titre qui colle bien à leur décor et à la température ambiante, le morceau de The Cure est souvent repris (Behemoth en a donné une version récemment et par le passé des groupes aussi divers que Dionysos, Waltari ou Steven Wilson se sont pliés à l'exercice), un essai et une transformation si réussie que je préfère cette version à l'originale...

Du changement autour de Christophe Voisin-Boisvinet mais de la continuité tant l'entité Skáld dépasse désormais son géniteur, c'est un esprit, certainement en communication avec le Huldufólk, qu'incarne quelques mortels pour nous faire vibrer de ce côté-ci du monde avec de bonnes ondes venues d'ailleurs. Gledur mig ad kynnast ber.