Not Scientists Not Scientists Il est un peu avant 15 heures quand nous débarquons, après une route ponctuée d'averses et autres réjouissance météorologiques, dans la préfecture du Bas Rhin. Nous, c'est en fait moi (jusque-là, tu l'auras compris) et Marie d'Emm, photographe œuvrant pour WARM TV et ayant déjà mis à disposition des (très jolis) clichés pour ton mag en ligne préféré. Nous avons rendez-vous avec Antho (Guerilla Poubelle, Mauvaise Pioche et aujourd'hui tour manager des Sheriff) qui nous a trouvé un bon créneau pour une interview croisée entre Niko Tagada Jones et Olivier Sheriff. En attendant, on constate que les Not Scientists sont déjà arrivés, et nous prenons des nouvelles des troupes. A l'heure prévue (ou presque), l'interview peut commencer dans les loges des Sheriff et je passe un très bon moment à échanger avec les deux chanteurs. S'en suivra une séance photos quelque peu improvisée puis nous regagnons le hall de la Laiterie où j'enchaîne avec une interview Dans l'Ombre avec le généreux David de Dirty Fonzy et une Intervi ou rapide et efficace de Fred Not Scientists. Si bien qu'à 16h45, je peux ranger mon dictaphone, le boulot est fait ! Il ne me reste plus qu'à investir la grande salle, tandis que Marie prend place dans le pit photo (composé ce jour de deux photographes !) et de me positionner pour le concert tant attendu de Not Scientists, histoire de bien commencer la journée (ou plutôt de parfaitement terminer l'après-midi).

Not Scientists, ou comment caresser le sublime.

À la louche, je dirais que la Laiterie a dû friser le sold out, mais à l'heure où le gang des Lyonnais monte sur scène, l'assistance est encore un peu clairsemée, le public grossissant au fur et à mesure du show. La dernière fois que j'ai vu le groupe sur scène, c'était le 9 février dernier à Vitry-le-François. C'était il y a à peine un mois et demi. N'empêche que ça paraît une éternité. Oui, le groupe m'a manqué et il est hors de question que je perde une miette de ce concert. Alors que résonne le sample d'intro de "Push" (ouvrant le dernier album en date, l'indispensable Staring at the sun), les musiciens arrivent sur scène sous fond de lumière tamisée violette. Puis c'est le début du concert presque parfait. Presque car naturellement trop court, comme toujours pour les groupes de début de plateau. Enfin, parfois, c'est largement suffisant mais là, non. Non. NON. NOOOOOOOOOON ! Le public dans le pit écoute religieusement le début du show, même s'il se dandine sur le remuant "Perfect world" et le feutré "Like god we feast". Et quand Ed interroge le public pour savoir qui voit le groupe pour la première fois, pas mal de bras se lèvent. "On va vous faire un nouveau morceau, comme ça, vous ne verrez pas la différence". Et d'enchaîner alors avec "Fasten your seatbelts", remuante plage numéro 2 du EP tout frais Staring at the moon (composé de quatre inédits enregistrés pendant les sessions de Staring at the sun et de quatre titres enregistrés live). Ça commence à chauffer dans l'assistance, et le groupe ne lâche pas la pression en envoyant un "Paper crown" de toute beauté. De toute beauté, comme le groupe ! Dirty Fonzy Dirty Fonzy Comme à son habitude, le Bazile se révèle être un métronome ultra précis et non moins puissant, en parfaite symbiose avec le jeu de basse impeccable de Julien. Et les guitares dans tout ça ? Fred et Ed se révèlent être parfaitement complémentaires. Quant aux voix, c'est du grand art. "Rattlesnake" et "%8X5" enfoncent le clou et il est 17h42 quand le premier pogo se forme sous le son de l'excellent "Spit it out". Ce morceau, premier single de Staring at the moon, figure dans mon top 3 des morceaux du groupe. Rien que ça ! Et je ne suis désormais plus le seul à Strasbourg à être conquis par ce titre aussi mélodique qu'explosif. Et bien que la fin des réjouissances approche, le groupe enchaîne avec le tendu "Downfall" puis avec l'enchaînement parfait "Shoplifter" (ohhhh ohhhhh !!!) / "Leave stickers on our graves" des premiers maxi du groupe. Le son est bon et les lumières sont très bien adaptées au set. Seul petit regret : Destroy to rebuild ne sera pas représenté dans la (trop) courte set list mais que veux-tu, les fans sont toujours exigeants ! Un chouette concert (encore un !) de Not Scientists qu'on risque de retrouver assez rapidement en studio. Ouais. OUAIIIIIIIIS !!! A très vite les gars.

