Sigur Ros - Valtari Si Meo suo i eyrum vio spilum endalaust et ses pop-(folk)songs hippie bucoliques un peu trop "simplistes" de part leur innocence quasi infantile à défaut d'être profondément touchante, avait pu dérouter les plus fervents inconditionnels des premières oeuvres de Sigur Ros, Valtari va peut-être les réconcilier avec ce qu'ils aimaient le plus chez le quartet de Reykjavik. Des mélodies veloutées, un recueillement post-rock aux effluves pop scintillantes ("Ég Anda"), des enluminures du plus bel éclat et cette grâce revenue effleurer un songwriting à fleur de peau pour l'emmener de nouveau tutoyer des sommets d'élégance et d'écriture comme au plus belles heures d'Agaetis birjun et ( ) (toutes proportions gardées). On les croyait définitivement "partis" vers d'autres sphères créatives, d'autres désirs artistiques (notamment Jonsi et ses disques solo), il n'en était finalement rien et "Ekki Múkk" en est certainement la plus belle des démonstrations.

Quelques mois après le sublime Inni, revenant en live sur ses plus belles compositions, Sigur Ros réussit de nouveau à toucher l'auditeur au plus profond de son être, entrant en prise directe avec son âme le temps de quelques moments de musique à la beauté infinie, sans jamais forcer le trait, avec juste ce qu'il faut d'équilibre entre épure absolue et myriade d'effets qui rendraient l'ensemble un peu trop chargé si justement il ne trouvait pas le bon dosage ("Varúð"). Mais que ce soit sur "Rembihnútur", "Dauðalogn" ou le magnifique "Varðeldur" le groupe laisse flotter ses esquisses mélodiques dans l'atmosphère, (dé)peint avec ses instruments des panoramas qui restent en sustentation magnétique et enveloppe encore une fois l'auditeur dans un halo de douceur veloutée, le laissant ainsi rêveur, semi-conscient et bercé par cette finesse infinie dont on sait le groupe capable depuis pas loin de deux décennies maintenant. Presque une formule devenue au fil des années quasi idéale, une recette "secrète" pour parvenir à le mettre dans cet état de quasi hypnose bienveillante (l'hypnotique "Valtari"), que l'on reconnaît aisément, mais qui à chaque fois procure un plaisir littéralement étourdissant.

On a beau se le répéter que l'on connaît le "truc", presque un tour d'illusionniste et pourtant, l'évidence se fait jour d'elle-même : tout Sigur Ros est là, dans cette capacité à faire de ce que l'on attendait d'eux, sans surprendre sur la forme et pourtant parvenir arriver à émerveiller sur le fond ("Fjögur Pianó"). Encore et toujours dans ce registre si "précis". Sans doute parce que ces gens-là n'ont plus rien à prouver, ni rien à (ré)inventer de plus désormais et qu'ils continuent d'écrire des morceaux avec cette griffe créative si reconnaissable et un plaisir collectif apparemment intact. Et après un intermède un peu différent avec leur album précédent, les voici semblant boucler une boucle invisible en opérant un quasi retour aux sources de leur musique. Pour un résultat, minimaliste et intimiste, qui érige la notion de beauté au rang de vérité absolue.