Shoot The Singers

Biographie > Tuez les tous

Ce trio bisontin distille depuis l'année dernière un son qui sent bon le rock n' roll grassouillet du fin fond de la cave. Composé de Mickaël (ex-Lead Orphans, ex-Tennisoap) et Benjamin (The Tiger Theory et ex-Tennisoap) aux guitares, le tout rythmé par Benoît de Seven Of Nine, Shoot The Singers sort son premier LP limité à 300 exemplaires en octobre 2012 chez Impure Muzik. Enregistré live en deux jours, A good singer is a dead singer impose déjà son style par l'intermédiaire d'un artwork plutôt réussi où le groupe se met en scène façon "killers" à la Tarantino... Les chanteurs n'ont qu'à bien se tenir !

Shoot The Singers / Chronique LP > Left lane loser

Shoot The Singers Left lane loser Alors que Shoot the Singers prépare la sortie de son nouvel album et la finance avec une souscription vraiment très avantageuse (qui te file le nouvel album et les deux précédents en vinyle avec en plus un T-Shirt pour 50 euros ?) qui n'a pour but que de couvrir les frais de production (et non pas de payer le loyer du local ou d'aller filmer un clip à Las Vegas), bref, alors qu'ils cherchent un peu de promo pour cette saine opération de crowdfunding, on se rend compte qu'on a "oublié" leur deuxième opus : Left lane loser.

Grosse erreur de notre part ! Enfin "ma part", je ne vais pas faire couler l'équipe avec moi alors que je suis le premier responsable... Après le remarqué A good singer is a dead singer paru en 2012, le trio (même s'ils sont aujourd'hui quatre) poursuit son aventure indie-rock avec davantage d'assurance pour se lancer dans d'autres voies... Et d'abord par sa voix, elle est claire et très présente sur l'inaugural "Lights" alors que le chant se faisait plutôt discret à leurs débuts. On peut donc être un bon chanteur vivant ! Un très bon même quand on écoute la suite qui prend des airs grungy, une gouaille ultra catchy, le genre de truc dont raffole les college radio aux USA, sur "Square" ou "Beauty of the weak ones", je retrouve l'insouciance et la facilité déconcertante des débuts de Nada Surf (ceux de High/low avec "The plan" ou "Treehouse" plus que "Popular"), bien sûr que le grain est différent, ici, ça sonne plus old school (ou faut-il dire stoner ?) et distordu mais ça plaît immédiatement et ce n'est pas donné à tout le monde d'écrire de telles harmonies. La mélodie touche toujours l'auditeur, quand bien même le tempo se ralentit et la guitare se drape d'accords noisy ("Like you", "Don't well me") ou qu'au contraire le titre fait quelques embardées groovy ("Am radio and chill"). Shoot the Singers termine en revenant à son postulat de départ (flinguer les chanteurs) avec "Hold the door", un instrumental qui mêle blues profond et psychédélisme de surface, énième preuve de leur talent à mixer les influences et à structurer leurs pensées.

Left lane loser, c'est celui qui ralentit le groupe, c'est ça, celui qui prend son temps alors que tout le monde veut aller de plus en plus vite ? Le genre de mec à qui il faut 7 années pour parler d'un putain de disque de rock ? C'est moi, non ? C'est bon, je me range, vous allez pouvoir tracer votre route à vive allure et promis, je check mes rétros, les angles morts et je dégage la vue pour ne pas rater le troisième album début 2025 !

Publié dans le Mag #62

Shoot The Singers / Chronique LP > A good singer is a dead singer

Shoot the singers - ADSIAGS Besançon... encore et toujours. L'une des capitales du rock français (avec Lille ?) abrite depuis l'année dernière un trio signé sur le label local (et international) de référence Impure Muzik (Microfilm, Interlude, Jack And The Bearded Fishermen). Il ne s'agit ici pourtant pas de noise, de (post-)hardcore, de sludge et autre post-rock apocalyptique si chers au précité. Non, la violence ici, si tant est qu'il y en ait une, se traduit par un langoureux indie-rock à l'esprit "garage" et se prénomme Shoot The Singers. Deux guitares, une batterie et un chant relativement discret (vu le nom du groupe et son artwork, on peut aisément le comprendre) : voilà en clair la formule de ces Bisontins en mal de rock US qui nous ramène inexorablement vers des sonorités nineties. Quand on plante un décor pareil, difficile de résister à la découverte de ce premier LP.

Avant même de poser le micro-sillon sur la platine, A good singer is a dead singer charme par sa pochette recto-verso dont l'artwork en forme d'affiche de film met en scène le trio se débarrassant du corps d'un chanteur, pour rester dans le propos. Shoot The Singers mise donc sur le son et ils ont bien raison. Deux guitares en parfaite harmonie qui sonnent brutes (du rock quoi !) et dont le ton est d'humeur grave, les riffs caressant le stoner ("The last coach" fait penser par moment à du Queens Of The Stone Age), le rock alternatif US (on retrouve quelques plans à la And You Will Know Us By The Trail Of Dead époque Madonna sur "Be quiet" and "I'll laugh") avec une belle prise de liberté dans les structures où un soupçon de post-rock noisy (certains citent les très influents Slint) vient se frayer un chemin dans cette aventure enregistrée live en deux jours. Sans parler de la bluesy "Ashtray".

Le moins que l'on puisse dire c'est que moult formations apparaissent inconsciemment à l'esprit pour tenter de décrire l'univers de Shoot The Singers, qui, au delà du fait que leur premier disque n'apporte pas vraiment de pierre à l'édifice, s'avère foutrement efficace et largement assez bandant dans son approche artistique. Il y a de quoi bouffer dans ce A good singer is a dead singer et cette digestion de réminiscences citées plus haut par ces pensionnaires du Data Music (les gars de Besac comprendront) passerait presque comme un souffle divin au vu du nombre de formations françaises qui ont été vouées à l'échec dans ce genre d'exercice.