Dirty Fonzy, ou l'art de bien faire la fête un dimanche soir.

Le public ne s'y est pas trompé et le stand du groupe est pris d'assaut pour rapporter un souvenir textile ou sonore du concert. Pour ma part, et pour compléter ma collection, ça sera Staring at the moon en K7 et en vinyl, et Staring at the sun en K7. Pendant ce temps, ça s'active sur scène pour le changement de plateau et installer Dirty Fonzy. Pour être tout à fait franc, je n'attendais pas grand-chose du concert d'un groupe que j'avais vu à ses débuts avec la Ruda. Je décide de prendre de la hauteur et de m'installer en haut des gradins pour avoir une vue d'ensemble. Et j'ai passé ce qu'on appelle un "putain de bon moment". Sur fond d'un sample de musique de cirque agrémenté de lumières de toutes les couleurs, un manchot monte sur scène avec sa trompette fake et ambiance le public qui démarre au quart de tour. 1, 2, 3, 4, c'est parti pour la fête ! "Full speed ahead", issu de l'album du même nom, fait monter la pression à coups de guitares harmonisées et de refrains bétons. La machine à tubes est lancée à plein régime ("Here we go again", "Radio n°1", vieilleries qui n'ont pas pris une ride), et le public se veut démonstratif. Dirty Fonzy l'a bien compris et lui propose, sur fond du punk hardcore Riot in the pit survitaminé, de réaliser un "chenille pit", exécuté dès la première demande. Comptant trois guitaristes dans ses rangs, le son est massif, d'autant que Julien n'y pas de main morte derrière son kit batterie et que la basse est bien présente dans le mix. Le manchot fait quelques apparitions remarquées sur scène ("Beervengers") et le pit est incandescent tandis que le groupe exécute des morceaux punk rock aux gimmicks metôl ("What the fuck, Drink 'em all"). David dédicace le nerveux "Too old for this shit" à toutes les générations présentes tant sur scène que dans le public, et "Casual day" à tous ceux qui ne veulent pas aller bosser lundi matin, rappelant que le concernant, il faudrait qu'il parte maintenant pour être à l'heure au boulot à 900 kilomètres d'ici et que clairement, il préfère rester faire la fête ici. Le groupe, qui fête ses 20 piges, ratisse large dans son abondante discographie et propose à un membre du public de monter sur scène pour tirer au sort, façon Mo-mo-motus, le prochain morceau issu de son premier album. Noémie, l'heureuse élue, aura la main heureuse avec "1977" que le groupe exécute avec entrain et de jolies polyphonies guitaristiques ! Les Sheriff Les Sheriff Le temps passe trop vite et c'est déjà l'heure de la fin avec le méga tube "Dirty Fonzy" que David jouera au milieu du public accompagné du manchot slamant et pogotant (à ses risques et périls) et de Waner et Job des Tagada Jones aux chœurs. Énorme prestation du quintet d'Albi qui a plié le game et qui m'a donné envie de ressortir mes vieilles galettes du groupe. Good job les gars !

Les Sheriff, une étoile qui a plus de six coups dans son holster.

