Le Sigur Ros cuvée 2008, ça se déguste un peu comme un petit Crémant d'Alsace... on savoure son plaisir avant même d'avoir posé une oreille dessus. Mais quand "Gobbledigook" et son clip concept hippie "nudité = liberté" pour attirer le chaland" (cf : l'artwork de l'album) débarquent sur la toile, on est un peu inquiet. Car, hormis les indéniables qualités visuelles de ladite vidéo (sic), le morceau est complètement dans la veine de son clip (logique en même temps), bucolique, enlevé, empreint de mélodies pop pastorales mais finalement assez plat d'un point de vue émotionnel. Les mauvaises langues diront que, s'agissant d'un single, ce n'est finalement pas surprenant. Mais l'interrogation demeure, la musique des islandais aurait-elle évolué vers des contrées musicales bien éloignées de la (post)-pop céleste contemplative à laquelle ils nous ont habitués. "Inní Mér Syngur Vitleysingur" puis "Góđan Daginn" viennent rapidement, et en douceur, dissiper le malentendu naissant...
Car peu à peu, on retrouve tout ce qui faisait le charme de la musique du groupe sur Agaetis Birjun ou Takk en passant par le sublime ( ), à savoir une propension à livrer des mélodies planantes dans les hautes sphères du rock atmosphérique et d'une pop lumineuse évanescente. Sous un ciel d'un bleu éclatant, pas l'ombre d'un nuage ne vient obscurcir le petit monde des Islandais, les morceaux se suivent, la production (coup de chapeau à Mark Ellis a.k.a Flood) rend grâce aux harmonies d'une pureté rare et plonge l'auditeur dans un profond sentiment de sérénité absolu. "Viđ Spilum Endalaust" prépare le terrain et on se dit alors que le groupe va nous offrir incessamment sous peu l'un des sommets de ce Meo suo i eyrum vio spilum endalaust. Echos enchanteurs, pop extatique, mélopée scintillante, "Festival" et ses dix petites minutes (en fait un peu moins) d'une onde sonique qui nous transperce de part en part, nous emmène dans un monde bien éloigné du notre. Oubliés les tourments du quotidien, les futilités existentielles, entre innocence et évasion, le groupe offre une véritable cure de jouvence émotionnelle à ses auditeurs... et décide, sans sourciller, de poursuivre son oeuvre en levant le voile sur des compositions du niveau de l'élégante "Međ Suđ I Eyrum" ou de la très belle "Ára Bátur", merveilleusement ciselée.
Un piano qui vient cajoler des mélodies vibrantes portées par le chant toujours aussi haut perché et inimitable de Jónsi Bór Birgisson, des arrangements à cordes sublimes (toujours signées par le quartet Amiina), des émotions à fleur de peau sublimées par des instrumentations comme touchées par la grâce... Un soupçon de pop/folk acoustique, "Illgresi", une pop doucereuse et post-classique, "Fljótavík", les islandais concluent leur album sur "Straumnes" et "All Alright", deux pépites intimistes, en anglais et hopelandic, qui bouclent dans une atmosphère de recueillement et d'apaisement total, un disque magistral. Sans avoir plus rien à prouver, Sigur Ros vient démontrer qu'il cherche toujours à affiner son écriture, à se remettre en question pour repousser un peu plus loin les frontières de son art.
Meo suo i eyrum vio spilum endalaust
Gobbledigook
Inní Mér Syngur Vitleysingur
Góđan Daginn
Viđ Spilum Endalaust
Festival
Međ Suđ I Eyrum
Ára Bátur
Illgresi
Fljótavík
Straumnes
All Alright
Inní Mér Syngur Vitleysingur
Góđan Daginn
Viđ Spilum Endalaust
Festival
Međ Suđ I Eyrum
Ára Bátur
Illgresi
Fljótavík
Straumnes
All Alright
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