Le Cinéma de Sigur Ros H-11 : Aix-en-Provence, samedi 28 novembre 2009, 9h43, température extérieure : fraîche mais agréable, soleil éclatant. Comme d'hab quoi... H-8 : Paris, samedi 28 novembre 2009, 12h43, température extérieure fraîche mais agréable, grisaille totale, humidité : 124%, pluie assurée pour la soirée. Normal. Fatalement, quand les fenecs sudistes descendent du TGV après 3h passées à voir le temps s'obscurcir inexorablement pour finalement arriver sur la capitale avec l'impression que le ciel va leur tomber sur la tête, ils font un peu la gueule. En même temps, ils n'ont pas vraiment le temps d'y réfléchir, le programme du (court) week-end est chargé et ils ne sont pas là pour lambiner. Direction le RER parisien (tout un poème en soit), un arrêt par le Printemps, un détour par l'hôtel, le camp de base des fenecs sera situé dans le VIIIe arrondissement, là-même où l'on retrouve un fenec (Ted) et un presque fenec (Kev) le temps d'échanger binouzes contre coca et de voir naître en direct la future légende urbaine de The Distiller (private joke inside).

H-1h30. Principe de base : le fenec sudiste, qu'il soit de sexe mâle ou femelle (ok surtout le mâle) a la fâcheuse habitude d'être en permanence en retard. Et là, même hors de son environnement naturel, ne change pas pour autant ses habitude. Traduction : on est à moins de 2h, on a à moitié oublié l'adresse, on n'est pas encore douchés, pas habillés, pas restaurés... bref code rouge, on est méchamment à la bourre. Une heure quinze de rush absolu pour tout faire et nous voici partis en expédition taxi à travers la circulation parisienne. Dense très dense, surtout à l'approche des Champs Elysées (en même temps un samedi soir, sous la pluie à 20h30... difficile de mieux choisir son moment). Slalom, crissements de pneus et petite manoeuvre bien étudiée, voici que notre chauffeur nous dépose devant l'Elysée Biarritz à 20h44 pétantes. H-0 ou presque : 44 minutes de retard : on a géré. On enchaîne donc et on passe à la découverte de l'endroit, un cinéma + salle de réception classe, très classe, stylé art déco, à la fois moderne et classieux, écrin idéal pour projeter l'oeuvre de Sigur Ros sur grand écran (chapeau l'orga de la soirée...).

Au programme : la projection du film documentaire Heima, une interview publique avec Orri (batteur du groupe), John Best (leur manager) et Dean Deblois (le réalisateur d'Heima), une petite surprise puis les projections de films courts ou moins courts mis en musique par la troupe islandaise (The Last farm, Hlemmur...). Autant dire qu'on n'a pas fait le déplacement pour rien, surtout que les lieux se prêtent particulièrement à ce type de soirée (un grand écran dans chaque salle, un son à l'avenant) pendant laquelle on peut également se restaurer (des sushis !!!) sans perdre une miette de ce qu'il se passe à l'écran. Heima se termine, laissant les spectacteurs avec des étoiles plein les yeux et laisse place à une interview publique qui va faire salle comble (plus de monde, ça débordait...) avec au menu, un Orri (le batteur du groupe), intimidé, un John Best affable et un Dean Deblois tout en coolitude nord-américaine (typique). Ces trois-là ont fait le déplacement depuis l'Islande, Londres ou Los Angeles et ne sont donc pas venu pour discuter tricot. L'échange avec le public est à la fois agréable et presque intimiste, on évoque le travail du groupe, le passé, l'avenir, le tournage d'Heima et le trio n'évite aucune question, y répondant au contraire longuement et précisément, s'amusant presque à mettre leur interprète au supplice. Une poignée de demi-scoops plus tard et voici que les trois s'éclipsent pour laisser les images envahir l'écran géant et notamment un clip live (cadeau de John Best) capté pendant la dernière tournée du groupe, à peine dérushé, même pas mixé et balancé comme ça à la brutale, pour un résultat absolument bluffant de puissance et d'intensité. Qu'on se le dise, le Sigur Ros live cuvée 2009 doit valoir le coup-d'oeil. On enchaîne avec les projections de The last farm bouleversant court-métrage Islandais (voir liens) que l'on ne saurait que trop recommander, de vidéos de tournée et du documentaire "Hlemmur", mis en musique par le quartet nordique, avant de s'éclipser et finir cette nuit avec en tête la musique (et les images) d'un groupe définitivement pas comme les autres.