Sigur Ros - Inni Il y a bien des fois où l'on se dit qu'un DVD musical ne sert définitivement à rien : objet bassement promotionnel sans âme destiné à gonfler les ventes de merchandising, live capté à l'emporte-pièce par un réalisateur qui filme avec des mouffles (ça vaut aussi pour quantité de clips vidéo cela dit), un show honorable mais des bonus présentant un groupe charismatique comme une bûche ou qui n'a rien d'autre à faire que faire l'éloge de la biture dans des featurettes qui sont par conséquent aussitôt vues, aussitôt oubliées... et puis il y a quelques fois, où l'objet est une oeuvre artistique à part entière. Quatre ans après son exceptionnel Heima, LE film musical par excellence, les inénarrables Sigur Ros remettent ça avec Inni, dirigé par le talentueux Vincent Morrisset, réalisateur du Miroir noir : Neon bible archives d'Arcade Fire.

2 disques et une quinzaine de titres pour un peu plus d'une heure et demi de musique en audio + un film de quelques soixante-quinze minutes retraçant sensiblement la même chose mais de manière différente (on y revient), puisque capté en 2008 lors de deux concerts donnés par la troupe islandaise à l'Alexandra Palace de Londres. Le programme est alléchant ? Sur le papier, ce n'est rien par rapport au rendu, tant sonore que visuel d'Inni. Sigur Ros, on le sait depuis maintenant une jolie collection d'albums incomparables, ce sont quatre surdoués dont le talent pour composer des pépites intemporelles n'est plus à démontrer, mais également des "performers" capable de satelliser un public comme personne. Sur les deux CDs audio, le résultat est comme souvent étincelant, la "faute" à une tracklist de rêve laissant la part belle aux "tubes" du collectif nordique, les "Svefn-g-englar", "Glósóli", "Ný batterí", "Með blóðnasir", "Hoppípolla", "Sæglópur" qui retournent les plus insensibles et profitent d'un travail de mixage absolument phénoménal. Et en même temps, on n'en attendait simplement pas moins d'eux, ces gens-là rendant l'ordinaire merveilleux.

Quasiment trois heures de bonheur sonique pur donc, car en sus des deux disques de la version audio, on a donc droit au coeur de cet objet un peu à part qu'est Inni. Soit un live d'une heure et quart tourné comme un film des années 30 (l'image en fait, le son étant lui irréprochable), en noir et blanc, dont l'image a été très soigneusement travaillée en post-production pour lui donner un charme suranné qui sied idéalement à la musique du groupe. Ici le résultat est juste bluffant, ébouriffant, bouleversant (ou les trois en même temps), surtout en Blu-Ray où le grain de l'image amplifie l'effet produit et là où nombre de groupes profiteraient allègrement de la qualité ce support technologique de pointe pour émerveiller par sa maîtrise de la HD, Sigur Ros fait le chemin inverse, pour nous toucher en plein coeur (avec en prime un petit docu "inside Inni" sur la conception du film en cadeau). Et, le pire, c'est que ça marche... Takk.

PS : petit bonus => deux titres sont en téléchargement libre ci-dessous.