SheWolf - Parasite Il y a l'excellent "Parasite", film multi-récompensé (à juste titre) de Bong Joon-Ho, qui décrit une société contemporaine dont les strates sont incapables de vivre ensemble autrement qu'en développant des travers comportementaux et individualistes ; il y a maintenant le tout aussi bon Parasite de SheWolf, qui égrène tout autant de thèmes parasitaires de notre société, ces entités nocives qui se sont invitées dans notre vie quotidienne, insidieusement, et qui tirent profit de leur hôte, pour perdurer. Ce sont les relations toxiques homme pervers - femme, la croissance béate vs la définition du bonheur individuel, l'avidité de pouvoir de la classe politique face au peuple, les stéréotypes machistes face à un féminisme qui tente toujours de résister.

Bref, le trio de SheWolf, composé d'Alice (Chant, guitare), Marie-Claude (Batterie) et Fanny (basse, chœur), porte une parole revendicative et féroce, préférentiellement chantée en anglais. Et quoi de mieux que d'accompagner ces lyrics avec un style né pendant les années 90, celui qui a éclaté la vitrine trop parfaite des années 80 que les publicitaires voulaient nous vendre (celle de ses golden boys et des top models stars), à savoir le grunge. Ces 90's qui virent débouler les L7 pour te cracher à la gueule, le "No Logo" de Naomi Klein pour t'expliquer que tu es un mouton, et le "Baise moi" de Virginie Despentes qui bottait le cul des mâles trop testostéronés. Toutes ces références digérées par SheWolf pour proposer leur deuxième album. Un son de guitare bien grungy, une basse ronde et une batterie qui explose quand il s'agit d'envoyer de la rage ; avec la voix d'Alice, belle et impressionnante quand elle semble hurler jusqu'à la rupture. Et le trio aime surprendre, avec des entames souvent tranquilles, des ambiances plus retenues. Comme une main qui descend le long de ta colonne vertébrale, tapotant ton dos comme un piano, avant d'y subitement planter ses ongles, transpercer l'épiderme, et essayer d'attraper tes vertèbres comme de vulgaires sushis ("Parasite", "Burnt"). Plus classique dans sa structure, le single "Monster", que tu peux zieuter sur Youtube, t'obligera assurément à reprendre le refrain avec elles. On trouvera aussi parmi les 9 excellents titres, la "pause féminin(e)". Le seul titre en français, en mode spoken word, qui te permettra de calmer les décibels sans échapper à cette tornade d'adjectifs qui te fera ressentir, si tu n'en es pas une, ce que les femmes se ramassent comme réflexion à longueur de journée. En définitive, SheWolf se promène avec maestria comme les enfants légitimes de Courtney Hole et Kurt Nirvana, envoyant une belle œuvre puissante et cinglante en tout point.