Quarante ans qu'ça dure. Bon, ok, avec une pose d'un peu plus d'une décennie. Mais comme ce groupe est intemporel, on pourrait presque dire qu'on y a vu que du feu. Depuis la reformation de 2014 (le concert de Grammont en 2012 étant à l'époque un one-shot), j'ai vu le quintet au moins une bonne douzaine de fois (si ce n'est plus). Et c'est à chaque fois très bien. Très très bien même ! Quarante ans de tubes, quarante ans à chanter à tue-tête les refrains qui squattent le cerveau, et, tournée de quatre groupes oblige, 20 brûlots au compteur ce soir. Et pas des moindres. Des classiques ("À coups de batte", "Fais pas cette tête-là", "Condamné à brûler", "Les 2 doigts dans la prise"...), des nouveautés du dernier album en date ("Soleil de plomb", "À Montpellier"), et quelques titres ressortis dans la besace du groupe pour les concerts des 40 ans ("Bulldozers", "Tant de temps" pas joué depuis 30 ans d'après Olivier, paroles en main,...). J'ai décidé de changer d'angle et d'assister au concert côté Jardin, non loin du backliner du groupe Thibault. Cela me permet, en plus d'en prendre plein les oreilles, d'en prendre plein les yeux avec le jeu de guitare instructif de Ritchie Buzz et la basse revigorante et les chœurs de Manu. Ça bastonne sur scène (toujours), ça chante dans le public (tout le temps) et l'assistance passe un assurément bon moment. La machine ne connait aucune avarie, le son est puissant, les lights généreuses et le groupe en pleine forme. Que dire de plus ? le groupe est en tournée toute cette année pour célébrer son anniversaire, et il serait dommage de ne pas participer à la fête !

Tagada Jones Tagada Jones Tagada Jones, cocktail explosif ravageur et fédérateur.

Après la déferlante Sheriff, place au dernier morceau de choix de ce punk rock 'n roll circus. Trente ans au compteur, un best of amélioré car réenregistré pour l'occasion récemment sorti chez At(h)ome, et une habituelle tournée marathon pour que chacun en France puisse prendre sa rafale de décibels non loin de chez lui. Tagada Jones est increvable, inoxydable et surtout inarrêtable. Devant un public massif et acquis à sa cause, j'assiste une nouvelle fois en haut des gradins au début du show explosif (avec un peu de pyrotechnie s'il vous plait) d'un groupe que je n'ai pas vu sur scène depuis un moment. Le show est bien huilé, rien n'est laissé au hasard (backdrop imposant, lights millimétrées, changement d'instruments rapides) et la set list fait part belle aux hits figurant sur son effort discographique. Le public mange dans la main de Niko qui, expérience oblige, est d'une aisance remarquable sur les planches. On peut ne pas être toujours d'accord avec le discours du groupe ou avoir quelques réticences sur le chant, mais il est bien difficile de ne pas reconnaître que ce groupe est un des meilleurs du circuit sur scène et que les morceaux tabassent. Les va-et-vient constants de Steph (guitare) et Waner (basse) sur scène, le jeu de batterie surpuissant de Job, les interventions coup de point de Niko (sans parler naturellement de la parfaite exécution des chansons) font passer un excellent moment au spectateurs (moi y compris). Enchaînant les uppercuts ("Le dernier baril", "Manipulé", le petit nouveau "Le poignard" dont tout le monde connaît déjà le refrain), Tagada Jones ne fais jamais retomber la pression. Mention spéciale à "Vendredi 13", très émouvant sur scène. Je retourne squatter le côté de scène alors que l'ensemble des acteurs de la soirée (musiciens, techniciens) est sur le qui-vive pour interpréter une superbe version du "Cayenne" de Parabellum. Et après la traditionnelle photo de groupe prise depuis le kit batterie, la fine équipe retrouve les backstages pendant que le public squatte, avec le sourire aux lèvres, le hall de la Laiterie, des souvenirs plein la tête et les oreilles saturées de décibels.

Des anniversaires pour des groupes jamais rassasiés.

10+20+30+40=100. Not Scientists + Dirty Fonzy + Les Sheriff + Tagada Jones = quatre groupes ayant traversé contre vents et marées des décennies d'albums et de tournées sans fauter. Ou presque (car ne pas avoir jouer de morceaux de Destroy to rebuild, ça pourrait être considéré comme une faute, hein les Not Scientists !). En tout cas, bravo pour vos longévités respectives et encore bon anniversaire !