Sigur Ros - The Valtari Mystery Film Experiment A l'affût de la moindre idée géniale capable de transcender leur musique (comme si celle-ci ne l'était déjà pas assez) en leur permettant de se dépasser, de repousser leurs frontières créatives et de stimuler leur inspiration, les petits génies islandais de Sigur Ros ont alors initié ce qu'ils ont appelé le "Valtari Mystery Film Experiment". Le concept : donner l'occasion à seize réalisateurs, professionnels ou pas, d'illustrer en images mouvantes les morceaux de l'album Valtari sorti quelques mois plus tôt, ce avec une totale liberté de création. Entre mai et novembre 2012, le groupe a ainsi posté tous les quinze jours, en avant-première sur la plate-forme VEVO, ses créations autant signées par des anonymes, des intimes du groupes, des collaborateurs réguliers (Ryan McGinley) ou quelques metteurs en scène reconnus du 7ème Art (John Cameron Mitchell est notamment le réalisateur de Shortbus), accompagnés d'acteurs qui ne le sont pas moins (Elle Fanning vue dans Super 8 et même le très bankable Shia Labeouf - Transformers).

Suite au succès rencontré et au-delà de la simple réussite artistique du projet, le groupe a alors décidé de publier un DVD/Blu-Ray regroupant les 16 films de cette expérience... pour laquelle l'idée de donner carte-blanche à des personnes extérieures au groupe mais clairement inspirées par lui donnent des résultats assez uniques en leur genre... et surtout dépassant largement le cadre du simple clip d'illustration "classique", ce pour des budgets assez modestes (on parle de 5000 dollars ce qui est assez peu pour un groupe de cette envergure). Organiques, bercés par une douce mélancolie, souvent un peu expérimentaux, on est parfois à la limite du surréalisme sinon en plein dedans, mêlant le langage cinématographique et chorégraphies contemporaines à l'oeuvre des Islandais (laquelle s'y prête idéalement)... ces mini-films font figure d'exceptions au sein du paysage "video musical" actuel et surtout, ne se contentent pas de simplement emballer plastiquement des morceaux. Il leur donnent parfois un second sens caché, des significations magnifiées par des esthétiques visuelles souvent empreinte de cette poésie onirique qui caractérise si souvent la musique du groupe.

Musique qui inverse ici le rapport bande-son / image dans la mesure où généralement l'une illustre l'autre dans un sens où l'image est la matière première. Mais avec Sigur Ros, les frontières entre médias n'existent plus, l'un se nourrit forcément de l'autre et procure des émotions pures d'une rare beauté, des expériences sensorielles qui parviennent à dissimuler un goût pour l'expérimentation, voire un certain hermétisme derrière une beauté toujours aussi ineffable que celle de la musique d'un groupe définitivement hors-norme. Classe évidemment.