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Biographie > Une evanescence post-rock

Le terme "Sfumato" signifie littéralement "evanescent". Pour comprendre le nom de ce trio natif du sud-est de la France et plus précisément de la région bayonnaise, il faut se pencher sur le sens artistique du mot. Car le "sfumato" est une technique de peinture que Leonard De Vinci a mit au point pour donner un effet "vaporeux" et de profondeur à ses toiles, lequel effet était obtenu par la superposition de plusieurs couches de peinture. "Sans lignes ni contours, à la façon de la fumée ou au-delà du plan focal", c'est par ses mots que le peintre décrivait cet effet de style qui se révèle aujourd'hui comme l'essence de la musique du trio Sfumato. Né en 2003, le groupe, à l'époque exclusivement instrumental, a débuté par des compositions où l'improvisation tenait alors une place prépondérante. Ecumant les petites salles de sa région, le trio devient après un an d'existence un quartet avec l'arrivée en son sein d'une vocaliste. Celle-ci apporte un nouveau souffle à la musique de Sfumato et le groupe enregistre alors une petite démo au studio Ebaki (Bayonne). Quelques mois plus tard, la chanteuse quitte le projet qui redevient trio... et restera trio. Une formation définitivement instrumentale qui de ses propres dires veut laisser "libre choix à l'auditeur d'imaginer des chants, des cries, des paroles en partant du principe que la musique est un language universel". 2005, Sfumato retourne au studio Ebaki et enregistre son premier EP éponyme. Cette fois-ci, il est écrit qu'il ne tombera pas dans l'oubli.

Sfumato / Chronique EP > Sfumato

sfumato.jpg Sfumato est un groupe encore relativement méconnu (ou presque) qui parvenu il y a quelques mois (fin 2005) jusqu'à nos oreilles, via de courts extraits mis en ligne sur leur site internet. Aussitôt écoutés, aussitôt séduits mais pendant plus de six mois, plus de nouvelles ou presque. Juste des petits mails comme quoi le groupe semblait paufiner son travail... en toute discrétion. Et puis le mini-album débarque enfin dans les boîtes aux lettres. Acte I, Sfumato nous plonge en douceur dans une atmosphère étrange, sombre, ambient et industrielle, façon Charlie Clouser pour Saw. Acte II, le groupe fait parler les guitares et envoie du riff post-metal dans les enceintes. Entrecoupées de nappes plus aérées, les compositions du groupe n'en demeurent pas moins particulièrement intenses. Extrèmement maîtrisé formellement parlant, les six pièces qui composent cet EP éponyme semble à la croisée des chemins entre le metal instrumental alternatif et le post-rock plus "traditionnel". Puissant sans pour autant être atteindre l'intensité du déluge instrumental d'un Cult of Luna ou d'un Pelican par exemple, Sfumato n'en dégage pas moins une densité sonore doublée d'une qualité mélodique assez impressionnante...
On pense aux excellents mais encore méconnus S-Pam, à toute la vague post-rock/ core/ hardcore instrumental et/ ou alternative qui a déferlé sur nos platines ces derniers mois (Shora, Cancel), voire également aux riffs acérés des premiers Helmet (Strap it on, Betty). Acte III, Sfumato, après avoir séché l'auditeur par ses qualités techniques, passe la vitesse supérieur et tente le tacle à la carotide en se mettant à nu. En délivrant des compositions qui nous ramène à la terre ferme, des morceaux aux lignes de gratte tellurique, à la section rythmique impitoyable, le groupe fait parler la poudre et se montre capable d'enfermer l'auditeur dans une musique qui se fait de plus en plus oppressante. Avant de finalement le laisser s'échapper et retrouver un semblant de liberté... Tour à tour apaisée puis orageuse, ce que l'on va appeller le post-metal alternatif de Sfumato, bien qu'exclusivement instrumental ne lasse jamais l'auditeur. En aucun moment répétitif, il évolue sans cesse, se renouvelle continuellement tout au long des 6 plages qui composent cet EP, pour former au final un ensemble riche et organique, extrêment structuré et surtout aussi innovant que fascinant à découvrir. Une véritable révélation... A quand la suite ?