sigur_ros_agaetis.jpg Ne cherchez pas forcément à comprendre les paroles, Jón Birgisson chantant tantôt en anglais, tantôt dans sa langue maternelle, il faut, pour pénétrer l'univers des islandais de Sigur Ros se laisser porter par leur musique et les sentiments qu'elle procure. A l'occasion de ce qui constitue le second album du groupe (après Von) et à travers des titres tels que le magnifique "Svefn g englar" (long de plus de dix minutes), "Staralfur" (dont les lignes mélodiques rappellent par moments le travail de Michael Nyman sur le score du film Gattaca) ou "Flugufrelsarinn", le quartet nous propose une musique atmosphérique et hautement émotionnelle. Un envoûtant mélange de pop, d'ambient et de post rock, où viennent se greffer quelques influences néo-classiques ("Avalon"). "Hjartað hamast" et son intro légèrement country (à l'image de Lonesome Travellers, le side-project du batteur Orri Páll Dýrason qui reprend des titres de Sigur Ros à la sauce country) est la quintessence du talent des islandais. Aérienne, intense, mélodique, enivrant et porté par la voix cristalline, ce morceau est une merveille qui mérite à elle seule que l'on se procure Agaetis Byrjun. Sigur Ros sait avec un talent rare, varier les plaisirs et les registres abordés. "Ny Batteri", en est la preuve incontestable. Entre influences légèrement jazzy et fulgurances post-rock rappelant les plus belles envolées d'Explosions in the Sky, le quartet islandais fait preuve d'une maîtrise technique et artistique incomparable. Sous le charme d'un groupe qui semble savoir à peu près tout faire, on découvre alors l'hypnotique "Vidrar vel til loftarasa", trio piano/ violon/ chant éternel de plus de 7 minutes, lesquelles précèdent une nouvelle envolée de guitare du plus bel effet. Un morceau qui ne pourra laisser indifférent, un titre ciselé par quatre artistes définitivement à des années lumières de ce qui se fait ailleurs. Sublime.
Venu d'une île dont on parle peu, Sigur Ros est sans doute ce qui est arrivé de mieux à l'Islande depuis Björk et Halldor Laxness (prix Nobel de littérature en 1955). Ce quartet nous offre avec Agaetis Byrjun une musique d'une rare intensité émotionnelle, inspirée et poétique. Les musiciens de Sigur Ros sont des orfèvres et ils ont, tout au long des dix titres que ce recèle cet album, façonné ce qui ressemble à un chef d'oeuvre.